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Alorsque les talibans ont repris le contrĂŽle du pays en aoĂ»t 2021, la situation de tous les non-musulmans est plus prĂ©caire que jamais. LâAfghanistan est une RĂ©publique islamique depuis 2004. Son territoire est disputĂ© par plusieurs groupes insurgĂ©s, dont les talibans et le groupe Ătat Islamique. Son gouvernement est restĂ© faible et
Toujoursselon le Pew, il y aurait environ 1,57 milliards de musulmans dans le monde Ă lâheure actuelle. Cela reprĂ©sente 22% de la population mondiale. Lâislam est la deuxiĂšme plus grande religion, surpassĂ©e seulement par le christianisme (toutes dĂ©nominations confondues), qui reprĂ©sente 33% de la population mondiale, avec ses 2
Lesactes de haine et agressions contre des musulmans ont augmentĂ© de 52 % cette annĂ©e. Ce sont des statistiques officielles et non des chiffres produits par des organismes communautaires comme dans dâautres cas. Cette semaine encore, des tags grossiers ont souillĂ© les murs dâun centre de formation dâImams dans le sud du pays. Nos []
Lesjours fĂ©riĂ©s dans le monde. Les jours fĂ©riĂ©s sont des jours de repos observĂ©s nationalement par les habitants dâun pays. Ils peuvent avoir une origine religieuse, politique ou culturelle et varient ainsi dâun pays Ă lâautre. Il existe gĂ©nĂ©ralement des jours fĂ©riĂ©s lĂ©gaux, approuvĂ©s par le gouvernement, et des jours fĂ©riĂ©s civils, qui ne sont pas nĂ©cessairement
28aoĂ»t 2021 Allergo Mondialisation 10 En 2050 on admet quâil y aura autant de musulmans que de chrĂ©tiens, qui reprĂ©senteront encore ensemble moins de la moitiĂ© de la population mondiale.
Rencontre Femme Marocaine Ile De France. Ătude Dominique ReyniĂ© dir., Fondation pour l'innovation politique septembre 2021 RĂ©sumĂ© I. Les principaux enseignements de lâĂ©tude 1. Entre 1979 et mai 2021, nous avons recensĂ© attentats islamistes dans le monde, qui ont provoquĂ© la mort dâau moins personnes. 2. En moyenne, un attentat islamiste a causĂ© la mort de 4,4 personnes. 3. Les explosifs sont le type dâarme le plus utilisĂ© 43,9% pour attentats, suivi par les armes Ă feu attentats, les armes de contact, comme les couteaux ou les machettes attentats et les armes incendiaires 960 attentats. 4. Le Moyen-Orient et lâAfrique du Nord, lâAsie du Sud et lâAfrique subsaharienne ont concentrĂ© 95,7 % des attentats islamistes entre 1979 et mai 2021. 5. LâAfghanistan a Ă©tĂ© le pays le plus touchĂ© par le terrorisme islamiste, devant lâIraq et la Somalie. 6. La France a Ă©tĂ© le pays le plus touchĂ© de toute lâUnion europĂ©enne, avec 82 attentats islamistes commis sur son sol entre 1979 et mai 2021. Ces attentats ont fait au moins 330 morts. 7. Lâaffrontement indirect en Afghanistan des puissances amĂ©ricaine et soviĂ©tique est lâune des causes majeures de la violence islamiste du XXIe siĂšcle. 8. Les militaires sont la cible principale 31,7% des terroristes islamistes, devant les civils 25,0% et les forces de police 18,3%. 9. La plupart 89,5% des attentats islamistes ont Ă©tĂ© commis dans des pays musulmans1. De mĂȘme, la trĂšs grande majoritĂ© des morts provoquĂ©es par des attentats islamistes 91,7% ont Ă©tĂ© enregistrĂ©es dans des pays musulmans. 10. Sur lâensemble de la pĂ©riode Ă©tudiĂ©e, les talibans ont Ă©tĂ© le groupe le plus meurtrier. Ses actions terroristes ont provoquĂ© la mort de personnes. II. Une Ă©valuation de la violence islamiste dans le monde 1979-mai 2021 1. 1979, lâannĂ©e critique 2. DĂ©finition du terrorisme 3. DĂ©finition de lâislamisme 4. Une base de donnĂ©es mondiale des attentats islamistes de 1979 Ă mai 2021 5. Pourquoi notre Ă©tude sous-estime la rĂ©alitĂ© de la violence islamiste III. Les prĂ©mices dâun terrorisme islamiste transnational 1979-2000 1. La guerre soviĂ©to-afghane, matrice du terrorisme islamiste contemporain » 2. Les annĂ©es 1980 et lâĂ©mergence du terrorisme islamiste 3. AnnĂ©es 1990, propagation du terrorisme islamiste au Moyen-Orient et en Afrique du Nord 4. Lâexportation du djihad IV. Le tournant du 11-Septembre 2001-2012 1. Le 11-Septembre et la guerre contre le terrorisme » 2. Globalisation des attentats islamistes 3. La migration des terroristes vers les mĂ©dias sociaux V. Lâirruption de lâĂtat islamique et de Boko Haram 2013-mai 2021 1. LâĂtat islamique et lâ administration de la sauvagerie » 2. La rĂ©gion du lac Tchad Ă lâĂ©preuve du terrorisme de masse de Boko Haram 3. Lâattentat-suicide, le martyr » et la terreur 4. LâAfghanistan, pays le plus touchĂ© au monde 5. En 2021, lâAfrique subsaharienne reste un intense foyer du terrorisme islamiste VI. Les territoires du terrorisme islamiste 1979-mai 2021 VII. Les pays les plus touchĂ©s 1979-mai 2021 Voir le sommaire complet Replier le sommaire RĂ©sumĂ© La pĂ©riode situĂ©e entre lâinvasion de lâAfghanistan par lâArmĂ©e rouge en 1979 et la prise de Kaboul par les talibans, le 15 aoĂ»t 2021, correspond Ă une montĂ©e en puissance du terrorisme islamiste. Se multipliant, les attentats ont frappĂ© partout dans le monde, atteignant jusquâau coeur des pays occidentaux â New York, Madrid, Londres, Paris, Moscou⊠â, exacerbant les sentiments de peur, de mĂ©fiance et de suspicion Ă lâĂ©gard des musulmans, et mĂȘme un sentiment antimusulman. Dans les dĂ©mocraties, le terrorisme islamiste favorise Ă la fois le rejet de lâislam et les demandes dâautoritarisme. Pourtant, malgrĂ© son importance, la rĂ©alitĂ© de cette violence nâa pas Ă©tĂ© prĂ©cisĂ©ment mesurĂ©e. La Fondation pour lâinnovation politique a voulu contribuer Ă ce travail dâĂ©valuation en quantifiant le terrorisme islamiste, en repĂ©rant les formes quâil a pu prendre au fil de ces dĂ©cennies, en recensant les actes quâil a pu inspirer ou initier, en estimant le nombre de ses victimes, en identifiant les organisations les plus meurtriĂšres et les pays les plus touchĂ©s. Ce travail pionnier a Ă©tĂ© publiĂ© en novembre 2019 dans un rapport intitulĂ© Les attentats islamistes dans le monde 1979-2019, disponible en ligne sur le site en version française, anglaise et arabe. Pour ce faire, nous avons collectĂ© une trĂšs grande quantitĂ© dâinformations, au point de construire une volumineuse base de donnĂ©es. Elle est disponible en open data sur notre site Deux ans plus tard, nous proposons aux lecteurs une mise Ă jour de notre base de donnĂ©es devenue indispensable Ă la description et Ă la comprĂ©hension dâune nouvelle rĂ©alitĂ© politique singuliĂšrement problĂ©matique. Lâactualisation de lâĂ©tude qui est ici proposĂ©e sâĂ©tend jusquâen mai 2021. La reprise de cet important travail fait Ă©cho Ă la commĂ©moration des attaques terroristes du 11-Septembre aux Ătats-Unis. Le vingtiĂšme anniversaire de cette tragĂ©die coĂŻncide avec lâannonce du retrait amĂ©ricain dâAfghanistan par le prĂ©sident Biden, la prise de Kaboul par les talibans le 15 aoĂ»t 2021, puis le retrait des derniĂšres troupes amĂ©ricaines sur le sol afghan le 31 aoĂ»t 2021. La masse dâinformations recueillies Ă©claire dâun jour nouveau le phĂ©nomĂšne de la violence islamiste. Elle permet de mieux la dĂ©crire, de mieux la comprendre, de mieux la documenter. Ainsi, malgrĂ© toutes les difficultĂ©s de cette tĂąche, nous montrons quâentre 1979 et mai 2021 au moins attentats islamistes ont eu lieu dans le monde. Ils ont provoquĂ© la mort dâau moins personnes. En moyenne, un attentat islamiste a causĂ© la mort de prĂšs de 4,4 personnes. Nous identifions et quantifions les modes opĂ©ratoires et les cibles. Les explosifs sont le type dâarme le plus utilisĂ© 43,9%, tandis que les militaires sont la cible principale 31,7%, devant les civils 25,0% et les forces de police 18,3%. La vision du phĂ©nomĂšne se prĂ©cise, lâimage devient plus nette. LâAfghanistan a Ă©tĂ© le pays le plus touchĂ© par le terrorisme islamiste, devant lâIraq et la Somalie. Au sein de lâUnion europĂ©enne, la France a Ă©tĂ© le pays le plus frappĂ©, avec au moins 82 attentats islamistes et 332 morts. Nous montrons Ă©galement que la majoritĂ© des attentats islamistes 89,5% touchent des pays musulmans et que les victimes sont principalement des musulmans, dans les mĂȘmes proportions. Lâinformation rĂ©unie est inĂ©dite. Nous espĂ©rons que son contenu et son utilisation contribueront Ă la connaissance et Ă la qualitĂ© du dĂ©bat comme de la dĂ©cision publique. Dominique ReyniĂ© dir., Professeur des universitĂ©s Ă Sciences Po et directeur gĂ©nĂ©ral de la Fondation pour lâinnovation politique. Auteur, entre autres, du Triomphe de lâopinion publique. Lâespace public français du XVIe au XXe siĂšcle Odile Jacob, 1998, du Vertige social nationaliste. La gauche du Non La Table ronde, 2005 et des Nouveaux Populismes Pluriel, 2013. Il a Ă©galement dirigĂ© les ouvrages OĂč va la dĂ©mocratie ? Plon, 2017 et DĂ©mocraties sous tension Fondation pour lâinnovation politique, 2019, deux enquĂȘtes internationales de la Fondation pour lâinnovation politique. Fondation pour l'innovation politique, Think tank libĂ©ral, progressiste et europĂ©en. Direction Dominique REYNIĂ, directeur gĂ©nĂ©ral de la Fondation pour lâinnovation politique Coordination Ă©ditoriale Victor DELAGE, Abdellah BOUHEND, Katherine HAMILTON, LĂ©o MAJOR Production Loraine AMIC, Abdellah BOUHEND, Victor DELAGE, Anne FLAMBERT, LĂ©a GHILINI, Ălisa GRANDJEAN, Madeleine HAMEL, Katherine HAMILTON, Camille JAFFIOL, LĂ©o MAJOR, Sasha MORINIĂRE, Dominique REYNIĂ, Mathilde TCHOUNIKINE Relecture et correction Francys GRAMET, Claude SADAJ Maquette et rĂ©alisation Julien RĂMY Impression GALAXY Imprimeurs CrĂ©dits I Partie Les principaux enseignements de lâĂ©tude Entre 1979 et mai 2021, nous avons recensĂ© attentats islamistes dans le monde, qui ont provoquĂ© la mort dâau moins personnes. âą 1979-2000 attentats et morts. âą 2001-2012 attentats et morts. âą 2013-mai 2021 attentats et morts. En moyenne, un attentat islamiste a causĂ© la mort de 4,4 personnes. âą 1979-2000 un attentat a tuĂ© en moyenne 3,1 personnes. âą 2001-2012 un attentat a tuĂ© en moyenne 4,6 personnes. âą 2013-mai 2021 un attentat a tuĂ© 4,4 personnes. Les explosifs sont le type dâarme le plus utilisĂ© 43,9% pour attentats, suivi par les armes Ă feu attentats, les armes de contact, comme les couteaux ou les machettes attentats et les armes incendiaires 960 attentats. âą 1979-2000 armes Ă feu 911, explosifs 856, armes de contact 124, armes incendiaires 68. âą 2001-2012 explosifs armes Ă feu armes incendiaires 234, armes de contact 198. âą 2013-mai 2021 explosifs armes Ă feu armes de contact armes incendiaires 658. Le Moyen-Orient et lâAfrique du Nord, lâAsie du Sud et lâAfrique subsaharienne ont concentrĂ© 95,7 % des attentats islamistes entre 1979 et mai 2021. âą Asie du Sud 40,1% des attentats, 38,2% des morts. âą Moyen-Orient et Afrique du Nord 32,4% des attentats, 36,5% des morts. âą Afrique subsaharienne 23,2% des attentats, 21,7% des morts. âą Asie du Sud-Est 3,5% des attentats, 1,2% des morts. âą Europe 0,6% des attentats, 0,8% des morts. âą AmĂ©rique du Nord 0,1% des attentats, 1,5% des morts. âą OcĂ©anie 0,02% des attentats, 0,01% des morts. âą AmĂ©rique du Sud 0,01% des attentats, 0,1% des morts. LâAfghanistan a Ă©tĂ© le pays le plus touchĂ© par le terrorisme islamiste, devant lâIraq et la Somalie. Les pays les plus touchĂ©s sont lâAfghanistan attentats, lâIraq attentats, la Somalie attentats, le Nigeria attentats, le Pakistan attentats, la Syrie attentats, lâAlgĂ©rie attentats, le YĂ©men attentats, lâĂgypte attentats, les Philippines attentats, lâInde 898 attentats, et la Libye 736 attentats. Dans ces douze pays, on enregistre morts provoquĂ©es par les attentats islamistes, ce qui reprĂ©sente 89,1% du total des morts recensĂ©es dans le monde. La France a Ă©tĂ© le pays le plus touchĂ© de toute lâUnion europĂ©enne, avec 82 attentats islamistes commis sur son sol entre 1979 et mai 2021. Ces attentats ont fait au moins 330 morts. âą 1979-2000 24 attentats, 32 morts. âą 2001-2012 8 attentats, 8 morts. âą 2013-mai 2021 50 attentats, 290 morts. Lâaffrontement indirect en Afghanistan des puissances amĂ©ricaine et soviĂ©tique est lâune des causes majeures de la violence islamiste du XXIe siĂšcle. Les Ătats-Unis et la Russie ont Ă©tĂ© aussi frappĂ©s par le terrorisme djihadiste. Au cours de la pĂ©riode 1979-2021, nous avons recensĂ© aux Ătats-Unis 58 attentats et morts et, en Russie, 85 attentats responsables de la mort de 844 personnes. Les militaires sont la cible principale 31,7% des terroristes islamistes, devant les civils 25,0% et les forces de police 18,3%. âą 1979-2000 civils 425 attentats, 19,4%, militaires 343 attentats, 15,6%, forces de police 408 attentats, 18,6%. âą 2001-2012 civils attentats, 26,2%, militaires attentats, 17,1%, forces de police attentats, 17,3%. âą 2013-mai 2021 militaires attentats, 35,9%, civils attentats, 25,1%, forces de police attentats, 18,5%. La plupart 89,5% des attentats islamistes ont Ă©tĂ© commis dans des pays musulmans1. De mĂȘme, la trĂšs grande majoritĂ© des morts provoquĂ©es par des attentats islamistes 91,7% ont Ă©tĂ© enregistrĂ©es dans des pays musulmans. Notes 1. Pays musulmans Afghanistan, AlgĂ©rie, Arabie saoudite, AzerbaĂŻdjan, BahreĂŻn, Bangladesh, Bosnie-HerzĂ©govine, Burkina Faso, Cisjordanie et bande de Gaza, Djibouti, Ăgypte, Ămirats arabes unis, IndonĂ©sie, Iran, Iraq, Jordanie, Kazakhstan, Kirghizistan, KoweĂŻt, Liban, Libye, Malaisie, Mali, Maroc, Mauritanie, Niger, Nigeria, OuzbĂ©kistan, Pakistan, Qatar, Somalie, Soudan, Syrie, Tadjikistan, Tchad, Tunisie, TurkmĂ©nistan, Turquie, YĂ©men. + - âą Nombre dâattentats islamistes commis dans des pays musulmans attentats 89,5% des attentats islamistes dans le monde. âą Nombre de morts provoquĂ©es par les attentats islamistes dans des pays musulmans morts 91,7% des morts provoquĂ©es par les attentats islamistes dans le monde. Notons que ces chiffres sous-estiment la rĂ©alitĂ© puisquâils ne prennent pas en compte les attentats islamistes perpĂ©trĂ©s dans des pays Ă majoritĂ© non musulmane oĂč des populations musulmanes sont concentrĂ©es dans certaines provinces. Câest, par exemple, le cas du sud de la ThaĂŻlande oĂč les musulmans sont majoritaires dans les provinces de Satun, Yala, Pattani et Narathiwat, mais aussi aux Philippines, 1dans la rĂ©gion de Mindanao ; en Inde, dans la province de Jammu-et-Cachemire ; ou encore en Chine, dans la rĂ©gion autonome ouĂŻgour du Xinjiang. Sur lâensemble de la pĂ©riode Ă©tudiĂ©e, les talibans ont Ă©tĂ© le groupe le plus meurtrier. Ses actions terroristes ont provoquĂ© la mort de personnes. Les organisations terroristes les plus meurtriĂšres, en prenant en compte leurs diffĂ©rentes ramifications, ont Ă©tĂ© les talibans morts, le groupe Ătat islamique morts, Boko Haram morts et al-Qaida morts. Ces quatre groupes terroristes ont Ă©tĂ© responsables de plus des trois quarts 80,0% des victimes dâattentats islamistes entre 1979 et mai 2021. II Partie Une Ă©valuation de la violence islamiste dans le monde 1979-mai 2021 Dominique ReyniĂ©, Professeur des universitĂ©s Ă Sciences Po et directeur gĂ©nĂ©ral de la Fondation pour lâinnovation politique. Auteur, entre autres, du Triomphe de lâopinion publique. Lâespace public français du XVIe au XXe siĂšcle Odile Jacob, 1998, du Vertige social nationaliste. La gauche du Non La Table ronde, 2005 et des Nouveaux Populismes Pluriel, 2013. Il a Ă©galement dirigĂ© lâouvrage OĂč va la dĂ©mocratie ? Plon, 2017 et DĂ©mocraties sous tensions Fondation pour lâinnovation politique, 2020, deux enquĂȘtes internationales de la Fondation pour lâinnovation politique. Notes 1. Si 6291 personnes ont Ă©tĂ© blessĂ©es le jour mĂȘme, des milliers dâautres ont tĂ©moignĂ© de lĂ©sions physiques liĂ©es aux attentats du 11 septembre 2001, telles que des affections respiratoires ou des cancers, dans les annĂ©es qui suivirent ces Ă©vĂ©nements, comme en tĂ©moigne le World Trade Center Health Registry. + - AprĂšs la premiĂšre Ă©dition publiĂ©e en 2019, voici lâactualisation de notre Ă©tude sur les attentats islamistes dans le monde depuis 1979. La reprise de cet important travail fait Ă©cho Ă la commĂ©moration des attaques terroristes du 11-Septembre » aux Ătats-Unis. Le vingtiĂšme anniversaire de cette tragĂ©die coĂŻncide avec lâannonce du retrait amĂ©ricain dâAfghanistan par le prĂ©sident Biden, puis la prise de Kaboul par les talibans, le 15 aoĂ»t 2021. La sĂ©rie dâattaques du 11 septembre 2001 est la plus meurtriĂšre de lâhistoire du terrorisme, avec 3001 morts et blessĂ©s1. En Europe hors Russie, depuis 1979, on recense 197 attentats et 789 morts. En France, pays dâEurope le plus touchĂ© sur cette mĂȘme pĂ©riode, on compte 82 actes terroristes islamistes ayant entraĂźnĂ© la mort de 330 personnes. Outre la France, lâAllemagne, lâAutriche, la Belgique, la Bosnie-HerzĂ©govine, la Bulgarie, Chypre, la Croatie, le Danemark, lâEspagne, la Finlande, la GrĂšce, lâItalie, la NorvĂšge, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, la SuĂšde et la Suisse ont Ă©tĂ© frappĂ©s, parfois Ă plusieurs reprises. Câest nĂ©anmoins en dehors du monde occidental que les pays ont subi la violence islamiste plus souvent et plus durement encore. 1979, lâannĂ©e critique Notes 2. Voir Gilles Kepel, Sortir du chaos. Les crises en mĂ©diterranĂ©e et au Moyen-Orient, Gallimard, 2018, p. 23-69. + - 3. Dans son rapport rĂ©alisĂ© pour lâInstitut Montaigne, Hakim El Karaoui prĂ©sente les raisons pour lesquelles, selon lui, il est possible de considĂ©rer que lâautonomisation du djihadisme a pris forme en Afghanistan, Ă savoir lâarrivĂ©e de plusieurs groupes islamistes que le conflit afghan a unis, lâautonomie financiĂšre des moudjahidines afghans grĂące aux financements amĂ©ricains et saoudiens, la mise en pratique effective du djihad pour la premiĂšre fois depuis la fin du xixe siĂšcle et sa thĂ©orisation par le FrĂšre musulman Abdallah Azzam » La Fabrique de lâislamisme, Institut Montaigne, septembre 2018, p. 63. + - 4. Gilles Kepel, Jihad. Expansion et dĂ©clin de lâislamisme, 2e Ă©d. refondue et mise Ă jour, Gallimard, coll. Folio actuel », 2003, p. 26. + - Nous nous sommes demandĂ© sâil Ă©tait possible de connaĂźtre lâampleur de la violence islamiste dans le monde, dâen faire le recensement et dâen partager les rĂ©sultats avec les publics intĂ©ressĂ©s sous la forme dâune base de donnĂ©es accompagnĂ©e de la prĂ©sente Ă©tude. Pour mener Ă bien un tel travail, il fallait prĂ©alablement dĂ©terminer le point de dĂ©part du recensement, puis identifier les sources les plus fiables, les examiner et les valider, traiter ensuite les donnĂ©es recueillies, prĂ©senter les principaux enseignements et, enfin, mettre Ă la disposition du public les informations ainsi collectĂ©es. Nous avons dĂ©cidĂ© de faire commencer la collecte des donnĂ©es Ă partir de lâannĂ©e 1979. Cette annĂ©e est retenue par la plupart des spĂ©cialistes parce quâelle solde lâĂ©chec historique du nationalisme arabe concurrencĂ© par les mouvements dâislamisation et dâaffirmation du djihadisme2. Cette mĂȘme annĂ©e, un certain nombre dâĂ©vĂ©nements prĂ©cipitent cette Ă©volution lâintervention militaire soviĂ©tique en Afghanistan, la rĂ©volution iranienne, la signature des accords de Camp David et la prise dâotages de la Grande MosquĂ©e de La Mecque par un groupe de fondamentalistes islamistes, en novembre-dĂ©cembre 19793. Pour Gilles Kepel, ce qui se dĂ©roule cette annĂ©e-lĂ est le rĂ©sultat de la lutte acharnĂ©e que se livrent la monarchie saoudienne et lâIran de Khomeini4 », mais elle est en mĂȘme temps le moment dâune nouvelle confrontation indirecte entre lâURSS et les Ătats-Unis Le jihad que financent dans ce pays [lâAfghanistan] les pĂ©tromonarchies de la pĂ©ninsule Arabique et la CIA a pour but explicite dâinfliger Ă lâUnion soviĂ©tique [âŠ] un âVietnamâ qui prĂ©cipite sa chute. Ă lâĂ©chelle de lâislam, il a aussi pour fonction de dĂ©tourner les militants radicaux du monde entier de la lutte contre le Grand Satan amĂ©ricain â Ă laquelle les incite Khomeini â et de les canaliser contre lâURSS. Le jihad afghan a une importance cardinale dans lâĂ©volution de la mouvance islamiste Ă travers le monde. Il en devient la cause par excellence, Ă quoi sâidentifient tous les militants, modĂ©rĂ©s comme radicaux. Il supplante, dans lâimaginaire arabe, la cause palestinienne et symbolise le passage du nationalisme Ă lâislamisme5. » DĂ©finition du terrorisme Notes 6. The threatened or actual use of illegal force and violence by a non-state actor to attain a political, economic, religious, or social goal through fear, coercion, or intimidation » Global Terrorism Database, National Consortium for the Study of Terrorism START, UniversitĂ© du Maryland, Codebook Inclusion Criteria and Variables, juillet 2017, p. 10. + - 7. Suivant cette dĂ©finition, les actes relevant dâun terrorisme dâĂtat ne sont pas retenus dans notre recensement. + - Comme nombre de notions, le terrorisme est lâobjet de dĂ©finitions controversĂ©es. Dans cette note, nous entendrons par terrorisme » les actes politiques rĂ©pondant au principe et aux critĂšres retenus par le National Consortium for the Study of Terrorism and Responses to Terrorism START . Dans ce cadre, lâacte terroriste est prĂ©sentĂ© comme la menace de lâusage ou lâusage effectif de la force et de la violence illĂ©gales par un acteur non Ă©tatique afin dâatteindre des objectifs politiques, Ă©conomiques, religieux ou sociaux, par la peur, la coercition ou lâintimidation6 ». Cette dĂ©finition se prolonge dans lâĂ©numĂ©ration dâun ensemble de caractĂ©ristiques prĂ©cisant la nature de lâacte terroriste â il doit ĂȘtre intentionnel et rĂ©sulter dâun calcul conscient de la part de son auteur ; â il doit comprendre un certain niveau de violence ou de menace de violence imminente, quâil sâagisse de violence physique ou matĂ©rielle; â les auteurs de lâincident doivent ĂȘtre des acteurs non Ă©tatiques7. Pour ĂȘtre inclus dans la base de donnĂ©es, un Ă©vĂ©nement doit de plus satisfaire au moins deux des critĂšres suivants â lâacte violent doit viser un objectif politique, Ă©conomique, religieux ou social; â lâacte doit rĂ©sulter dâune intention de coercition, dâintimidation, ou ĂȘtre motivĂ© par la volontĂ© de propager un message Ă©conomique, politique, religieux ou social Ă destination dâune audience plus large que celle que reprĂ©sentent les victimes immĂ©diates ; ce qui compte est lâintention de ceux qui ont planifiĂ© lâattentat ou de ceux qui ont pris la dĂ©cision de lâexĂ©cuter; â lâaction doit se distinguer des activitĂ©s considĂ©rĂ©es lĂ©gitimes en temps de guerre. Lâacte doit transgresser le cadre dĂ©fini par les rĂšgles internationales Ă finalitĂ© humanitaire, notamment celles concernant lâinterdiction de cibler intentionnellement des civils ou des non-combattants. Notre contribution sâintĂ©resse spĂ©cifiquement aux actes terroristes accomplis par des organisations ou des individus se rĂ©clamant de lâislamisme. Le critĂšre dĂ©finissant une action terroriste et selon lequel lâacte violent doit viser un objectif politique, Ă©conomique, religieux ou social » doit donc ĂȘtre prĂ©cisĂ©. Il est considĂ©rĂ© comme essentiel Ă notre recense- ment et concerne les attentats qui ont fait lâobjet dâune revendication islamiste ou Ă propos duquel les informations disponibles permettent de savoir quâil a Ă©tĂ© planifiĂ©, dĂ©cidĂ© et accompli au nom de lâislamisme. DĂ©finition de lâislamisme Notes 8. Janine Sourdel et Dominique Sourdel dir., Dictionnaire historique de lâislam, PUF, 1996, p. 411. + - 11. Ibid. Voir Ă©galement Mehdi Mozaffari, What is Islamism? History and Definition of a Concept », Totalitarian Movements and Political Religions, vol. 8, no 1, mars 2007, p. 21. + - 12. By âIslamismâ, I mean the normative political ideology that has as its core program the establishment of Islam as a state religion and the implementation of Islamic law shariâa. Militant Islamism, then, is any form of Islamism that advocates the use of violence to achieve Islamist objectives. This same distinction is made by Islamists themselves, who refer to âParties of the Islamic Call,â or al-daâwa al Islamiyya Islamist groups that do not advocate violence on the one hand, and âParties of the Muslim Revolution,â or al-thawra al-Islamiyya Islamist groups that do advocate violence » Edward W. Walker, Islam, Islamism and Political Order in Central Asia », Journal of International Affairs, vol. 56, no 2, printemps 2003, p. 22, note 1. + - Pour les historiens, islamisme » est un terme employĂ© Ă la fin du xixe siĂšcle pour dĂ©signer lâislam en tant que religion et civilisation, mais qui a pris rĂ©cemment une nouvelle acception dâislam militant fondamentaliste, traditionaliste et prosĂ©lyte8 ». DĂ©sormais, lâislamisme dĂ©signe une tendance qui consiste Ă exiger lâapplication stricte des prescriptions de la loi religieuse ou chariâa dont il considĂšre que certaines avaient Ă©tĂ© abandonnĂ©es, de mĂȘme que les principes de la foi, par divers gouvernements modernes des pays musulmans, notamment sous lâinfluence des pays europĂ©ens, des idĂ©ologies occidentales et des mouvements rĂ©formistes9 ». Il sâen suit de cette Ă©volution que les dĂ©fenseurs dâune telle conception de lâislam, les islamistes », prĂŽnent le djihad, dâune part, dans leur propre pays contre les âmauvaisâ musulmans et les gouvernants corrompus de maniĂšre Ă instaurer, si besoin est, un Ătat pure- ment islamique, dâautre part, de façon plus gĂ©nĂ©rale, contre les valeurs sĂ©culiĂšres qui dominent le monde non musulman10 ». Les mĂȘmes auteurs considĂšrent que lâislamisme prĂ©sente beaucoup dâanalogies avec le mouvement des FrĂšres musulmans11. Il existe de nombreuses autres dĂ©finitions de lâislamisme, souvent trĂšs dĂ©taillĂ©es. Pour complĂ©ter sans compliquer exagĂ©rĂ©ment, on peut notamment se rĂ©fĂ©rer Ă la dĂ©finition proposĂ©e par Edward Walker, en raison de sa relative clartĂ© et de sa concision Par âislamismeâ, jâentends lâidĂ©ologie politique normative qui a pour programme central lâĂ©tablissement de lâislam comme religion dâĂtat et lâapplication de la loi islamique shariâa. Lâislamisme militant dĂ©signe toute forme dâislamisme qui prĂ©conise le recours Ă la violence pour atteindre ses objectifs. Cette mĂȘme distinction est faite par les islamistes eux-mĂȘmes, qui se rĂ©fĂšrent, dâune part, aux âpartis de lâappel islamiqueâ ou al-daâwa al Islamiyya â soit les groupes islamistes qui ne prĂŽnent pas la violence â et, dâautre part, aux âpartis de la rĂ©volution musulmaneâ ou al-thawra al-Islamiyya â soit les groupes islamistes qui prĂ©conisent la violence12. » Constatant quâil nâexiste pas de dĂ©finition universellement acceptĂ©e de lâislamisme, certains chercheurs le caractĂ©risent comme une idĂ©ologie selon laquelle â lâislam nâest pas seulement une religion mais aussi un systĂšme sociopolitique holistique; â la charia islamique doit devenir la loi de lâĂtat ; â il existe une communautĂ© musulmane transnationale, lâoumma, qui doit sâunir pour former un bloc politique ; â il faut instaurer un Ătat islamique », ou califat, au sein duquel le pouvoir souverain appartiendra Ă Dieu13. Une base de donnĂ©es mondiale des attentats islamistes de 1979 Ă mai 2021 Notes 14. Le 28 avril 2019, le journal allemand Welt am Sonntag a publiĂ© une liste des attentats islamistes. Cette liste porte sur une pĂ©riode plus courte, Ă savoir du 11 septembre 2001 au 28 avril 2019. Jusquâen 2017, les donnĂ©es sont extraites de la Global Terrorism Database. Pour les annĂ©es 2018 et 2019, le journal a procĂ©dĂ© Ă son propre recensement. Nos donnĂ©es se distinguent de celles du Welt am Sonntag sur au moins trois points en premier lieu, nous couvrons une pĂ©riode de quarante ans au lieu de dix-huit ans, ce qui nous permet de suivre les Ă©volutions du terrorisme islamiste en mettant notamment au jour un phĂ©nomĂšne de globalisation ; en deuxiĂšme lieu, Welt am Sonntag a choisi de ne comptabiliser que les attaques ayant fait au moins douze morts, tandis que nous avons nous-mĂȘmes enregistrĂ© tous les attentats identifiables ; en troisiĂšme lieu, Welt am Sonntag sâest focalisĂ© sur les attaques menĂ©es par les principaux groupes terroristes Abdullah-Azzam Brigade, Asaib Ahl ab-Haqq, Abu Sayyaf, Ansar al-Din, Allied Democratic Forces, djihadistes algĂ©riens, Ahrar al-Sham, Ansar al-Islam, Al-Ittihaad al-Islami, Parti Al-Islah, Aisha-Brigade, Brigade des martyrs Al-Aksa, Brigade Al-Muaqioon-Biddam, Ansar-Al-Din-Front, al-Qaida, Arakan Rohingya Salvation Army, Ansar al-Sunna, al-Shabaab, Ansar al-Sharia, Ansar al-Tawhid, Ansar ul-Islam, Boko Haram, Mouvement sunnite djihadiste dâIran, Deccan Mujahideen, Gardiens de la religion, Groupe islamique armĂ©, Groupe salafiste pour la prĂ©dication et le combat, Hezbollah, Hizb-i-Islami, Harkatul Jihad-e-Islami, RĂ©seau Hakkani, Halqa-e-Mehsud, Hisbul Mujahideen, Hamas, Houthis, Hayat Tahrir al-Sham, Mouvement islamique dâOuzbĂ©kistan, Jihad islamique, Front islamique, Moudjahidines indiens, Parti islamique du Turkestan, Jaish al-Adl, Jaish-al-Islam, Jamaat al-Tawhid wal-Jihad, Jaish-e-Mohammad, Jaish al-Fatah, Jaish-i-Islam, Jemaah Islamiya, Jund al-Khilafah, Jamiat ul-Mujahedin, Jamaâat Nasr al-Islam wal Muslimin, Jundallah, Jundallah Pakistan, Jaljala Army, Kataib Hezbollah, Lashkar-e-Jhangvi, Lashkar-e-Omar, Lashkar-e-Taiba, Lashkar-e-Islam, Mujahideen Ansar, Mahaz-e-Inquilab, Moro Islamic Liberation Front, Moro National Liberation Front, Movement for Tawheed and Jihad in West Africa, Mujahedeen Shura Council, ArmĂ©e Mukhtar, Front al Nosrah, Students Islamic Movement of India, Sipah-i-Mohammed, Salafia Jihadia, Shura des Moudjahidines de Derna, Special Purpose Islamic Regiment, Shura des rĂ©volutionnaires de Benghazi, Taliban, Tehrik-e-Taliban Islami, Tehrik-e-Taliban Pakistan, United Jihad Council ; tandis que notre base de donnĂ©es recense, aussi prĂ©cisĂ©ment que possible, lâensemble des attentats islamistes. Ainsi, outre les attentats commis par les groupes les plus connus, nous prenons Ă©galement en compte les attaques menĂ©es par des individus ou des groupuscules se rĂ©clamant de lâislamisme sans appartenir Ă une organisation particuliĂšrement connue. Voir 18 Jahre Terror », Welt am Sonntag, no 17, 28 avril 2019, p. 12-14. + - 17. La Global Terrorism Database ne fournissait pas dâinformations pour lâannĂ©e 1993. Les annĂ©es 2018 et 2019 nâĂ©taient alors pas renseignĂ©es par la GTD. + - Câest dans le cadre de ces dĂ©finitions que nous avons conçu ce travail et que nous en proposons ici le rĂ©sultat sous la forme dâune base de donnĂ©es rĂ©pertoriant les attentats islamistes perpĂ©trĂ©s dans le monde depuis le 27 dĂ©cembre 1979. Les don- nĂ©es intĂ©grĂ©es dans notre base ne vont pas au-delĂ du 31 mai 2021, compte tenu du temps nĂ©cessaire Ă la validation et au traitement des informations recueillies. En effet, si les attentats qui ont lieu dans les pays occidentaux ont une visibilitĂ© considĂ©rable, en raison de lâimpact plus grand que peut avoir la violence dans des sociĂ©tĂ©s plus pacifiĂ©es, de leurs capacitĂ©s Ă produire rapidement des donnĂ©es fiables et dâune prĂ©sence mĂ©diatique particuliĂšrement dense, il nâen va pas de mĂȘme pour les attentats qui ont lieu, beaucoup plus souvent, dans dâautres parties du monde oĂč tous les processus de repĂ©rage et de renseignement deviennent plus longs sans pouvoir ĂȘtre aussi performants. DĂšs lors, la validation et la classification des Ă©vĂ©nements pertinents supposent un travail qui excĂ©dait le terme que nous devions nĂ©cessairement nous fixer pour rendre possible cette publication. Pour mener Ă bien notre recherche, nous avons utilisĂ© trois types de sources le recueil dâinformations sur les attentats via les moteurs de recherche, le croisement des bases de donnĂ©es existantes et, enfin, les recherches acadĂ©miques. Il existe en effet diverses bases de donnĂ©es sur les attentats en gĂ©nĂ©ral et sur les attentats islamistes en particulier14. Toutes les bases de donnĂ©es en circulation nous ont Ă©tĂ© utiles pour confirmer ou enrichir le travail que nous Ă©tions en train dâeffectuer15. Cependant, la plupart des bases de donnĂ©es accessibles sont trĂšs incomplĂštes ou inĂ©galement renseignĂ©es. Dans certains cas, lâinformation peut ĂȘtre abondante Ă propos dâun pays, dâune rĂ©gion, dâune annĂ©e ou dâune pĂ©riode, gĂ©nĂ©ralement trĂšs courte, puis trĂšs pauvre ou inexistante pour un autre pays ou une autre annĂ©e. On le constate sur WikipĂ©dia, oĂč lâon trouve des donnĂ©es par annĂ©e ou par thĂšme, mais trĂšs lacunaires, trĂšs fragmentĂ©es et sous une forme qui ne permet pas le traitement statistique. Pour la premiĂšre Ă©dition Les attentats islamistes dans le monde 1979-2019, notre source initiale a Ă©tĂ© la Global Terrorism Database GTD rĂ©alisĂ©e par lâuni- versitĂ© du Maryland, aux Ătats-Unis16. Cette base de donnĂ©es compilait alors les attentats terroristes entre 1970 et 2017. La valeur de cet ensemble est de recenser les attentats quelle que soit leur motivation. Cette richesse avait Ă©tĂ© aussi pour nous le principal dĂ©fi Ă relever, puisquâil a fallu extraire les attentats de type islamiste des attentats recensĂ©s dans le monde de 1979 Ă 2017. Nous avons donc prĂ©alablement rĂ©alisĂ© un travail de sĂ©lection, de vĂ©rification et de classification des donnĂ©es contenues dans la GTD. Nous avons dĂ» ensuite la complĂ©ter par nos informations, en particulier pour les annĂ©es 1993, 2018 et 201917. Remarques additives Ă propos de la 2e Ă©dition de notre Ă©tude sur Les attentats islamistes dans le monde. Les annĂ©es 2018 et 2019 ont Ă©tĂ© consolidĂ©es et nous avons intĂ©grĂ© de nouvelles donnĂ©es pour la pĂ©riode situĂ©e entre janvier 2020 et mai 2021. Depuis la premiĂšre Ă©dition de notre Ă©tude, en novembre 2019, la database de lâuniversitĂ© du Maryland a Ă©tĂ© mise Ă jour jusquâĂ juin 2020. Dans un premier temps, nous avons pu consolider nos donnĂ©es pour les annĂ©es 2018 et 2019. Dans un second temps, en extrayant les attentats de type islamiste, nous avons pu recenser les occurrences pertinentes entre le 1er janvier 2020 et le 30 juin 2020. Pour la pĂ©riode allant de juillet 2020 Ă mai 2021, nous avons utilisĂ© la base de donnĂ©es de lâArmed Conflict and Event Data Project ACLED. Cette organisation amĂ©ricaine Ă but non lucratif est spĂ©cialisĂ©e dans la collecte de donnĂ©es et la cartographie de tout type dâĂ©vĂ©nements violents dans le monde, de 1997 Ă nos jours. Nous avons Ă©laborĂ© un systĂšme de filtrage, avec trois paramĂštres, afin de ne retenir que les attentats islamistes 1. La pĂ©riode nous avons exportĂ© les donnĂ©es portant sur la pĂ©riode du 1er juillet 2020 au 31 mai 2021 ; 2. Le type dâĂ©vĂšnements nous avons ensuite retenu lâensemble des attentats terroristes dans le monde ; 3. Les groupes terroristes islamistes nous avons enfin conservĂ© les attentats perpĂ©trĂ©s par un terroriste islamiste ou par un groupe terroriste islamiste, 656 groupes terroristes islamistes ayant Ă©tĂ© recensĂ©s de 1979 Ă nos jours. Nous avons exclu plusieurs types dâĂ©vĂ©nements â Les opĂ©rations menĂ©es Ă lâinitiative dâune force Ă©tatique dans le but dâaffaiblir prĂ©ventivement un groupe terroriste ex âOn 12 March 2021, 3 Taliban were killed and 1 wounded in the Afghan military forces operation in the limits of Dih Yak district, Ghazni province. In addition, 4 Taliban planted IEDS were detected and defused in the district. Fatalities coded as 3â ; â Les opĂ©rations dont lâinstigateur nâest pas clairement identifiable ex âOn 14 October 2020, members of an Islamist militia from Mozambique clashed with the Tanzanian armed forces in Kitaya. At least 20 citizens were killed, and between 2 to 3 soldiers. The group of around 200 militiamen set several buildings on fire, including a cashew nut factory and a hospital; an armored personnel carrier was destroyed. The Islamic State claimed credit for the attackâ. Pour les attentats islamistes retenus dans notre base de donnĂ©es, nous avons renseignĂ© les points sui- vants â la date; â la localisation de lâattaque pays, ville, lieu exact quand il est possible de lâidentifier; â le nombre de morts confirmĂ©s et le nombre de blessĂ©s, y compris parmi les attaquants ; il importe de signaler ici que le nombre de personnes blessĂ©es est Ă lâĂ©vidence trĂšs sous-estimĂ© par les informations disponibles ; â le ou les auteurs de lâattentat; â le ou les types de cibles; â le ou les types dâattaques dont il sâagit ; â le ou les types dâarmes utilisĂ©es. Pour la pĂ©riode juillet 2020-mai 2021, nous avons analysĂ© au total Ă©vĂ©nements, ce qui reprĂ©sente une moyenne de prĂšs de actes terroristes par mois. Nous avons harmonisĂ© la taxonomie entre la Global Terrorism Database GTD et lâArmed Conflict and Event Data Project ACLED afin de constituer notre propre base de donnĂ©es. Elle est disponible en open data sur notre site Toutefois, lâuniversitĂ© du Maryland ayant modifiĂ© ses paramĂštres de confidentialitĂ© depuis notre premiĂšre publication, en novembre 2019, le contrat nous liant Ă la GTD pour les donnĂ©es postĂ©rieures Ă 2017 ne nous permet plus dâen donner lâaccĂšs au public, ce que nous regrettons. Vous trouverez cependant sur notre plateforme les donnĂ©es de 1979 Ă 2017 et celles du 1er juillet 2020 au 31 mai 2021. Pourquoi notre Ă©tude sous-estime la rĂ©alitĂ© de la violence islamiste Il nâest Ă©videmment pas possible de prĂ©tendre proposer une base de donnĂ©es exhaustive des attentats islamistes commis dans le monde entre 1979 et mai 2021, et ce pour un ensemble de raisons dĂ©taillĂ©es ci-aprĂšs. a/ Un certain nombre dâattentats nâont pas Ă©tĂ© rĂ©pertoriĂ©s. Quels que soient les efforts dĂ©ployĂ©s, il est certain quâun nombre significatif dâattentats relevant de la catĂ©gorie islamiste nâont pas pu ĂȘtre rĂ©pertoriĂ©s sur lâensemble de la pĂ©riode concernĂ©e. b/ Un certain nombre dâattentats ne figurent pas dans notre estimation retenue » lorsque la motivation religieuse nâest pas clairement prĂ©-pondĂ©rante dans une combinaison impliquant une autre dĂ©termination. Le terrorisme islamiste sâinscrit en effet dans des contextes Ă la fois singuliers et complexes qui rendent parfois difficile le recueil de donnĂ©es fiables. Câest notamment le cas dans des situations de guerres, civiles ou internationales, de luttes sĂ©paratistes ou indĂ©pendantistes et de conflits territoriaux qui perdurent sur de longues pĂ©riodes, oĂč les causalitĂ©s sont mouvantes ou inextricables, comme autour de la question palestinienne, tandis que, dans un tout autre cadre, en ThaĂŻlande par exemple, un mouvement sĂ©paratiste conduit une minoritĂ© musulmane Ă sâimpliquer par les armes au nom dâobjectifs qui peuvent atteindre, au-delĂ de la revendication politique, une dimension religieuse. c/ La motivation islamiste nâest pas toujours identifiĂ©e. Les donnĂ©es disponibles ne permettent pas toujours aux agences de presse dâimputer lâattentat Ă la cause islamiste, et ce dâautant plus que le pays victime de lâattentat est caractĂ©risĂ© par la faiblesse de ses structures administratives. La non-revendication peut augmenter la probabilitĂ© pour quâun attentat ne soit mĂȘme pas rĂ©pertoriĂ© par les agences ou que cette information nâatteigne pas la presse. d/ Le nombre des morts diffĂ©rĂ©es est pratiquement inconnu. Or il est certainement trĂšs important. Dans la mesure oĂč les victimes succombant Ă leurs blessures ultĂ©rieurement Ă lâattentat ne sont presque jamais mentionnĂ©es dans les informations disponibles, il est impossible de connaĂźtre leur nombre avec exactitude. Il est donc Ă©galement impossible dâintĂ©grer ces morts dans notre base de maniĂšre fiable. Ainsi, selon notre base de donnĂ©es, nous relevons au moins morts et blessĂ©s, soit un nombre de blessĂ©s infĂ©rieur au nombre des tuĂ©s. Or si nous considĂ©rons trois cas dâattentats, chacun menĂ©s avec des moyens diffĂ©rents, dans deux pays oĂč la qualitĂ© de lâinformation est excellente, nous observons un rapport tout Ă fait inverse entre le nombre des morts et le nombre des blessĂ©s aux Ătats-Unis, pour les attentats du 11-Septembre, on dĂ©nombre cinq fois plus de blessĂ©s que de morts ; en France, lors des attentats du 13 novembre 2015, il y a eu trois fois plus de blessĂ©s 413 que de morts 137 ; Ă Nice, lors de lâattentat du 14 juillet 2016, il y a eu cinq fois plus de blessĂ©s 458 que de personnes tuĂ©es 87. Ces informations nous incitent Ă penser que le chiffre des blessĂ©s est trĂšs supĂ©rieur Ă celui de notre base de donnĂ©es. Il est certain que les pays pauvres, qui sont ceux oĂč se dĂ©roulent la plupart des attentats, nâont pas la mĂȘme capacitĂ© Ă repĂ©rer et Ă prendre en charge les personnes blessĂ©es lors dâune attaque. Une partie de ces blessĂ©s ne sont probablement mĂȘme pas comptabilisĂ©s, tandis que dâautres meurent de leurs blessures aprĂšs un certain temps en raison de lâinsuffisance ou de la fragilitĂ© des systĂšmes de secours et des institutions de santĂ©. Si lâon appliquait au nombre des blessĂ©s indiquĂ© dans notre base de donnĂ©es les ratios des trois attentats pris en exemple, il faudrait corriger ce chiffre en le multipliant par trois ou par cinq e/ Pour ces quatre raisons, nous proposons au lecteur deux types de quantification de la violence islamiste, sous la forme dâune estimation retenue » et dâune estimation possible ». Lâ estimation retenue » rĂ©sulte du recensement des attentats au cours de la pĂ©riode 1979-mai 2021 dont la motivation islamiste ne fait pas de doute. Lâ estimation possible » rĂ©sulte du recensement des attentats susceptibles dâĂȘtre qualifiĂ©s dâislamistes, en incluant certains actes terroristes relevant Ă©galement de logiques sĂ©paratistes, politiques ou sociales, qui rendent plus difficiles lâimputation Ă une motivation exclusivement ou principalement islamiste. Dans tous les cas, le nombre des victimes, morts ou blessĂ©s, est sensiblement infĂ©rieur Ă une rĂ©alitĂ© que lâon ne connaĂźtra pas plus prĂ©cisĂ©ment. Notes 4. Fouad Ajami, art. cit. + - 5. Voir notamment les pages AlgĂ©rie » du site ; Audra Grant, The Algerian 2005 Amnesty The Path to Peace? », Terrorism Monitor, vol. 3, n° 22, novembre 2017 ; Algeria Fundamentalist Conflict, 1980s-Present », in James Ciment dir., World terrorism. An Encyclopedia of Political Violence. Ancient Times to the Post-9/11 era, Routledge, 2011, vol. I, p. 157. + - La dĂ©cennie noire » algĂ©rienne seule une estimation est possible Le cas AlgĂ©rien illustre particuliĂšrement bien la difficultĂ© Ă proposer une base de donnĂ©es exhaustive. Les AlgĂ©riens nomment dĂ©cennie noire » la pĂ©riode comprise entre 1991 et 2002 qui a vu divers groupes islamistes, en particulier le Front islamique du salut FIS et le Groupe islamique armĂ© GIA, sâopposer Ă lâĂtat algĂ©rien dans le cadre dâune guerre civile dâune grande violence dont le bilan est difficile Ă documenter1. Selon Fouad Ajami, on ne connaĂźtra jamais avec prĂ©cision le nombre dâAlgĂ©riens qui ont pĂ©ri dans la guerre civile qui a Ă©clatĂ© en 1992. Les dirigeants algĂ©riens, peu connus pour leur fidĂ©litĂ© Ă la vĂ©ritĂ©, et qui ont tant Ă cacher, ont reconnu, en 1999, un bilan de victimes. Des estimations plus fiables fournies par les organisations civiques algĂ©riennes font Ă©tat dâun bilan de morts2». En effet, le prĂ©sident Abdelaziz Bouteflika a dâabord estimĂ©, en 1999, le nombre des victimes Ă 100 000. Puis, en fĂ©vrier 2005, le prĂ©sident algĂ©rien a donnĂ© dans un discours le chiffre de morts3. De son cĂŽtĂ©, Fouad Ajami considĂšre que le bilan pourrait atteindre victimes, arguant quâil Ă©tait dans lâintĂ©rĂȘt du gouvernement algĂ©rien de minimiser les pertes4. Ce chiffre, repris dans divers travaux consacrĂ©s au terrorisme en AlgĂ©rie5, reste discutĂ©, notamment parce quâil ne fait pas de distinction entre les victimes membres de la police ou de lâarmĂ©e, terroristes et civils. Dans une Ă©tude publiĂ©e en 2008, Roman Hagelstein sâest employĂ© Ă distinguer, dâune part, les personnes tuĂ©es lors dâaffrontements opposant les forces de sĂ©curitĂ© et les terroristes, et, dâautre part, les victimes de massacres, dâattentats Ă la bombe et dâassassinats. LâĂ©tude distingue Ă©galement le nombre des personnes disparues, prĂ©sumĂ©es assassinĂ©es en secret, lâauteur estimant le nombre total de victimes Ă Concernant les victimes du terrorisme islamiste algĂ©rien au cours de la pĂ©riode 1991-2002, les estimations disponibles et que lâon peut considĂ©rer fiables en raison des sources, des auteurs et des types de publication varient donc entre et Dans tous les cas, pour ce pays et pour cette pĂ©riode, il nâexiste pas de donnĂ©es permettant de renseigner le nombre des attentats, leur date, les modalitĂ©s dâaction, le groupe responsable ou encore le profil des victimes. Pour notre base de donnĂ©es, ces grandes incertitudes ont plusieurs consĂ©quences en premier lieu, faute dâinformation, il nâest pas possible de prĂ©ciser davantage la situation du terrorisme islamiste en AlgĂ©rie au cours de cette dĂ©cennie. FidĂšles Ă notre mĂ©thode, nous ne conservons donc dans les donnĂ©es retenues » que les cas renseignĂ©s. Ce choix induit une sous-Ă©valuation sans doute trĂšs importante du nombre des attentats et des victimes en AlgĂ©rie. Dâautre part, nous inclurons dans la catĂ©gorie estimation possible » les indications concernant lâAlgĂ©rie. Enfin, par voie de consĂ©quence, cette situation de grande ignorance en ce qui concerne le cas algĂ©rien, conduit Ă sous-estimer le nombre des attentats et des victimes du terrorisme islamiste dans le monde aussi bien pour la pĂ©riode postĂ©rieure Ă 1991 que pour lâensemble de la pĂ©riode. Notes 18. Il sâagit bien lĂ dâune sous-Ă©valuation puisque si nous ajoutons les personnes mortes du terrorisme islamiste pendant la dĂ©cennie noire algĂ©rienne, ce nombre peut grimper de Ă morts selon les sources retenues. + - Nous avons recensĂ© attentats islamistes ayant provoquĂ© la mort dâau moins personnes18 entre 1979 et mai 2021. Notre recherche a dĂ©butĂ© au printemps 2018. Elle a donnĂ© lieu Ă une premiĂšre publication, en 201919. LâĂ©tude que nous publions ici procĂšde de la base de donnĂ©es que nous avons Ă©laborĂ©e, disponible en open data sur en anglais dans les limites prĂ©cĂ©demment indiquĂ©es. Les analyses qui suivent prĂ©sentent dâabord les Ă©volutions du terrorisme islamiste de 1979 Ă nos jours avant de proposer une prĂ©sentation et une lecture des donnĂ©es selon les rĂ©gions du monde et les pays touchĂ©s par la violence islamiste. La prĂ©cision des chiffres ne saurait impliquer une connaissance aussi fine de la rĂ©alitĂ© observĂ©e; le degrĂ© de prĂ©cision rĂ©sulte des opĂ©rations de calcul appliquĂ©es Ă la base de donnĂ©es. Nous ne pouvions que reproduire exactement le rĂ©sultat de ces opĂ©rations. III Partie Les prĂ©mices dâun terrorisme islamiste transnational 1979-2000 Ce travail nâambitionne pas dâĂ©clairer les fondements de lâislamisme ni de discuter les origines et les justifications, dans le contexte de lâislam, du recours Ă la violence et Ă la violence de type terroriste en particulier. DiffĂ©remment, nous considĂ©rons que lâapport de notre contribution rĂ©side dans les informations que lâon peut tirer de lâexploitation dâune base de donnĂ©es consolidĂ©e et des analyses auxquelles elles peuvent donner lieu. Cependant, la comprĂ©hension de lâintĂ©rĂȘt des donnĂ©es partagĂ©es ici nĂ©cessite de rappeler succinctement les Ă©volutions du terrorisme islamiste depuis 1979. Jusquâau milieu des annĂ©es 1970, lâislamisme reste peu influent au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Dans le prolongement de la dĂ©colonisation et du rejet de lâimpĂ©rialisme occidental, les nouveaux Ătats de la rĂ©gion affirment une vision nationaliste et panarabique portĂ©e par des leaders tels que Nasser ou Boumediene et par des mouvements comme le Baath, en Syrie et en Iraq, ou lâOrganisation de libĂ©ration de la Palestine OLP, en Palestine. Les organisations islamistes sont fermement conte- nues ou durement rĂ©primĂ©es, comme le fit Nasser, en Ăgypte, avec les FrĂšres musulmans. FondĂ©e en 1928 par Hassan el-Banna, lâorganisation des FrĂšres musulmans est nĂ©e dans le but de restaurer lâislam politique disparu avec lâabolition du califat ottoman proclamĂ©e par AtatĂŒrk en 1924. Ă la fin des annĂ©es 1970, la revendication islamiste se renforce1. Lâaccroissement des inĂ©galitĂ©s sociales et la corruption des Ă©lites sont dĂ©noncĂ©s. Les mouvements islamistes tentent dâincarner une alternative politique aux dictatures en place ou sâengagent dans des actions violentes, comme en Syrie, oĂč les FrĂšres musulmans lancent une lutte armĂ©e contre le rĂ©gime baathiste dâHafez el-Assad. Ces mouvements dâislamisation des sociĂ©tĂ©s du Moyen-Orient prospĂšrent dâautant plus que le nationalisme arabe pĂ©riclite puis sâeffondre. DĂšs la fin de la dĂ©cennie, en 1979, un espace dâopportunitĂ© sâouvre aux islamistes au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. La guerre soviĂ©to-afghane, matrice du terrorisme islamiste contemporain » LâannĂ©e 1979 est une annĂ©e charniĂšre, théùtre de plusieurs Ă©vĂ©nements importants, parmi lesquels la rĂ©volution iranienne et lâinvasion de lâAfghanistan par lâURSS. LâopĂ©ration militaire russe prĂ©cipite lâĂ©mergence dâun nouvel islamisme. Au mĂȘme moment, en Iran, lâopposition menĂ©e par le clergĂ© chiite, grĂące au contexte dâune intense contestation sociale, contraint le shah Ă fuir le pays 16 janvier 1979. Le 1er fĂ©vrier 1979, Ruhollah Khomeyni parvient au pouvoir. Il engage la transformation du rĂ©gime impĂ©rial dâIran, accusĂ© dâ occidentalisation », en une rĂ©publique islamique. Dans le sillage de la rĂ©volution iranienne, des groupes chiites prĂŽnant la lutte armĂ©e voient le jour. Parmi eux, on compte le Hezbollah libanais, créé en 1982. LâidĂ©ologie chiite sâaffirme dans le contexte du processus dâislamisation du Moyen-Orient oĂč elle concurrence la lĂ©gitimitĂ© sunnite. En Afghanistan, lâinvasion soviĂ©tique ouvre le conflit qui sera considĂ©rĂ© comme la matrice du terrorisme islamiste contemporain2. Le djihad est soutenu par lâArabie saoudite, par lâAlgĂ©rie ou encore par lâĂgypte. Les djihadistes qui rejoignent lâAfghanistan deviennent des moudjahidines » ; ils sont regardĂ©s comme les libĂ©rateurs dâune terre dâislam » dar al-islam. Les annĂ©es 1980 et lâĂ©mergence du terrorisme islamiste Avec 357 attentats, qui coĂ»tent la vie Ă personnes, les annĂ©es 1980 sont les moins meurtriĂšres par comparaison avec les dĂ©cennies qui suivent. LâĂ©mergence du terrorisme islamiste est visible dĂšs les annĂ©es 1980-1983 qui correspondent Ă lâactivisme des FrĂšres musulmans en Syrie, alors en pleine insurrection contre le gouvernement de Hafez el-Assad. De 1980 Ă 1982, on relĂšve 69 attentats sur le territoire syrien, soit prĂšs des deux tiers 63,3% des attentats islamistes rĂ©pertoriĂ©s dans le monde au cours de ces trois annĂ©es. Les attentats cessent aprĂšs la rĂ©pression du mouvement des FrĂšres musulmans, notamment lors des massacres de Hama par lâarmĂ©e syrienne, en 1982. Les attentats islamistes dans le monde 1979-2000 De 1980 Ă 1989, le pays le plus touchĂ© par le terrorisme islamiste est le Liban, avec 133 attentats, qui font au moins 515 morts. En proie Ă une guerre civile depuis 1975, le pays subit la montĂ©e en puissance de groupuscules terroristes. Ce contexte national instable et lâinvasion du sud du Liban par IsraĂ«l en 1982 favorisent, la mĂȘme annĂ©e, lâĂ©mergence du Hezbollah. Un an plus tard, lâorganisation chiite dĂ©clenche une sĂ©rie dâattentats contre des institutions Ă©trangĂšres. Une patrouille italienne est touchĂ©e le 15 mars 1983, sans avoir Ă dĂ©plorer de pertes, mais le 18 avril un nouvel attentat atteint lâambassade des Ătats-Unis Ă Beyrouth, provoquant la mort de 63 personnes. Ă la fin de la mĂȘme annĂ©e, le 23 octobre, une base amĂ©ricaine et une patrouille française sont terriblement frappĂ©es par un attentat au cours duquel 299 personnes perdent la vie. Lâactivisme terroriste du Hezbollah est particuliĂšrement intense au Liban, oĂč il provoque 276 attentats de 1983 Ă 2000, mais il ne sây restreint pas. En tout, en intĂ©grant les autres pays touchĂ©s, le Hezbollah est responsable de 339 attentats de 1983 Ă 2000, tuant personnes. LâArabie saoudite, lâArgentine, Chypre, le Danemark, lâĂgypte, la GrĂšce, IsraĂ«l, le KoweĂŻt et la Tunisie sont parmi les pays victimes. En septembre 1986, Paris subit une sĂ©rie de six attentats, dont celui du 17 septembre, rue de Rennes, devant un magasin Tati, qui fait 7 morts et 55 blessĂ©s. Ces attentats sont revendiquĂ©s par le ComitĂ© de solidaritĂ© avec les prisonniers politiques arabes et du Proche-Orient, pour le compte du Hezbollah libanais. Lâorganisation libanaise est aussi jugĂ©e responsable des deux attaques du 17 mars 1992 contre lâambassade israĂ©lienne Ă Buenos Aires 30 morts, 220 blessĂ©s, ainsi que de lâattentat du 18 juillet 1994 contre une association juive, Ă©galement Ă Buenos Aires 85 morts, 236 blessĂ©s. Sur lâensemble de la pĂ©riode 1979-mai 2021, lâArgentine reste le seul pays dâAmĂ©rique du Sud touchĂ© par le terrorisme islamiste, avec 3 attentats. Types dâarmes utilisĂ©es dans les attentats islamistes 1979-2000 AnnĂ©es 1990, propagation du terrorisme islamiste au Moyen-Orient et en Afrique du Nord Notes 3. Faute dâinformation, il nâest pas possible de prĂ©ciser davantage la situation du terrorisme islamiste en AlgĂ©rie au cours de cette dĂ©cennie. FidĂšle Ă notre mĂ©thode, nous ne conservons donc dans les donnĂ©es retenues » que les cas renseignĂ©s. Ce choix induit une sous-Ă©valuation sans doute trĂšs importante du nombre dâattentats et de victimes en AlgĂ©rie. + - Le retrait de lâArmĂ©e rouge de Kaboul, le 5 fĂ©vrier 1989, galvanise la mobilisation islamiste, dĂ©jĂ stimulĂ©e en 1987 par la crĂ©ation dâal-Qaida, par Abdullah Azzam et Oussama Ben Laden. La globalisation de la lutte djihadiste est engagĂ©e. Le discours repose principalement sur lâidĂ©e dâune communautĂ© de musulmans unifiĂ©e oumma revendiquant son autonomie vis-Ă -vis des spĂ©cificitĂ©s ethniques, nationales et culturelles de chaque peuple. Lâobjectif est lâĂ©tablissement du califat et de la citĂ© prophĂ©tique exemplaire, qui doit aussi ĂȘtre Ă©tendue aux pays non musulmans. Lâautonomisation du discours djihadiste par rapport aux rĂ©fĂ©rents classiques, nationalistes et politiques, nâest pas le propre dâal-Qaida. Elle est reprise par tous les musulmans venus en Afghanistan pour prendre part Ă lâaction violente. Ă la suite du retrait soviĂ©tique, ces moudjahidines retournent dans leur pays dâorigine et y diffusent les idĂ©es du salafisme djihadiste. Câest ainsi que, dans les annĂ©es 1990, un nombre croissant de pays, notamment au Moyen-Orient, sont directement frappĂ©s par la violence islamiste. En AlgĂ©rie, un certain nombre de djihadistes se rassemblent en groupes militants dĂšs les dĂ©buts de la guerre civile de 1991-20023. La victoire du Front islamique du salut FIS aux Ă©lections municipales de 1990 et aux Ă©lections lĂ©gislatives de 1991, puis lâannulation de ces Ă©lections par lâarmĂ©e algĂ©rienne et la dĂ©mission du prĂ©sident Chadli Bendjedid dĂ©clenchent une dĂ©cennie noire ». Militaires et groupes islamistes sâengagent dans une lutte terrifiante pour le pouvoir. La confrontation ravage le pays. De 1990 Ă 1999, lâAlgĂ©rie est le pays le plus durement touchĂ© par le terrorisme islamiste. On y recense 542 attentats, soit plus dâun tiers 34,6% des attentats enregistrĂ©s dans le monde au cours de cette dĂ©cennie par notre base de donnĂ©es; on compte au moins morts, soit plus de la moitiĂ© 51,4% des victimes du terrorisme islamiste dans le monde entre 1990 et 1999. La violence atteindra son paroxysme en 1997 967 personnes sont alors tuĂ©es Ă la suite des Ă©lections lĂ©gislatives remportĂ©es par le Rassemblement national dĂ©mocratique RDN, soutenu par lâarmĂ©e. Groupes terroristes les plus meurtriers en AlgĂ©rie 1979-2000 Au cours de cette dĂ©cennie noire », les figures et les institutions religieuses ont Ă©tĂ© particuliĂšrement touchĂ©es, notamment les chrĂ©tiens de nationalitĂ© Ă©trangĂšre douze touristes croates sont assassinĂ©s le 14 dĂ©cembre 1993, deux religieuses espagnoles sont tuĂ©es le 23 octobre 1994 et sept moines français de Tibhirine sont enlevĂ©s et assassinĂ©s au printemps 1996. Principales cibles des attentats terroristes en AlgĂ©rie 1979-2000 En Ăgypte, Ă la veille des annĂ©es 2000, le paysage islamiste est structurĂ© par deux mouvements al-Jihad et al-Gamaâa al-Islamiyya. Lâobjectif de ces deux organisations est lâinstauration dâun Ătat islamique et le moyen dây parvenir est le terrorisme4. Dans les annĂ©es 1990, al-Gamaâa al-Islamiyya a lancĂ© contre le gouvernement 257 attentats Ă visĂ©e insur- rectionnelle, provoquant la mort de 489 personnes. Notes 5. Gilles Kepel, Sortir du chaosâŠ, op. cit., p. 102. + - Au Proche-Orient, les annĂ©es 1990 sont marquĂ©es par lâislamisation du conflit israĂ©lo-palestinien. Une sorte de passation de pouvoir sâopĂšre au profit du Hamas, mouvement islamiste palestinien nĂ© en 1987 au dĂ©but de la premiĂšre Intifada, et au dĂ©triment de lâOLP, issu de la mouvance nationaliste arabe. Cette Ă©volution entraĂźne une mutation du conflit israĂ©lo-palestinien. En 1992, 417 dirigeants et activistes du Hamas sont arrĂȘtĂ©s et conduits au Sud-Liban, dans le village de Marj al-Zouhour, aprĂšs lâassassinat dâun officier israĂ©lien. Une rĂ©solution du Conseil de sĂ©curitĂ© de lâONU exige leur rapatriement. Cet Ă©vĂ©nement est analysĂ© par Gilles Kepel comme le bas-culement symbolique qui donna au Hamas la paritĂ© avec lâOLP, sinon la primautĂ©, pour lâincarnation de la cause palestinienne, et en consĂ©quence lâislamisation de son image arabe et universelle5 ». Par-delĂ les vicissitudes politiques sur le terrain palestinien, la multiplication des attentats-suicides â face au durcissement des gouvernements successifs de M. Netanyahou et lâintensification de la colonisation â peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme le modĂšle au miroir duquel le djihadisme international dâal-Qaida Ă©laborerait son mode dâaction privilĂ©giĂ©6 ». Dans notre base de donnĂ©es, nous observons clairement une hausse du nombre des attentats affectant les territoires israĂ©liens et palestiniens dĂšs le dĂ©but des annĂ©es 1990. Les attaques terroristes sont en grande partie incriminables au Hamas mais aussi au groupe Jihad islamique palestinien JIP. Entre 1979 et 2000, sur les 62 attentats dĂ©nombrĂ©s sur le sol israĂ©lien, 29 ont Ă©tĂ© revendiquĂ©s par le Hamas et 13 par le JIP. Sur 86 attentats commis en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, 65 ont Ă©tĂ© revendiquĂ©s par le Hamas et 12 par le JIP. Types dâattentats en IsraĂ«l 1979-2000 Types dâattentats en Cisjordanie et dans la bande de Gaza 1979-2000 Lâexportation du djihad La violence islamiste se dĂ©veloppe au Moyen-Orient et en Afrique du Nord Ă partir des annĂ©es 1980 et dâautres rĂ©gions du monde deviennent le théùtre de ce djihad, notamment lâAsie du Sud-Est Philippines, lâAsie du Sud Inde et lâEurope. La violence islamiste dans le monde 1979-2000 Notes 7. Voir Dominique Thomas, Le Londonistan. La voix du djihad, Michalon, 2003, p. 70. + - La rapide autonomisation et la montĂ©e en puissance de lâislamisme finissent par susciter la crainte de pays qui ont pourtant ĆuvrĂ© Ă ce mouvement ou qui lâont utilisĂ© pour des raisons de politique intĂ©rieure ou de relations internationales. Ainsi, face Ă la menace islamiste, lâArabie saoudite et lâAlgĂ©rie se livrent Ă une implacable rĂ©pression. Il en va de mĂȘme pour lâĂgypte et la Syrie. En une dĂ©cennie, les salafistes changent de catĂ©gorie dâabord admirĂ©s comme les combattants de la libertĂ© », ils sont ensuite anathĂ©matisĂ©s comme fugitifs »7. Notes 8. Ibid., p. 62. Sur lâactivisme salafo-djihadiste au Royaume-Uni, cf. aussi Dominique ReyniĂ©, Les Nouveaux Populismes, Paris, Fayard/Pluriel, 2013, en particulier la deuxiĂšme partie Le conflit des identitĂ©s » et notamment son chapitre 3, La charia en Europe ? », p. 97 sqq. + - Ce contexte rĂ©gional conduit nombre de djihadistes Ă lâexil certains, revenus dâAfghanistan, deviennent rĂ©fugiĂ©s politiques, souvent dans le but dâexporter leur combat islamiste vers de nouveaux territoires, y compris ceux qui ne sont pas Ă majoritĂ© musulmane. Ils demandent lâasile en Europe. Dans les annĂ©es 1990, ces territoires dâimplantation et de conquĂȘte sont dâabord lâAngleterre et la France. Londres devient ainsi un foyer de lâactivisme salafo-djihadiste en Europe8. Entre juillet et octobre 1995, la France est touchĂ©e par une vague dâattentats islamistes, non sans lien avec le contexte algĂ©rien le 25 juillet 1995 un attentat dans le mĂ©tro parisien se solde par la mort de 7 personnes et 86 blessĂ©s. LâAsie est durement frappĂ©e entre 1979 et 2000, tout particuliĂšrement dans le sud et le sud-est. DâaprĂšs notre base de donnĂ©es, on note un premier attentat islamiste en Inde en 1986. Le phĂ©nomĂšne reste spo- radique jusquâen 1990. Cette annĂ©e-lĂ , 12 attentats sont commis sous lâimpulsion du groupe Hizbul Mujahideen HM et de ses partisans. Lâaction de ce groupe islamiste prend place dans le conflit opposant lâInde au Pakistan Ă propos de la rĂ©gion frontaliĂšre du Jammu-et-Cachemire, mais si le groupe souhaite lâintĂ©gration de la rĂ©gion au Pakistan, il milite aussi pour lâĂ©tablissement dâun califat dans le monde. Le paysage du terrorisme islamiste en Inde est fragmentĂ© un certain nombre de groupes gravitent autour de la problĂ©matique indĂ©pendantiste, notamment Allahâs Tigers Tigres dâAllah », les FrĂšres musulmans, Harkat ul-Ansar ou encore Jamaat-e-Islami. Entre 1979 et 2000, la plupart des attentats 78,8% sont concentrĂ©s au Jammu-et-Cachemire. Ă partir de 2000 et de la crĂ©ation du groupe terroriste Jaish-e-Mohammed JeM, les attaques sont Ă la fois plus nombreuses et plus meurtriĂšres 25 attentats et 126 morts en 2000, 42 attentats et 200 morts en 2001. Ces annĂ©es voient aussi les talibans pakistanais Lashkar-e-Taiba conduire des campagnes de terreur en Inde. Aux Philippines, le terrorisme islamiste se dĂ©ploie dans le cadre du combat sĂ©paratiste du peuple moro, une minoritĂ© musulmane du sud du pays. Lâun des principaux groupes terroristes de la rĂ©gion, le groupe Abou Sayyaf ASG, fondĂ© en 1991 par Abdurajak Abubakar Janjalani, puise son inspiration dans les mouvements islamistes du Moyen-Orient. La premiĂšre manifestation de cette mouvance terroriste survient le 7 septembre 1986, lorsque le Front Moro de libĂ©ration islamique FMIL attaque une Ă©glise catholique et une cĂ©rĂ©monie de mariage Ă Salvador, sur lâĂźle de Mindanao, faisant 20 morts et 186 blessĂ©s. Le groupe dĂ©clenche un attentat le 15 janvier 1987 dans le mĂ©tro de Manille, la capitale, causant la mort de 8 personnes. En 1994, aprĂšs une sorte dâĂ©clipse, le groupe Abou Sayyaf ASG commet 7 attentats dans le sud du pays. Il deviendra lâun des acteurs principaux du terrorisme islamiste aux Philippines pendant les dĂ©cennies suivantes. Notes 1. Voir GĂ©rard Chaliand et Arnaud Blin dir., Histoire du terrorisme de lâAntiquitĂ© Ă Daech, Fayard, 2015 ; Franklin L. Ford, Le Meurtre politique. Du tyrannicide au terrorisme [1985], PUF, 1990; Mario Turchetti, Tyrannie et tyrannicide de lâAntiquitĂ© Ă nos jours, PUF, 2001 ; Monique Cottret, Tuer le tyran ? Le tyrannicide dans lâEurope moderne, Fayard, 2009 ; Isabelle Sommier, Le Terrorisme, Flammarion, coll. Dominos », 2000; Henry Laurens et Mireille Delmas-Marty dir, Terrorismes. Histoire et droit, CNRS Ăditions, 2010. + - 2. Sur les cas italien et français, voir Isabelle Sommier, La Violence politique et son deuil. LâaprĂšs-68 en France et en Italie, Presses universitaires de Rennes, 1998. + - 3. Les donnĂ©es concernant lâensemble des attentats terroristes dans le monde est uniquement disponible sur la database de lâuniversitĂ© du Maryland, qui a Ă©tĂ© mise Ă jour jusquâĂ juin 2020. + - Les multiples visages du terrorisme Violence politique singuliĂšre que certains auteurs font remonter jusquâĂ lâAntiquitĂ©1, le terrorisme trouve dans les mutations de la fin du xixe siĂšcle de nouvelles ressources propres Ă dĂ©cupler la puissance lâidĂ©ologie favorise le recrutement des terroristes et leur dĂ©termination Ă agir, lâĂ©volution des technologies fournit des moyens de destruction de plus en plus puissants, en mĂȘme temps plus maniables et plus aisĂ©s Ă dissimuler, et lâavĂšnement du journal et de la photographie assure une visibilitĂ© qui confĂšre un impact inĂ©dit aux actions terroristes. Ă la fin du xixe siĂšcle, le terrorisme est dominĂ© par les causes sĂ©culiĂšres rĂ©volutionnaires, anarchistes et socialistes, nationalistes et sĂ©paratistes constituent le gros de troupes terroristes. Certains attentats semblent rejoindre la grande histoire, comme lâassassinat de lâarchiduc François-Ferdinand, hĂ©ritier de lâEmpire austro-hongrois, le 28 juin 1914, Ă Sarajevo. Pendant un siĂšcle, jusquâĂ la fin des annĂ©es 1980, des dizaines de milliers dâattentats ont ensanglantĂ© lâactualitĂ©, prenant place dans le cadre de conflits sâinscrivant dans des logiques nationalistes ou rĂ©volutionnaires, parfois les deux. Ă titre dâexemples, on peut citer les attentats en AlgĂ©rie ou en France du Front de libĂ©ration nationale FLN et de lâOAS ; autour du conflit israĂ©lo-palestinien, ceux perpĂ©trĂ©s par lâOrganisation de libĂ©ration de la Palestine OLP, le Front populaire de libĂ©ration de la Palestine FPLP ou lâorganisation Septembre noir, responsable notamment du massacre de membres de la dĂ©lĂ©gation sportive israĂ©lienne, le 5 septembre 1972, lors des Jeux olympiques de Munich ; ceux des organisations paramilitaires irlandaises, notamment de lâIrish Republican Army IRA ; ceux des indĂ©pendantistes, catalans, basques, corses ou bretons ; les actions des Brigades rouges, en Italie, dont lâenlĂšvement et lâassassinat, en 1978, de lâancien prĂ©sident du Conseil Aldo Moro, ou, deux ans plus tard, en 1980, lâattentat de la gare de Bologne 85 morts, 200 blessĂ©s attribuĂ© Ă une organisation dâextrĂȘme droite, les Noyaux armĂ©s rĂ©volutionnaires NAR ; les assassinats, en Allemagne, de la Fraction ArmĂ©e rouge, reconnue responsable de la mort de 34 personnes entre 1970 et 1998 ; les attentats et les enlĂšvements, en France, du groupe Action Directe, qui revendique plus de 80 attentats entre 1979 et 1987, dont lâassassinat de lâindustriel Georges Besse, en 19862 ; les actions de lâArmĂ©e rouge japonaise JRA ; les actions de guĂ©rilla des Forces armĂ©es rĂ©volutionnaires de Colombie-ArmĂ©e du peuple FARC-EP ou de lâorganisation pĂ©ruvienne Sentier lumineux ; les massacres des Tigres tamouls, entre 1976 et 2009, au Sri Lanka⊠Les causes sĂ©culiĂšres ont dominĂ© le terrorisme jusquâĂ la fin des annĂ©es 1980. AprĂšs cette date, on observe la montĂ©e en puissance dâun terrorisme dâinspiration islamique. Depuis plusieurs annĂ©es, lâislamisme est devenu la principale motivation du terrorisme3. Selon nos donnĂ©es, entre janvier 2013 et juin 2020, les attentats islamistes reprĂ©sentent 32,1% de lâensemble des attentats commis dans le monde mais sont responsables de morts 65,3% sur un total de personnes tuĂ©es. Extrait de notre base de donnĂ©es, en libre accĂšs sur Source Fondation pour lâinnovation politique IV Partie Le tournant du 11-Septembre 2001-2012 Notes 1. Louis Gautier dir., Mondes en guerre. Tome IV, Guerre sans frontiĂšres. 1945 Ă nos jours, Ăditions PassĂ© composĂ©s/ Humensis, Paris, 2021. Cf. en particulier Louis Gautier, Le temps des conflits », chapitre III, pp. 143-204 + - Les attentats du 11 septembre 2001 perpĂ©trĂ©s par al-Qaida sur le sol amĂ©ricain forment Ă ce jour lâattaque terroriste la plus meurtriĂšre de lâhistoire, avec morts et 16 493 blessĂ©s au total. Ce jour-lĂ , deux avions de ligne qui avaient Ă©tĂ© dĂ©tournĂ©s ont Ă©tĂ© lancĂ©s contre les tours du World Trade Center, Ă New York. Un troisiĂšme appareil avait Ă©tĂ© dirigĂ© sur le Pentagone, Ă Washington. Ă bord du quatriĂšme avion dĂ©tournĂ©, câest la rĂ©volte des passagers qui fait Ă©chouer le plan des terroristes, lâappareil sâĂ©crasant en pleine campagne, en Pennsylvanie. La diffusion en direct et planĂ©taire de cet Ă©vĂ©nement dramatique et spectaculaire1 marque aussi le dĂ©but dâune nouvelle Ăšre dans la mĂ©diatisation du terrorisme. Ă lâinformation diffĂ©rĂ©e et destinĂ©e Ă des publics particuliers sâajoute dĂ©sormais une information immĂ©diate et globale. Ce nouvel espace public affecte profondĂ©ment le travail des mĂ©dias traditionnels tĂ©lĂ©vision, presse et radio. LâavĂšnement des rĂ©seaux sociaux et des smartphones ouvre les portes de la communication de masse Ă dâinnombrables nouveaux acteurs, Ă commencer par les organisations terroristes. Notes 1. Voir Steven Pinker, La Part dâange en nous. Histoire de la violence et de son dĂ©clin [2011], Les ArĂšnes, 2017. + - 2. Voir le haut niveau de confiance que recueillent les institutions dâordre police, armĂ©e et justice dans quarante-deux dĂ©mocraties, comparativement Ă la crise qui affecte la plupart des institutions. Voir Mathieu Zagrodzki, ArmĂ©e, police, justice un soutien marquĂ© aux institutions dâordre », in Dominique ReyniĂ© dir., DĂ©mocraties sous tension, Fondation pour lâinnovation politique, 2019, vol. I, p. 97-98. + - 3. Dans les vingt-huit pays de lâUnion europĂ©enne, une large majoritĂ© 57% des personnes interrogĂ©es rĂ©pondent quâils ne peuvent pas accueillir plus de rĂ©fugier car ils augmentent le risque terroriste dans notre pays ». Dans les onze pays de lâancien bloc communiste aujourdâhui membres de lâUnion europĂ©enne, cette rĂ©ponse concerne 72% des rĂ©pondants voir Dominique ReyniĂ©, Lâenjeu migratoire Ă la lumiĂšre de la question des rĂ©fugiĂ©s », in Domnique ReyniĂ© dir., op. cit., vol. I, p. 52-56. + - 4. Voir Antoine Garapon et Michel Rosenfeld, DĂ©mocraties sous stress. Les dĂ©fis du terrorisme global, PUF, 2016. + - 5. Lâopinion en faveur dâune forme autoritaire de gouvernement atteint des niveaux qui dĂ©passent les scores Ă©lectoraux des partis populistes. Le niveau est dâautant plus Ă©levĂ© que les rĂ©pondants sont plus jeunes voir Dominique ReyniĂ©, Les fantĂŽmes de lâautoritarisme », in Dominique ReyniĂ© dir., op. cit., vol. I, p. 39-40. + - 6. Voir Dominique ReyniĂ©, Les Nouveaux Populismes, Ă©d. revue et augmentĂ©e, Fayard/Pluriel, 2013. + - Islamisme et populisme une dialectique implacable La violence terroriste atteint principalement des civils. Elle les atteint au cĆur de leur vie ordinaire, un monde oĂč nul nâa de raison dâĂȘtre sur ses gardes. Nâimporte quand, nâimporte oĂč, nâimporte qui. La mort due au terrorisme installe dans les esprits un sentiment insupportable de vulnĂ©rabilitĂ© permanente. Pendant quelques jours, quelques semaines et parfois plus longtemps, la paix a des airs de guerre. Les populations du monde dĂ©mocratique sont plus traumatisĂ©es par la violence terroriste parce quâelles ont hĂ©ritĂ© dâune culture irĂ©nique, consĂ©quence logique du dĂ©clin de la violence interĂ©tatique1. Mais les dĂ©mocraties sont aussi plus dĂ©semparĂ©es parce quâelles reprĂ©sentent un ordre politique doux, fondĂ© sur la libertĂ© et les droits humains. Immanquablement, face Ă la violence terroriste, face Ă une guerre imposĂ©e Ă tous, les dĂ©mocraties se sentent dĂ©sarmĂ©es. La stupeur, lâabattement puis la crainte bouleversent les demandes politiques. Une envie de rĂ©pression, de contrĂŽle, de surveillance, dâexpulsion, de fermeture des frontiĂšres sâexprime au grand jour2. Elle engendre une culture sĂ©curitaire, voire paranoĂŻaque, que pĂ©rennisent les inĂ©vitables mesures destinĂ©es Ă rassurer autant sinon plus quâĂ prĂ©venir. Les dĂ©mocraties se peuplent dâinnombrables systĂšmes de contrĂŽle dâaccĂšs aux lieux publics et aux magasins, portiques et vigiles surgissent partout, les poubelles de rue sont des sacs transparents. DĂ©sormais, prendre un avion oblige Ă de lourdes procĂ©dures de contrĂŽle et de fouille, aller dans le mĂ©tro requiert la vigilance des voyageurs, les sites stratĂ©giques inquiĂštent et la vidĂ©osurveillance se rĂ©pand, tandis que la lutte contre les rĂ©seaux terroristes intensifie la vigilance policiĂšre fichiers, Ă©coutes, traçage sur le Web et les rĂ©seaux sociaux, sur les forums de jeux vidĂ©o, etc. Par la violence des djihadistes, lâislam et les musulmans suscitent des craintes irrĂ©pressibles et grandissantes3. La peur de lâautre fissure les sociĂ©tĂ©s, elles finissent par sâopposer Ă elles-mĂȘmes dĂ©sir dâen dĂ©coudre, xĂ©nophobie, conflit des identitĂ©s, autoritarisme. Le droit commun est jugĂ© argutieux, encombrant et lĂąche4. Une part croissante de lâopinion se croit reprĂ©sentĂ©e et rassurĂ©e par des chefs qui promettent dâaltĂ©rer lâĂtat de droit. Lorsque la peur passe dans les urnes que la dĂ©mocratie met Ă disposition, elle se transforme en cette force qui dĂ©fait et refait la loi. La promesse de la dĂ©mocratie illibĂ©rale augmente lâattractivitĂ© des programmes populistes5. Islamisme et populisme se rĂ©pondent et se comprennent sans devoir se parler. Ils croissent lâun par lâautre et sâespĂšrent mutuellement6. Le 11-Septembre et la guerre contre le terrorisme » Notes 2. Selon une enquĂȘte, rĂ©alisĂ©e par la Fondation pour lâinnovation politique et la Fondation pour la mĂ©moire de la Shoah, parmi dix-sept Ă©vĂ©nements proposĂ©s, la moitiĂ© des jeunes interrogĂ©s 47% citent les attentats du 11 septembre 2001 comme lâun des trois Ă©vĂ©nements les plus marquants voir MĂ©moires Ă venir, Fondation pour lâinnovation politique-Fondation pour la mĂ©moire de la Shoah, janvier 2015. + - Les attentats du 11-Septembre ont considĂ©rablement modifiĂ© la gĂ©opolitique du Moyen-Orient2. QualifiĂ©e par lâadministration de George W. Bush de guerre contre le terrorisme », la riposte amĂ©ricaine est fulgurante. Le 7 octobre 2001, les Ătats-Unis dĂ©clenchent une vaste offensive contre le rĂ©gime taliban en Afghanistan, accusĂ© dâavoir soutenu al-Qaida. Une annĂ©e et demie plus tard, le 20 mars 2003, lâarmĂ©e amĂ©ricaine envahit lâIraq, afin de renverser le rĂ©gime de Saddam Hussein dans la perspective dâune dĂ©mocratisation du Moyen-Orient ». MalgrĂ© des victoires militaires Ă©crasantes, les Ătats-Unis ne parviennent ni Ă rĂ©tablir la paix, ni Ă Ă©radiquer lâislamisme. ConfrontĂ©s Ă la machine de guerre amĂ©ricaine dans la durĂ©e, les islamistes sâorganisent, en acquĂ©rant une dimension internationale quâils ne cessent dâaffirmer. Entre 2001 et 2012, le nombre dâattentats et de victimes croĂźt de maniĂšre spectaculaire, en raison notamment des attentats perpĂ©trĂ©s par les fondamentalistes talibans. Leur mouvement se rĂ©pand en Afghanistan et au Pakistan dĂšs 1994. Deux ans plus tard, ils renversent le gouvernement en place lors de la prise de Kaboul. Ils instaurent le rĂ©gime de lâĂmirat islamique dâAfghanistan, avec Ă sa tĂȘte Mohammad Omar. Pendant les annĂ©es qui suivent, les talibans persĂ©cutent les minoritĂ©s, instaurent un rĂ©gime fondĂ© sur lâapplication stricte de la charia et accueillent de nombreux djihadistes recherchĂ©s, dont le chef dâal-Qaida, Oussama Ben Laden. En quelques annĂ©es, lâAfghanistan devient un foyer pour des extrĂ©mistes islamistes du monde entier. AprĂšs les attentats du 11-Septembre, les talibans sont chassĂ©s du pouvoir par une coalition internationale menĂ©e par les AmĂ©ricains. Ă partir de ce moment, on observe une hausse exponentielle du nombre dâattentats et du nombre de victimes, notamment parmi les forces internationales ou les membres du gouvernement afghan. On passe de 4 attentats et 153 morts en Afghanistan en 2001 Ă 829 attentats et 2604 morts en 2012. Au total, entre 2001 et 2012, 2536 attaques ont lieu sur le sol afghan, faisant au moins 8054 morts. Cela reprĂ©sente 30,7% du total des attentats islamistes rĂ©pertoriĂ©s dans le monde entre 2001 et 2012. Les talibans sont responsables de la plupart 95,2% de ces attentats. Cibles des talibans en Afghanistan 2001-2012 Au Pakistan, on assiste Ă©galement Ă la montĂ©e de groupuscules multipliant les actes terroristes entre 2001 et 2012, avec attentats et morts. TrĂšs prĂ©sents sur ce territoire, les talibans sâorganisent Ă partir de 2007 sous le nom Tehrik-e-Taliban Pakistan TTP ; ils sont responsables de prĂšs des trois quarts 71,1% des violences terroristes sur cette pĂ©riode 2001-2012. Dâautres groupes islamistes sont Ă©galement actifs, tels que Lashkar-e-Jhangvi 56 attentats, 386 morts ou Lashkar-e-Islam 64 attentats,115 morts. En 2007, deux attaques terroristes menĂ©es par al-Qaida et ses alliĂ©s marquent le paysage politique du pays le 18 octobre, une attaque contre une foule rassemblĂ©e pour accueillir lâancienne PremiĂšre ministre Benazir Bhutto, de retour dâexil, cause la mort de 141 personnes et en blesse 250. Le 27 dĂ©cembre, elle est Ă son tour assassinĂ©e, victime dâun attentat-suicide qui fait 20 morts et une centaine de blessĂ©s. Les attentats islamistes au Pakistan 2001-2012 Entre 2001 et 2012, lâIraq est le troisiĂšme pays le plus touchĂ© par ;le terrorisme islamiste, avec 914 attentats. ParticuliĂšrement violents, ces attentats provoquent la mort de personnes, avec en moyenne 9,3 tuĂ©s par action terroriste. Ă titre de comparaison, dans le monde, durant la mĂȘme pĂ©riode, un attentat tue en moyenne 4,6 personnes. La lutte contre lâingĂ©rence Ă©trangĂšre est prĂ©sentĂ©e comme un motif de violence par les islamistes. DĂšs le 19 aoĂ»t 2003, lâattentat Ă la voiture piĂ©gĂ©e contre le Canal Hotel, quartier gĂ©nĂ©ral de lâONU Ă Bagdad, fait 22 morts. LâannĂ©e 2004 voit une sĂ©rie dâactes terroristes cibler les pays membres de la coalition internationale prĂ©sents en Iraq, avec 5 attentats contre des patrouilles, des checkpoints ou des bases militaires de la Multi-National Force-Iraq MNF-I. On enregistre Ă©galement Ă cette Ă©poque le dĂ©veloppement de la prise dâotages dans le rĂ©pertoire des actions terroristes alors que lâon nâenregistre aucune prise dâotage ou enlĂšvement en 2001, 2002 et 2003, on en compte 27 en 2004, visant largement des civils de pays militairement dĂ©ployĂ©s en Iraq 5 AmĂ©ricains, 4 Japonais, 3 Sud-CorĂ©ens, 1 Bulgare, 1 Canadien, 1 Italien. Parmi les pays belligĂ©rants, les Ătats-Unis sont trĂšs touchĂ©s entre 2001 et 2012, en Iraq, 34 attentats ciblent les AmĂ©ricains, dont 15 pendant lâannĂ©e 2004. Groupes terroristes les plus meurtriers en Iraq 2001-2012 Globalisation des attentats islamistes Entre 2001 et 2012, une propagation des attentats islamistes est observable dans plusieurs zones gĂ©ographiques du monde. Par rapport Ă la pĂ©riode prĂ©cĂ©dente 1979-2000, on note une forte augmentation du nombre dâattaques terroristes, avec attentats contre 2194 au total entre 1979 et 2000 et morts contre au total entre 1979 et 2000. Cette hausse spectaculaire sâexplique en partie par la globalisation du djihad, facilitĂ©e par lâaccĂ©lĂ©ration de la circulation des personnes et des idĂ©es. Les attentats islamistes dans le monde 2001-2012 Notes 3. Gilles Kepel, Sortir du chaos. Les crises en MĂ©diterranĂ©e et au Moyen-Orient, Gallimard, 2018, p. 147. + - 4. Voir David Martin Jones, Michael Smith et Mark Weeding, Looking for the Pattern Al Qaeda in Southeast Asia-The Genealogy of a Terror Network », Studies in Conflict & Terrorism, vol. 26, n° 6, novembre 2003, p. 443-457. + - Ă partir de 2004, lâEurope se retrouve confrontĂ©e Ă une vague dâattentats dâune nouvelle ampleur. Le 11 mars, Ă Madrid, quatre trains explosent presque simultanĂ©ment. RevendiquĂ©es par al-Qaida, ces attaques font 191 morts. Le 7 juillet 2005, quatre explosions touchent les transports publics de Londres, faisant 56 morts et 784 blessĂ©s. Si al-Qaida revendique ces attentats, les terroristes, contrairement Ă ceux du 11-Septembre, sont natifs du Royaume-Uni. Gilles Kepel y voit une mutation de la mise en Ćuvre des attentats islamistes, qui sâappuient dĂ©sormais sur une ressource humaine propre au pays occidental visĂ©3 ». De plus, nombre de mouvements islamistes intensifient leurs collaborations interrĂ©gionales, comme en Asie. Les attaques du 11-Septembre sur le sol amĂ©ricain revendiquĂ©es par al-Qaida puis lâintervention en Afghanistan des troupes amĂ©ricaines achĂšvent le rapprochement du mouvement de Oussama Ben Laden et de la nĂ©buleuse de groupes sud asiatiques4 dont on peut citer pour exemples Abu Sayyaf aux Philippines et Jemaah Islamiyah JI en IndonĂ©sie. Toute la difficultĂ© est dâexaminer, dans chaque contexte, la façon dont les personnes et les groupes violents combinent les Ă©lĂ©ments locaux, rĂ©gionaux et globaux au sein des rĂ©fĂ©rents, des objectifs et des modes opĂ©ratoires quâils mobilisent et mettent en Ćuvre. Apparaissent alors des tendances oscillant entre lâethno-nationalisme sans lien avec le djihad global et un rĂ©fĂ©rent religieux transnational5. La situation en ThaĂŻlande Ă cette Ă©poque relĂšve de cette dynamique. Ă partir de 2004, dans le cadre dâune insurrection sĂ©paratiste, le sud du pays oĂč vit une minoritĂ© musulmane est traversĂ© par un activisme violent. Les deux principaux groupes terroristes, le Runda Kumpalan Kecil RKK et lâOrganisation unifiĂ©e de libĂ©ration de Patani PULO, sâorganisent alors autour dâun discours djihadiste. Pour un certain nombre dâattaques survenant Ă ce moment-lĂ , le caractĂšre islamiste se retrouve parfois entremĂȘlĂ© Ă des revendications ethno-nationalistes. Notre base de donnĂ©es offre au lecteur la possibilitĂ© de conserver ou non ces Ă©vĂ©nements dans la comptabilisation des attentats islamistes. Selon notre estimation retenue, entre 2001 et 2012, nous recensons en ThaĂŻlande 111 attentats et 91 morts. DâaprĂšs lâestimation possible, nous dĂ©nombrons 146 attentats et 121 morts sur la mĂȘme pĂ©riode. Dans ce dernier cas, nous prenons Ă©galement en compte des actes terroristes imputĂ©s Ă des sĂ©paratistes musulmans extrĂ©mistes. Nombre dâattentats par province en ThaĂŻlande 2001-2012 Lâessor du terrorisme islamiste sâexplique enfin par le dĂ©veloppement des ramifications dâal-Qaida, tels que al-Qaida dans la pĂ©ninsule arabique AQPA ou encore al-Qaida au Maghreb islamique AQMI. Les ramifications dâal-Qaida dans la pĂ©ninsule arabique AQPA et dâal-Qaida au Maghreb islamique AQMI 2001-2012 Notes 6. Voir Center for International Security and Cooperation Cisac, Al Shabaab », + - Ces diffĂ©rentes branches dĂ©veloppent une capa- citĂ© Ă frapper fort Ă lâĂ©tranger, comme le montrent les trois attaques successives du 9 novembre 2005 dâal-Qaida en Iraq, dans lâhĂŽtel Grand Hyatt dâAmman, qui causent la mort dâau moins 61 personnes, ou encore celle du 28 novembre 2002 au Paradise Hotel de Mombasa, au Kenya, tuant 16 personnes. Jusque-lĂ relativement Ă©pargnĂ©e, lâAfrique sub-saharienne devient lors de la seconde moitiĂ© des annĂ©es 2000 une cible du terrorisme islamiste. La crĂ©ation et lâexpansion du groupe Al Shabaab en Somalie en 2006, auparavant bras armĂ© de lâUnion des tribunaux islamiques UTI, sont dĂ©cisives. Poursuivant un objectif de renversement du gouvernement somalien afin dâinstaurer un rĂ©gime fondĂ© sur la charia, Al Shabaab cultive dĂšs ses dĂ©buts des liens Ă©troits avec al-Qaida, sâinscrivant ainsi dans le mouvement djihadiste global6. LâactivitĂ© du groupe dĂ©passe les frontiĂšres de la Somalie, oĂč le groupe commet 459 attentats et tue personnes entre 2001 et 2012, pour atteindre le Kenya, quâil attaque Ă 97 reprises 126 morts, et lâĂthiopie, avec deux attentats, dont celui, dĂ©vastateur 100 morts, le 2 novembre 2007 contre des soldats Ă©thiopiens dans un hĂŽtel Ă Dolo. Cibles de Al-Shabaab en Somalie 2001-2012 LâAfrique subsaharienne subit Ă©galement les premiers actes de violence de Boko Haram, que lâon enregistre dĂšs 2009 au Nigeria. Lâampleur considĂ©rable de ses attaques entre 2010 et 2012 566 attentats, morts prĂ©figure le pouvoir de destruction qui sera le sien au cours de la dĂ©cennie suivante. Types dâarmes utilisĂ©es dans les attentats islamistes 2001-2012 La migration des terroristes vers les mĂ©dias sociaux Notes 7. David Thomson, Les Français jihadistes, Paris, Les ArĂšnes, 2014, les jeunes qui dĂ©couvrent les hadiths sur Internet sont complĂštement sourds Ă tous ceux qui, Ă la mosquĂ©e, peuvent essayer dâexpliquer que le sens des prophĂ©ties sâinscrit dans un contexte pour eux, qui sont venus aux textes sacrĂ©s seuls ou avec la propagande djihadiste, lâinterprĂ©tation historique ou figurĂ©e est une âinnovationâ, câest-Ă -dire la pire des choses puisquâelle dĂ©nature et biaise le sens quâils pensent ĂȘtre original ». + - 8. David Thomson, Les Français jihadistes, Paris, Les ArĂšnes, 2014, les jeunes qui dĂ©couvrent les hadiths sur Internet sont complĂštement sourds Ă tous ceux qui, Ă la mosquĂ©e, peuvent essayer dâexpliquer que le sens des prophĂ©ties sâinscrit dans un contexte pour eux, qui sont venus aux textes sacrĂ©s seuls ou avec la propagande djihadiste, lâinterprĂ©tation historique ou figurĂ©e est une âinnovationâ, câest-Ă -dire la pire des choses puisquâelle dĂ©nature et biaise le sens quâils pensent ĂȘtre original ». + - Internet joue Ă©videmment un rĂŽle clĂ© dans la globalisation du terrorisme islamiste. Il se rĂ©vĂšle un outil redoutable de propagande et de recrutement7. Lâapparition des rĂ©seaux sociaux permet aux groupes islamistes dâinteragir de façon efficace et souvent anonymement, de partager des documents et des informations, mais Ă©galement dâĂ©tablir une communautĂ© dâindividus reliĂ©s entre eux. Selon Evan Kohlmann, 90% des activitĂ©s terroristes sur Internet ont aujourdâhui lieu sur les rĂ©seaux sociaux. Ces forums servent de pare-feu virtuel pour protĂ©ger lâidentitĂ© des utilisateurs et leur offrent une chance dâentrer directement en contact avec des reprĂ©sentants du terrorisme [trad.]8 ». Enfin, le cyber- terrorisme est aussi une modalitĂ© dâattaque pour les groupuscules islamistes qui dĂ©multiplient ainsi leurs capacitĂ©s dâaction. Lâimpact de la violence terroriste dans un espace public planĂ©taire mis Ă la portĂ©e de lâindividu-mĂ©dia Ă partir du milieu des annĂ©es 1990, lâaccĂšs Ă la visibilitĂ© prend des proportions inouĂŻes. Lâespace public numĂ©rique dĂ©cuple lâimpact des actions terroristes. Lâinteraction du Web avec les chaĂźnes dâinformation continue amplifie les effets de la violence islamiste. Al Jazeera, la chaĂźne qatarienne lancĂ©e en 1996, Ă©met dans une trentaine de pays et dĂ©veloppe des sites dâinformation dans les quelques langues qui permettent de sâadresser Ă la plupart des habitants de la planĂšte. RĂ©seaux sociaux et autres applications de messagerie sĂ©curisĂ©e offrent aux plus modestes des groupuscules terroristes les outils dâune action planĂ©taire communication, propagande, organisation, recrutement⊠Le smartphone dĂ©ploie jusquâau bout de la chaĂźne, câest-Ă -dire lâindividu, la maĂźtrise de ces outils surpuissants et lâaccĂšs Ă tous les rĂ©seaux. La couverture mĂ©diatique des attentats passe toujours par les mĂ©dias traditionnels agences, tĂ©lĂ©visions, radios et presse mais elle ne dĂ©pend plus dâeux. Dans lâespace public universel, la production de lâinformation est absolument dissĂ©minĂ©e. Le Web et le smartphone donnent Ă la multitude humaine les pouvoirs dâune agence de presse aux 2,8 milliards de correspondants et les capacitĂ©s dâinfluence dâautant de mĂ©dias. Le terrorisme islamique prospĂšre Ă lâĂšre de lâindividu-mĂ©dia. LâĂ©paisseur du rĂ©seau, la force des images, le jeu des algorithmes font que tout attentat peut devenir en quelques minutes un Ă©vĂ©nement planĂ©taire. V Partie Lâirruption de lâĂtat islamique et de Boko Haram 2013-mai 2021 Le jihadisme des femmes a pris, depuis lâĂ©mergence et la territorialisation de Daech, une ampleur inĂ©dite. Avant lâexistence de lâĂtat islamique EI, ni al-Qaida ni aucune autre organisation de la jihadosphĂšre nâavaient appelĂ© des femmes Ă rejoindre en nombre leur cause ou Ă y contribuer moralement et physiquement. [âŠ] Daech a offert une conception inĂ©dite du jihadisme des femmes et proposĂ© une manipulation des ressorts proprement fĂ©minins de leur engagement. » Fethi Benslama et Farhad Khosrokhavar, Le Jihadisme des femmes. Pourquoi ont-elles choisi Daech?, Seuil, 2017, p. 9-10. Notes 1. Hakim El Karoui, La Fabrique de lâislamisme, Institut Montaigne, septembre 2018, p. 85. Voir aussi Hakim El Karoui, Benjamin HodayĂ©, Les militants du djihad, Fayard, 2021. + - Le 17 dĂ©cembre 2010, lâimmolation du jeune vendeur ambulant Mohamed Bouazizi, dans la rĂ©gion de Sidi Bouzid, en Tunisie, conduit Ă lâembrasement des Printemps arabes. AprĂšs avoir un temps suscitĂ© lâespoir dâune dĂ©mocratisation, ces Ă©vĂ©nements dĂ©bouchent, dans la premiĂšre moitiĂ© des annĂ©es 2010, sur des victoires Ă©lectorales de partis proches des FrĂšres musulmans. Sâils Ă©chouent parfois Ă conserver le pouvoir, ils sont portĂ©s par des sociĂ©tĂ©s de plus en plus conservatrices, sous lâeffet Ă©galement de la progression dâun salafisme importĂ© dâArabie saoudite1 ». Dans ce nouveau contexte, le djihadisme se dĂ©veloppe rĂ©gionalement, sâappuyant notamment sur la proclamation par lâorganisation Ătat islamique EI du califat, Ă Mossoul, en 2014. Câest durant cette pĂ©riode que le terrorisme est le plus meurtrier. On enregistre une augmentation sans prĂ©cĂ©dent du nombre dâattentats dans le monde. La montĂ©e en puissance de lâEI et de Boko Haram est facilitĂ©e par des contextes gĂ©opolitiques chaotiques qui offrent aux terroristes de nombreuses opportunitĂ©s dâexpansion. LâĂtat islamique et lâ administration de la sauvagerie » Notes 2. Expression reprise de Lâadministration de la sauvagerie lâĂ©tape la plus critique que traversera lâoumma », texte en arabe publiĂ© sur Internet en 2004 et Ă©crit sous le nom de Abou Bakr Naji, pseudonyme de Mohamed Hassan Khalil al-Hakim, alias Abu Jihad al-Masri, un cadre dâal-Qaida. Ce texte a vocation Ă servir de guide spirituel Ă de nombreux extrĂ©mistes. Il explique la stratĂ©gie Ă mettre en place pour Ă©tablir un califat islamique. Selon certains commentateurs, le manifeste compte 103 pages de discours de haine, contre le juif, contre le chrĂ©tien, contre lâapostat, contre la dĂ©mocratie et ses valeurs. Ă tel point que certains ont qualifiĂ© ce brĂ»lot de Mein Kampf du petit djihadiste. LâintĂ©rĂȘt de ce livre est quâil nous met, dĂšs le titre, devant le paradoxe du djihadisme, qui dâun cĂŽtĂ© prĂŽne le dĂ©chaĂźnement de la sauvagerie, lâinstallation de la loi de la jungle, avec lâappel Ă la destruction de lâordre ancien, et en mĂȘme temps thĂ©orise la gestion de cette sauvagerie et son âadministrationâ » Abderrazak Sayadi et Alberto Fabio Ambrosio, Terrorisme anatomie du âMein Kampfâ djihadiste », 27 mars 2018. + - 3. Voir Mathieu GuidĂšre, Atlas du terrorisme islamiste. DâAl-Qaida Ă Daech, Autrement, 2017. + - 4. Par exemple, les tentatives dâattentat Ă Villejuif, le 19 avril 2015, et dans le train Thalys, le 21 aoĂ»t 2015. + - Câest pendant la guerre civile irakienne, entre 2003 et 2011, que le groupe Ătat islamique Ă©merge puis sâins- talle. Lâorganisation est créée en 2006 et, par trois fois, son changement de nom accompagne son expansion en dehors de son berceau irakien elle se nomme dâabord Ătat islamique en Iraq EII, 2006-2013, puis Ătat islamique en Iraq et au Levant EIIL, 2013-2014 et, enfin, Ătat islamique EI, Ă partir de 2014. ThĂ©orisĂ©e dans les annĂ©es 2000, la stratĂ©gie de lâEI est de favoriser le chaos, lâ administration de la sauvagerie2 », et de globaliser le djihad. Son objectif est de cultiver la religion dans lâesprit des masses, de faire de lâislam lâunique ordre politique et social, et de former les jeunes afin dâinstituer une sociĂ©tĂ© militarisĂ©e. LâEI agit selon plusieurs modalitĂ©s. Le groupe terroriste peut inciter des individus Ă agir seul. Ce sont les loups solitaires ». PopularisĂ©e dans les annĂ©es 1990, cette expression a Ă©tĂ© reprise par lâEI Ă travers diffĂ©- rentes publications. Un loup solitaire se radicalise Ă distance, planifie un attentat et agit de son cĂŽtĂ©, sans ĂȘtre affiliĂ© Ă un groupe terroriste en particulier, mĂȘme sâil peut revendiquer lâattentat au nom de lâEI3. Notons que les attentats qui Ă©chouent ne sont gĂ©nĂ©ralement pas revendiquĂ©s par lâĂtat islamique4. A contrario, la maison mĂšre » irako-syrienne revendique la plu- part du temps directement lâattentat lorsquâil est trĂšs meurtrier5. On pense par exemple Ă lâattaque du musĂ©e du Bardo, en Tunisie, le 18 mars 2015, ou aux attentats du 13 novembre 2015 en France, reven- diquĂ©s dĂšs le lendemain par lâEI. Au fil de sa montĂ©e en puissance, lâEI Ă©tend son champ de bataille. Selon notre recensement, câest Ă partir de 2013 que lâorganisation a multipliĂ© les actes terroristes. Pour cette annĂ©e-lĂ , nous recensons prĂšs de trente et une fois plus dâattentats commis par lâEI par rapport Ă lâannĂ©e prĂ©cĂ©dente 374 attentats en 2013, 12 en 2012. Les attentats islamistes dans le monde 2011-mai 2021 Attentats revendiquĂ©s par lâĂtat islamique 2006-mai 2021 morts dans les attentats perpĂ©trĂ©s par les diffĂ©rentes branches de lâorganisation de lâĂtat islamique 2006-mai 2021 Organisations Ătat islamique en Iraq, Ătat islamique en Iraq et au Levant, Ătat islamique au Bangladesh, Ătat islamique en Somalie, Ătat islamique en Ăgypte, Ătat islamique dans le Grand Sahara, Province de Khorassan de lâĂtat islamique, Province de Najd de lâĂtat islamique en Arabie saoudite, Province du SinaĂŻ de lâĂtat islamique, Province de al-Tarabulus Tripoli de lâĂtat islamique en Libye, Province de al-Fezzan de lâĂtat islamique en Libye, Province du Caucase de lâĂtat islamique, Province de Barqah de lâĂtat islamique en Libye, Province de lâAlgĂ©rie de lâĂtat islamique, Province dâal-Bayda de lâĂtat islamique, Province dâAden-Abyan de lâĂtat islamique, etc. Le 23 avril 2021, un attentat a eu lieu devant le commissariat de Rambouillet en banlieue parisienne. Lors dâune attaque au couteau, une policiĂšre a Ă©tĂ© assassinĂ©e. Le meurtrier a Ă©tĂ© abattu. Cependant, suivant les rĂšgles qui ont prĂ©sidĂ© Ă la rĂ©alisation de notre travail, nous ne pouvons retenir dans les informations avĂ©rĂ©es de notre base de donnĂ©es sur la violence islamiste ni cet attentat, ni le nombre des victimes puisque nous ne disposons pas des conclusions de lâenquĂȘte au moment oĂč nous terminons cette Ă©tude. Ă noter que Boko Haram nâest pas pris en compte ici, bien que ce groupe ait prĂȘtĂ© allĂ©geance Ă lâEI en mars 2015. Nous consacrons Ă ce groupe terroriste la section suivante afin de souligner sa singularitĂ©. NĂ©anmoins, en ajoutant les actes terroristes de Boko Haram commis depuis 2015 au nombre dâattentats perpĂ©trĂ©s par lâEI et ses diffĂ©rentes branches depuis sa crĂ©ation en 2006, nous obtenons le chiffre de 13 559 attentats ayant provoquĂ© la mort de personnes. Suite Ă la proclamation du califat », en juin 2014, une multitude de groupuscules islamistes rejoignent la banniĂšre de lâEI. Cette stratĂ©gie dâĂ©largissement permet Ă lâorganisation de sâĂ©tablir Ă travers lâAfrique et le Moyen-Orient en sâappuyant sur lâancrage de groupes djihadistes locaux. En 2016, lâEI assassine personnes. Il sâagit de lâannĂ©e la plus meurtriĂšre enregistrĂ©e sur lâensemble de la pĂ©riode 1979-mai 2021. Le nombre de victimes de lâEI a Ă©tĂ© multipliĂ© par neuf en trois ans morts en 2013, morts en 2016. Le graphique de la page 35 permet de se rendre compte de lâĂ©volution du nombre dâattentats commis par les diffĂ©rentes branches de lâorganisation Ătat islamique depuis sa crĂ©ation jusquâen mai 2021. Les territoires les plus touchĂ©s sont les lieux oĂč lâEI sâest historiquement implantĂ©, Ă savoir lâIraq et la Syrie. Les guerres qui frappent ces Ătats ont facilitĂ© son dĂ©veloppement en lui permettant de conquĂ©rir plusieurs villes et provinces, et de mettre en place un ordre totalitaire animĂ© par lâobjectif de rĂ©tablir un califat abbasside ». Câest en Iraq que les terroristes de lâEI sont les plus destructeurs ils y ont commis attentats, provoquant la mort de personnes. Cela signifie que sur les personnes mortes en Iraq du fait du terrorisme islamiste depuis 1979, 82,7% ont Ă©tĂ© victimes de lâĂtat islamique entre 2006 et mai 2021. Cibles de lâorganisation Ătat islamique en Iraq 2013-mai 2021 En Syrie, entre 2013 et mai 2021, les attentats de lâĂtat islamique ont Ă©tĂ© trĂšs meurtriers puisque les 996 attaques ont coĂ»tĂ© la vie Ă personnes; en moyenne, dans le pays, lâEI provoque la mort de 10 personnes Ă chacun de ses attentats. Certains pays voisins subissent lâintrusion de lâEI, par ses ramifications, notamment Ă partir de 2014. LĂ encore, ces immixtions sont facilitĂ©es par des contextes de dĂ©stabilisation qui, Ă leur tour, favorisent lâemprise de lâorganisation terroriste sur ces territoires que lâEI regarde comme ses nouvelles provinces » depuis 2013 la Libye 571 attentats, morts, lâĂgypte 733 attentats, morts, le YĂ©men 115 attentats, 997 morts, mais aussi lâAfghanistan 482 attentats, morts et le Pakistan 133 attentats, 768 morts. Les attentats perpĂ©trĂ©s par lâorganisation Ătat islamique en Europe 2013-mai 2021 Notes 6. Voir Bernard Rougier, Les territoires conquis de lâislamisme, Puf, janvier 2020 ; Hugo Micheron, Le Jihadisme Français Quartiers, Syrie, Prisons, Ăditions Gallimard, 2020. + - Ă lâexception de lâAmĂ©rique du Sud, les pays des autres continents sont visĂ©s par lâEI dans des attentats sur leur territoire aussi bien que contre leurs ressortissants Ă lâĂ©tranger. Plusieurs pays de lâUnion europĂ©enne sont durement touchĂ©s, et la France, avec 13 attentats et 146 morts causĂ©s par lâEI, est le pays de lâUnion europĂ©enne le plus meurtri6. Je sais que cette lettre va te faire du mal. Pourtant, je vais te dire combien je tâaime. Papa, je tâai demandĂ© lâautorisation de passer quelques jours chez tante Safia. Je nây suis pas allĂ©e. Pardonne-moi je tâai menti. Avant-hier soir, je suis arrivĂ©e en Irak pour rejoindre mon mari. Nous nous sommes connus sur Internet. Il est formidable. Je suis sĂ»re que tu lâaimeras. Câest un responsable rĂ©gional de lâĂtat islamique. » Rachid Benzine, Lettres Ă Nour, Points, 2019 La rĂ©gion du lac Tchad Ă lâĂ©preuve du terrorisme de masse de Boko Haram En langue haoussa boko haram peut ĂȘtre traduit par lâĂ©ducation occidentale est un pĂ©chĂ© ». Le mouvement Boko Haram a Ă©tĂ© fondĂ© par le prĂ©dicateur nigĂ©rian Mohamed Yusuf en 2002, Ă Maiduguri, capitale de lâĂtat de Borno, au Nigeria. Secte islamiste devenue mouvement de lutte armĂ©e en 2009, lâorganisation prĂŽne un islam salafiste djihadiste hostile Ă toute influence occidentale. Son objectif est de crĂ©er un califat, rĂ©gi par la charia, tout comme lâEI, auquel il prĂȘte allĂ©geance en mars 2015 en se faisant dĂ©signer par le nom dâĂtat islamique en Afrique de lâOuest. Les attentats islamistes perpĂ©trĂ©s par Boko Haram 2009-mai 2021 Le groupe amplifie son activisme terroriste Ă partir de 2009, en menant une insurrection pour la crĂ©ation dâun califat au Nigeria. En 2013, le prĂ©sident nigĂ©rian Goodluck Jonathan proclame lâĂtat dâurgence et lâarmĂ©e nigĂ©riane lance une offensive dans lâensemble du pays. MalgrĂ© cela, Boko Haram prend le contrĂŽle de nouvelles rĂ©gions, notamment de lâĂtat de Borno, oĂč se concentrent 68,5% de ses attaques 1902 sur les 2777 attentats de Boko Haram au Nigeria. Ă partir de 2014, le théùtre dâopĂ©ration du groupuscule islamiste sâĂ©tend dans les pays frontaliers du lac Tchad, au nord du Cameroun, au Niger et au Tchad. Les attentats islamistes perpĂ©trĂ©s par Boko Haram 2009-mai 2021 Entre 2009 et mai 2021, Boko Haram a Ă©tĂ© responsable de attentats. Le bilan humain morts est particuliĂšrement cruel. Un nombre important de rĂ©fugiĂ©s ont fui leur ville, voire leur pays. Des femmes et des enfants ont mĂȘme Ă©tĂ© kidnappĂ©s afin de servir lâorganisation terroriste, comme ce fut le cas en avril 2014 de 276 lycĂ©ennes enlevĂ©es Ă Chibok Nigeria. Cibles de Boko Haram 2009-mai 2021 La majoritĂ© des victimes ont Ă©tĂ© des civils, notamment dans les Ă©coles oĂč lâenseignement est jugĂ© trop occidental entre 2009 et mai 2021, 92 institutions scolaires ont souffert de ces attaques terroristes. Les militaires qui luttent contre Boko Haram sont Ă©galement des cibles; de mĂȘme les villageois qui tentent de se dĂ©fendre en crĂ©ant une milice dâautodĂ©fense, et qui sont le plus souvent massacrĂ©s. Sâagissant de son mode opĂ©ratoire, on relĂšve que Boko Haram recourt massivement Ă lâattentat-suicide. Types dâarmes utilisĂ©es par Boko Haram 2009-mai 2021 Notes 7. Voir Marc Hecker, Ălie Tenenbaum, Al-QaĂŻda et Daech aprĂšs le califat, IFRI, Centre des Ă©tudes de sĂ©curitĂ©, janvier 2019. + - Le 23 mars 2019, grĂące aux forces arabo-kurdes soutenues par les Ătats-Unis, lâEI est dĂ©fait7. La fin du califat autoproclamĂ© est officielle avec la prise du dernier territoire syrien tenu par lâorganisation djihadiste. Mais, privĂ© de son bastion irako-syrien, lâEI ne perd pas toute sa capacitĂ© de nuisance et dĂ©centralise son activisme vers ses filiales. Ă partir des donnĂ©es que nous avons recensĂ©es, nous comptabilisons attentats morts Ă©manant de lâEI entre 2018 et fin mai 2021 attentats et morts en incluant Boko Haram. Cette liste est possiblement incomplĂšte, mais ces chiffres illustrent nĂ©anmoins la persistance de lâaction terroriste de lâEI. En tĂ©moignent les attentats meurtriers du 21 avril 2019 au Sri Lanka pendant le dimanche de PĂąques, ainsi que, le mĂȘme jour, les attaques contre trois policiers en Arabie saoudite. Lâattentat-suicide, le martyr » et la terreur Câest dâabord lors du conflit Iran-Iraq 1980-1988 que lâon parle des attaques-suicides ». Il sâagit dâune tactique de guerre. Le 30 octobre 1980, Mohammad Hossein Fahmideh, un chiite fanatique ĂągĂ© de 13 ans, se donne la mort en se jetant, grenade Ă la main, sous un tank. Au total, ce sont plusieurs milliers dâenfants iraniens ĂągĂ©s de moins de 16 ans qui se prĂ©cipiteront sur les champs de mines afin de provoquer leur explosion et permettre aux troupes de passer pour aller combattre au nom de la rĂ©publique islamique de Khomeyni8. Câest ensuite dans le cadre de la guerre du Liban que sont perpĂ©trĂ©s les premiers attentats-suicides ». Ă Beyrouth, le 23 octobre 1983, deux attentats-suicides orchestrĂ©s par le Hezbollah ciblent les contingents amĂ©ricain et français de la Force multinationale de sĂ©curitĂ©. Le premier entraĂźne la mort de 241 soldats amĂ©ricains, le second de 58 personnes, dont des parachutistes français et la famille libanaise dâun gardien dâimmeuble. Au total, 19 attentats-suicides seront commis entre 1979 et 2000. Ils reprĂ©sentent 0,9% des actes de violence islamiste dans le monde. Les attentats-suicides demandent peu de moyens, produisent des dĂ©gĂąts considĂ©rables et sont susceptibles dâavoir une rĂ©percussion mĂ©diatique maximale. En effet, le rĂ©cit de lâaction en est profondĂ©ment modifiĂ©. Ce nâest plus exactement un attentat perpĂ©trĂ© par un terroriste susceptible de ne courir aucun risque lui-mĂȘme ou dâavoir la vie sauve; il sâagit dâun martyr » qui accepte et conduit son propre sacrifice » pour une cause. Son impact est encore augmentĂ© par lâutilisation du nouvel ordre mĂ©diatique qui permet au martyr » de mettre en scĂšne sa mort en se filmant Ă lâaide de son smart- phone connectĂ© au Web. Les attentats-suicides islamistes dans le monde 1979-2000 Notes 10. Voir Robert A. Pape, The Strategic Logic of Suicide Terrorism », The American Political Science Review, vol. 97, no 3, aoĂ»t 2003, p. 343-361, ou Scott Atran, The Moral Logic and Growth of Suicide Terrorism », The Washington Quarterly, vol. 29, no 2, printemps 2006, p. 127-147. + - 11. Voir Ehud Sprinzak, Rational Fanatics », Foreign Policy, no 120, septembre-octobre 2000, p. 66-73. + - 12. Pour les annĂ©es 2020 et 2021, les attentats-suicides ne sont pas identifiables dans la base de donnĂ©es de lâArmed Conflict and Event Data Project ACLED. + - Entre 2001 et 2012, le recours aux attentats-suicides a fortement progressĂ© 679, pour reprĂ©senter alors 8,2% de lâensemble des attentats islamiques Le rĂ©cit du martyr djihadiste est soigneusement Ă©laborĂ© et entretenu par les islamistes radicaux; leurs efforts portent sur la valorisation religieuse du geste terroriste. Le terroriste » doit se considĂ©rer comme un shahid martyr. Ainsi, pour ces hommes et ces femmes qui, le plus souvent nâont pas 30 ans, lâacte de tuer en se donnant la mort nâest plus perçu comme un suicide â considĂ©rĂ© comme un pĂ©chĂ© â, mais il est supposĂ©, au contraire, tĂ©moigner dâune grande piĂ©tĂ© dans la mesure oĂč il nuit Ă des non-musulmans9. Si, dans lâopinion publique occidentale, lâauteur dâun attentat-suicide est le plus souvent associĂ© Ă lâidĂ©e dâun fanatique, dâune personne misĂ©rable ou psychologiquement dĂ©sĂ©quilibrĂ©e, un certain nombre dâĂ©tudes semblent contraster ce portrait en soulignant le niveau socio-culturel relativement Ă©levĂ© dâune majoritĂ© des terroristes morts dans des attentats- suicides10. Câest le cas, par exemple, au sein du Hamas et du Mouvement du Jihad islamique palestinien, dont les terroristes recourant Ă lâattentat-suicide sont gĂ©nĂ©ralement identifiĂ©s comme des individus diplĂŽmĂ©s du supĂ©rieur et issus des classes moyennes11. Sur la pĂ©riode 2013-201912, on a identifiĂ© attentats-suicides, soit 6,8% des attentats islamistes. Parmi les attentats menĂ©s par lâorganisation Ătat islamique et par Boko Haram, lâattentat-suicide est frĂ©quemment utilisĂ©. Il tĂ©moigne de la culture de la mort entretenue et dĂ©veloppĂ©e chez les jeunes djihadistes. Pour Boko Haram, nous avons recensĂ© 459 attentats-suicides entre 2013 et 2019, soit 18,9% de lâensemble des attentats imputables Ă ce groupe, tandis quâils reprĂ©sentent 9,4% du total des attentats commis par lâEI. Pour rĂ©aliser ses attentats-suicides, Boko Haram endoctrine, manipule, embrigade ou contraint avant tout des femmes, des adolescents et de trĂšs jeunes enfants. Les attentats-suicides islamistes dans le monde De la peur individuelle Ă la terreur collective Les diffĂ©rents types de terrorisme utilisent toutes les ressources tactiques, mĂ©diatiques, technologiques, etc. pour plonger les opinions publiques dans la stupeur. Par-delĂ leurs diffĂ©rences, ils ont en commun de dĂ©clencher et de rĂ©pandre un Ă©tat affectif individuel et collectif spĂ©cifique une peur extrĂȘme et un sentiment de vulnĂ©rabilitĂ© gĂ©nĂ©ralisĂ©e. Dans cette perspective, la terreur est une peur superlative [âŠ]. Les sources de la peur cessent dâĂȘtre prĂ©cisĂ©ment circonscrites. Et la peur devient plus durable et plus tenace. De plus, si la peur est individuelle, la terreur est collective lâattentat vise Ă plonger une communautĂ© entiĂšre dans un certain Ă©tat dâesprit. Lâaugmentation du nombre de victimes sert cette dynamique et conduit Ă lââhyperterrorismeâ, selon la formule forgĂ©e par François Heisbourg. Les attentats du 11-Septembre ont marquĂ© une rupture car ils ont cherchĂ© Ă faire un nombre de victimes dâun autre ordre que celui des attentats prĂ©cĂ©dents. Le but est alors la terreur Ă lâĂ©chelle planĂ©taire. » Cyrille Bret, Quâest-ce que le terrorisme ?, Vrin, 2018, p. 52-53. Russie Le terrorisme islamiste en Russie est liĂ© au conflit opposant lâĂtat central aux rebelles sĂ©paratistes issus de territoires musulmans situĂ©s dans la rĂ©gion du Caucase du Nord, notamment en TchĂ©tchĂ©nie et au Daghestan. Ă la suite de plusieurs siĂšcles de conflit avec le pouvoir central, les sĂ©paratistes tchĂ©tchĂšnes dĂ©clarent leur indĂ©pendance au moment de la fin de lâURSS, en 1991. La premiĂšre guerre de TchĂ©tchĂ©nie Ă©clate en 1994 et se solde par un Ă©chec de lâarmĂ©e russe qui est contrainte de se retirer du territoire. Cependant, le 3 octobre 1998, dans la rĂ©publique dâIngouchie, dans le Caucase du Nord, le groupe Loups dâislam assassine un membre du gouvernement russe quâils accusent de collaborer avec les services du FSB et, le 2 fĂ©vrier 1999, le groupe Sword of Islam sâattaque au ministĂšre de lâĂnergie Ă Grozny. Quelques mois plus tard, dans le cadre de la seconde guerre de TchĂ©tchĂ©nie, Moscou intervient Ă nouveau dâaoĂ»t 1999 Ă avril 2000, parvenant cette fois Ă instaurer un gouvernement favorable au pouvoir central. Le 11-Septembre permet aux autoritĂ©s russes dâintensifier la lutte contre les insurgĂ©s tchĂ©tchĂšnes. Il sâensuit une pĂ©riode violente de radicalisation islamiste de la lutte sĂ©paratiste, qui Ă©tend ses revendications Ă la crĂ©ation dâun Ătat islamique dans le Caucase du Nord. En moyenne, de 2001 Ă 2012, le terrorisme islamiste a tuĂ© 60 personnes par an. Parmi les 26 attentats ayant frappĂ© le pays au cours de cette pĂ©riode, deux actions terroristes ont particuliĂšrement marquĂ© lâopinion. Le 23 octobre 2002, des membres du groupe djihadiste tchĂ©tchĂšne du Special Purpose Islamic Regiment SPIR pĂ©nĂštrent dans le théùtre Dubrovka, Ă Moscou, et prennent 912 civils en otages. Deux ans plus tard, le 1er septembre 2004, un groupe de terroristes sâattaque Ă une Ă©cole 344 personnes, dont beaucoup dâenfants, sont tuĂ©es et on dĂ©nombre au moins 727 blessĂ©s. Cet attentat est revendiquĂ© par le Riyadus-Salikhin Reconnaissance and Sabotage Battalion of Chechen Martyrs, qui recours Ă lâattentat-suicide. Entre 2013 et mai 2021, le nombre dâactes terroristes a Ă©tĂ© en hausse, avec 57 attentats et 118 morts, dont 20 ont eu lieu dans la rĂ©publique du Daghestan. La Russie voit mĂȘme lâĂtat islamique gagner en influence sur ton territoire avec lâĂ©mergence de la Province du Caucase de lâĂtat islamique, qui revendique 29 attentats sur la pĂ©riode. Notes 1. Marc Julienne, La Chine, nouvel acteur de la lutte contre le terrorisme international », Les Champs de Mars, n° 30, supplĂ©ment, mai 2018, p. 276. + - Chine Depuis plusieurs dĂ©cennies, la Chine fait face Ă la menace terroriste de militants sĂ©paratistes issus de la communautĂ© des OuĂŻghours, une ethnie turcophone musulmane habitant principalement la province du Xinjiang, au nord-ouest du pays. Il existe parmi eux des militants islamistes, incluant dans leur revendication la crĂ©ation dâun Ătat islamique du Turkestan oriental. La radicalisation du conflit opposant les OuĂŻghours au pouvoir central chinois remonte Ă avril 1990, date Ă laquelle des OuĂŻghours manifestent massivement dans le district dâAkto afin de dĂ©noncer le refus des autoritĂ©s chinoises dây autoriser la construction dâune mosquĂ©e. Le gouvernement chinois mĂšne une sĂ©vĂšre rĂ©pression faisant plus de 60 morts. En 1996, les autoritĂ©s chinoises lancent la campagne Frapper fort », procĂ©dant Ă lâarrestation de personnes dans la province du Xinjiang. En fĂ©vrier 1997, une rĂ©volte voit plusieurs centaines de jeunes OuĂŻghours protester dans les rues pour la libĂ©ration de dignitaires religieux arrĂȘtĂ©s par la police Ă Guldja. La rĂ©pression fait 167 morts. Depuis 2001 et les attentats du 11-Septembre, le gouvernement chinois a repris le concept de guerre contre la terreur » et sâen sert pour renforcer ses dispositifs de lutte antiterroriste et de rĂ©pression contre les militants sĂ©paratistes issus de la minoritĂ© ouĂŻghour. Face Ă la rĂ©pression, nombre de OuĂŻghours fuient leur pays pour gagner la Turquie ou rejoindre des camps djihadistes en IndonĂ©sie ou au Pakistan. Selon le chercheur Marc Julienne, aujourdâhui, les militants âislamo-nationalistesâ ouĂŻghours sont prĂ©sents et connectĂ©s Ă dâautres rĂ©seaux en Asie centrale et du Sud-Est, sur la frontiĂšre pakistano-afghane, ainsi quâen Turquie et en Syrie1 ». Entre 2001 et mai 2021, selon notre estimation, le Parti islamique du Turkestan PIT, un groupe djihadiste ouĂŻghour proche dâal-Qaida depuis les annĂ©es 1990, a commis 6 attentats, provoquant la mort de 107 personnes. Parmi ces actions terroristes, notons le double attentat du 28 juillet 2014 dans la province du Xinjiang, contre des bureaux du gouvernement chinois ainsi quâun commissariat de police Ă Elixku et des civils Ă Huangdi. Les actes terroristes du PIT sont les seuls que nous avons considĂ©rĂ©s comme relevant dâune motivation islamiste claire dans le contexte chinois. Cependant, en se rĂ©fĂ©rant Ă ce que nous proposons comme estimation possible », on dĂ©nombre 97 attentats et 513 morts en recensant lâensemble des attentats perpĂ©trĂ©s par les sĂ©paratistes ouĂŻghours, dont la dimension religieuse, au-delĂ de la revendication politique, nâest pas clairement prĂ©pondĂ©rante. LâAfghanistan, pays le plus touchĂ© au monde Notes 15. Voir Carter Malkasian, The American War in Afghanistan. A History, Oxford University Press, 2021. + - En juin 2017, Donald Trump appelle Ă un retrait mili- taire de lâAfghanistan, mais les Ătats-Unis envoient alors prĂšs de soldats supplĂ©mentaires pour contenir lâavancĂ©e des talibans12. En octobre 2017, les forces afghanes contrĂŽlent encore 56% du territoire. Le 20 fĂ©vrier 2020, un accord est conclu entre les Ătats-Unis et les talibans afin de permettre le dĂ©part des forces amĂ©ricaines. Le 14 avril 2021, Joe Biden fixe officiellement le retrait des troupes au 11 septembre 2021, pour sortir dâune guerre sans fin »13. Au dĂ©but du mois de juillet 2021, les talibans affirment dĂ©tenir 85% du territoire14. Kaboul tombe le 15 aoĂ»t 2021. Les talibans sont de retour au pouvoir, vingt ans aprĂšs la dĂ©claration de guerre des Ătats-Unis15. Comme le rappelle The Economist, le bilan est rude LâAmĂ©rique se bat en Afghanistan depuis vingt ans. Les Ătats-Unis ont dĂ©pensĂ© plus de milliards de dollars dans cette guerre. Ils ont perdu des milliers de soldats et ont vu la mort de dizaines de milliers dâAfghans, soldats et civils. »16 La réédition actualisĂ©e de notre base de donnĂ©es Ă lâoccasion de la commĂ©moration des vingt ans du 11-Septembre montre que, depuis 1979, lâAfghanistan est le pays le plus touchĂ© par le terrorisme islamiste, aussi bien en nombre dâattentats que de victimes Le nombre de morts a doublĂ© entre 2014 et 2020 tĂ©moignant dâune montĂ©e en puissance de la violence prĂ©figurant la vitesse avec laquelle les talibans ont reconquis les territoires jusquâĂ la capitale, le 15 aoĂ»t 2021. Les attentats contre les cibles civiles ou militaires se sont multipliĂ©s. Entre 2017 et 2021, nous avons recensĂ© attaques contre des cibles militaires, contre des cibles policiĂšres, 979 contre des civils et 578 contre des cibles gouvernementales. Lors de la premiĂšre Ă©dition de cette Ă©tude, en octobre 2019, il ressortait de notre travail que lâĂtat islamique Ă©tait le groupe le plus meurtrier morts entre 1979 et 2019, devant les talibans et Boko Haram AprĂšs consolidation des donnĂ©es 2018- 2019 et en intĂ©grant lâannĂ©e 2020 ainsi que les cinq premiers mois de 2021, ce sont les talibans qui forment le groupe le plus meurtrier avec morts, suivis par lâĂtat islamique et Boko Haram Les attentats islamistes en Afghanistan 2017-mai 2021 En 2021, lâAfrique subsaharienne reste un intense foyer du terrorisme islamiste Nos donnĂ©es indiquent quâentre 2019 et mai 2021 lâAfrique subsaharienne est restĂ©e un important foyer du terrorisme islamiste 862 attentats et morts en 2019, attentats et morts en 2020, morts et attentats entre janvier et mai 2021. Entre 2019 et mai 2021, Boko Haram est restĂ© le groupe islamiste le plus actif et le plus meurtrier dans la rĂ©gion, avec attentats perpĂ©trĂ©s soit 25,1% de lâensemble des attentats islamistes perpĂ©trĂ©s en Afrique subsaharienne, faisant morts 36,4% de lâensemble des morts du terrorisme islamiste en Afrique subsaharienne. Al-Shabaab, avec 489 attentats et morts au total sur la pĂ©riode, est le deuxiĂšme groupe le plus meurtrier. Les pays les plus touchĂ©s sont principalement situĂ©s autour de la rĂ©gion du lac Tchad Nigeria morts, Niger morts,Burkina Faso 708 morts, Cameroun 662 morts, RĂ©publique dĂ©mocratique du Congo 630 morts, Mali 629 morts et Tchad 484 morts. Ă lâest, la Somalie compte un grand nombre de victimes du terrorisme islamiste morts, tout comme le Mozambique 911 morts. VI Partie Les territoires du terrorisme islamiste 1979-mai 2021 La globalisation du terrorisme islamiste peut dĂ©signer la visibilitĂ© planĂ©taire que le numĂ©rique assure Ă leurs attentats, mais elle peut aussi dĂ©signer une rĂ©alitĂ© gĂ©ographique peu ou prou, toutes les rĂ©gions du monde ont Ă©tĂ© frappĂ©es. Bien sĂ»r, les actes criminels commis varient considĂ©rablement selon les parties du monde. Sur le nombre dâattentats rĂ©pertoriĂ©s depuis 1979, la quasi-totalitĂ© 95,7%, soit attentats ont eu lieu dans les pays du Moyen-Orient et dâAfrique du Nord, de lâAsie du Sud et de lâAfrique subsaharienne. En ce qui concerne les morts, une proportion considĂ©rable 96,4%, soit morts a aussi Ă©tĂ© recensĂ©e dans ces trois rĂ©gions. IndĂ©niablement, lâOccident est moins touchĂ©. Cependant, lâEurope et les Ătats-Unis ont dĂ» faire face Ă une menace croissante et changeante, avec des attentats particuliĂšrement sanglants, comme aux Ătats-Unis en 2001, en Espagne en 2004, au Royaume-Uni en 2005, en France en 2015 et 2016. Autant de drames qui sont toujours trĂšs prĂ©sents dans la mĂ©moire collective. La guerre contre le terrorisme dure, elle, depuis plus de sept mille jours. La supĂ©rioritĂ© technologique et militaire des Occidentaux face aux djihadistes est encore plus flagrante quâen 1991 face Ă lâarmĂ©e irakienne. Et pourtant, les djihadistes ne sont pas demeurĂ©s spectateurs de leur dĂ©faite. Ils ont ingĂ©nieusement pratiquĂ© lâescrime de la stratĂ©gie et appris Ă esquiver, fatiguer, feindre et rompre autant quâĂ attaquer et menacer. Ils ne sont pas pour autant parvenus Ă rééditer un attentat aussi spectaculaire que celui du 11 Septembre, ni Ă conserver plus de quelques annĂ©es une assise territoriale comparable Ă celle dont ils bĂ©nĂ©ficiaient en Afghanistan avant 2001. » Marc Hecker, Ălie Tenenbaum, La Guerre de vingt ans. Djihadisme et contre-terrorisme au XXIe siĂšcle, Robert Laffont, avril 2021, introduction. Copyright * Lors de la premiĂšre Ă©dition de cette Ă©tude, publiĂ©e en 2019, les attentats islamistes perpĂ©trĂ©s au Royaume-Uni Ă©taient comptabilisĂ©s dans la fiche Union europĂ©enne. Ce nâest plus le cas dans cette deuxiĂšme Ă©dition, suite Ă la sortie effective du Royaume-Uni de lâUnion le 31 janvier 2020. VII Partie Les pays les plus touchĂ©s 1979-mai 2021 Sur la pĂ©riode Ă©tudiĂ©e, 81 pays ont subi au moins un attentat islamiste. Parmi ces pays, 18 sont des pays europĂ©ens 19 en comptant la Russie. Parmi ces pays europĂ©ens, 14 sont membres de lâUnion europĂ©enne. Sur ces 81 pays, 30 sont des dĂ©mocraties1. GrĂące aux donnĂ©es rassemblĂ©es, on voit que, au cours des quarante derniĂšres annĂ©es, les pays les plus touchĂ©s par des attentats islamistes sont ceux qui ont connu des pĂ©riodes de guerre lâAfghanistan, lâIraq, la Somalie⊠La plupart des 81 pays victimes de la violence islamiste sont des pays pauvres. Enfin, il faut noter que lâimmense majoritĂ© 89,5% des attentats islamistes ont Ă©tĂ© commis dans des pays musulmans. Par voie de consĂ©quence, la plupart des morts provoquĂ©es par des attentats islamistes 91,7% sont aussi enregistrĂ©es dans des pays musulmans. Ces chiffres sous-estiment la rĂ©alitĂ© puisquâils ne prennent pas en compte les attentats islamistes perpĂ©trĂ©s dans des pays Ă majoritĂ© non musulmane oĂč des populations musulmanes sont concentrĂ©es dans certaines provinces. La plupart des vies perdues sont donc celles de Les 81 pays touchĂ©s par le terrorisme islamiste dans le monde 1979-mai 2021 Copyright *Cette fiche pays ne peut pas prendre en compte les estimations de la dĂ©cennie noire de 1991 Ă 2002 qui selon les sources varient entre morts et morts du terrorisme islamiste. Dans le prolongement de notre Ă©tude sur le terrorisme islamiste, nous proposons une carte interactive des attentats islamistes comptabilisĂ©s entre 1979 et 2019, en libre accĂšs sur Cette carte intĂ©ractive a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e en 2020 et se base donc sur la base de donnĂ©es de la premiĂšre Ă©dition de lâĂ©tude. Nos derniĂšres Ă©tudes Commentaires 0 Commentaires 0 Aucun commentaire.
Selon lâĂ©tude, la France pourrait compter entre 12 et 18 % de musulmans en 2050. Pays ayant un nombre de musulmans sur leur territoire compris entre moins de 10 000 000 et plus de 1 000 000 dans lâordre dĂ©croissant selon les recensements ou les estimations effectuĂ©s entre 2010 et 2014. Les chrĂ©tiens dans le monde c'est en 2020 2,3 milliards, soit 1/3 de la population mondiale, formant le premier groupe religieux devant les musulmans. Claire Jenik , 26 aoĂ»t 2021. L' info pas comme les autres ! 1. LA JOURNĂE INTERNATIONALE DU VIVRE ENSEMBLE EN PAIX. Les Ătats possĂ©dant les plus fortes proportions d'adhĂ©rents Ă l'islam en % de la population totale du monde sont â entre autres â l' Afghanistan, l' Iran, l' Iraq, le Maroc, et la Mauritanie. Il est fort probable que dâapres ces estimations, lâislam soit la 2Ăšme religion du monde comptant le plus dâadepte aprĂšs le christianisme. Cette rencontre sera animĂ©e par Isabelle Francq, rĂ©dactrice en chef adjointe des hors-sĂ©ries rencontres seniors amiens Utilisateurs Utilisateurs des pays arabes, de lEurope, des Ătats-Unis et du monde entier. Ă l'horizon 2020, la France est encore en tĂȘte du classement. 28/07/2021. Contacter France MĂ©dias NumĂ©rique par tĂ©lĂ©phone Pour toutes vos questions relatives aux campagnes de publicitĂ© sur France MĂ©dias NumĂ©rique, vous pouvez joindre un commercial directement au 06 19 25 75 88. Ù
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ۧŰȘÛÚ© Les plus grandes populations musulmanes se trouvent en Asie du Sud-Est, au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. nathalie baye et johnny rupture PubliĂ© le 5 juin 2022. Ăšre NumĂ©rique Synonyme, Comment Savoir Si ⊠Une trentaine de personnes ont Ă©tĂ© condamnĂ©es Ă mort dans un procĂšs pour leur participation aux violences entre deux franges de la communautĂ© ⊠AmĂ©rique Chaque annĂ©e, la North America Jewish Data Bank publie, actuellement sous la direction de Sergio DellaPergola, un rapport fournissant les derniĂšres donnĂ©es quant au nombre de Juifs par pays [1].Selon ces estimations pour 2013, la population mondiale de Juifs est de 13,9 millions, la fourchette variant de 13,9 Ă 18,2 millions, selon la façon dont on dĂ©finit ⊠Lâinstitut propoÂsait aussi des projecÂtions Ă lâhorizon de 2050 selon le niveau de migraÂtion estimĂ©e. Par. RETOUR AU SITE. Population selon la religion en France 2020. Une trentaine de personnes ont Ă©tĂ© condamnĂ©es Ă mort dans un procĂšs pour leur participation aux violences entre deux franges de la communautĂ© ⊠Selon le Pew Research Center en 2010, 49 pays ont une majoritĂ© de population musulmane [1].Au dĂ©but des AnnĂ©es 2020, les pays qui comptent le plus de musulmans sont l'IndonĂ©sie, suivi de l'Inde et du Pakistan [2].L'islam est constamment ramenĂ© Ă son arabitĂ© de par ses origines, mais les Arabes ne reprĂ©sentent seulement que 21 % des musulmans dans ⊠jurer sur la tĂȘte de quelqu'un et mentir; autorisation parentale engagement militaire. Journaliste 1979 - 2021 PubliĂ© le 26/05/2022 ... Ăvolution du nombre de pays dans le monde. ... â L'Obs lobs April 12, 2021. C'est celle qui fait preuve de la croissance la plus rapide Ă l'Ă©chelle mondiale et canadienne. Les ambitions des terroristes diffĂšrent selon le pays oĂč ils opĂšrent. Washington, 6 fĂ©vrier 2011 Apic Le nombre de musulmans dans le monde va croĂźtre de 35% ces 20 prochaines annĂ©es, passant de 1,6 milliard en 2010 Ă 2,2 milliards en 2030, selon les donnĂ©es fournies par le Pew Forum on Religion & Public Life», un projet du Pew Research Center for the People and the Press» Ă Washington. Principaux pays producteurs de blĂ© dans le monde 2016-2021 Prix annuel du pĂ©trole de l'OPEP, 1960-2021 ... Nombre de musulmans cĂ©lĂ©brant le ramadan dans le monde en 2020 2,15 Mrd DĂ©mographie. Les musulmans du Canada rĂ©alitĂ©s, enjeux et perspectives. liqueur de gingembre antillaise; formation secrĂ©taire mĂ©dicale pĂŽle emploi; gĂąteau diĂ©tĂ©tique sans sucre; force exercĂ©e sur un objet immobile; latinoamĂ©rica calle 13 explication; nombre de musulmans monde 2021. RENCONTRE MUSULMANS MONDE Nov 15, 2021 dans lauditorium du Groupe Le M
Dans les rues de Luanda, Ă la veille des Ă©lections lĂ©gislatives qui dĂ©cideront du prochain prĂ©sident angolais, ils sont nombreux Ă espĂ©rer un "changement". Car dans la capitale d'un des pays les plus inĂ©galitaires au monde, les disparitĂ©s sont toujours est appelĂ© Ă Ă©lire ses dĂ©putĂ©s mercredi, le candidat du parti majoritaire deviendra chef de l'Etat. L'ancienne colonie portugaise est dirigĂ©e par le Mouvement populaire de libĂ©ration de l'Angola MPLA depuis son indĂ©pendance en 1975. Mais cette fois, le scrutin s'annonce serrĂ© avec une opposition revigorĂ©e autour de son premier parti, l' le centre historique de la capitale, la manne pĂ©troliĂšre du pays riche en ressources naturelles a fait pousser des gratte-ciel entre les bĂątisses coloniales. Les 4x4 rutilants et les minibus taxis utilisĂ©s par les classes populaires s'entrechoquent dans d'interminables embouteillages, sous l'oeil de policiers Ă chaque pendant que la majoritĂ© d'une population de 33 millions d'Angolais vivote en attendant des jours meilleurs, l'Ă©lite trinque sur les terrasses branchĂ©es de Luanda, ville rĂ©putĂ©e la plus chĂšre du continent africain. La bourgeoisie angolaise semble plus prĂ©occupĂ©e par les selfies en bord de mer que par la une place bordĂ©e de palmiers, des drapeaux rouges-noirs et des haut-parleurs perturbent un instant la quiĂ©tude de l'aprĂšs-midi c'est une "maratona", une fĂȘte de rue organisĂ©e par le MPLA. Il n'y a pas foule."Notre prĂ©sident s'est attaquĂ© Ă la corruption. Vous savez, il faut des riches pour gouverner un pays. Un dirigeant pauvre, c'est un dirigeant facile Ă corrompre", explique Ă l'AFP Simao Dos Santos, militant du parti, arborant une onĂ©reuse montre connectĂ©e au poignet. "Le MPLA est le seul parti qui peut changer nos vies et notre pays".Joao Lourenço, Ă©lu en 2017 et candidat Ă un deuxiĂšme mandat, a lancĂ© une vigoureuse campagne de lutte contre la corruption pour rĂ©cupĂ©rer des milliards soupçonnĂ©s avoir Ă©tĂ© dĂ©tournĂ©s sous la prĂ©sidence de son prĂ©dĂ©cesseur, JosĂ© Eduardo dos Santos."Candidat du peuple"Lui et son adversaire, Adalberto Costa Junior, se disputent sur les affiches le titre de "candidat du peuple", mĂȘme si en Angola, "les candidats sont toujours issus de l'Ă©lite", souligne l'analyste politique indĂ©pendante, Marisa Lourenço. Le temps des Ă©lections, les classes modestes sont Ă Viana, une immense citĂ© de parpaing et de tĂŽle en pĂ©riphĂ©rie de la capitale angolaise, l'exaspĂ©ration domine."Je gagne environ kwanzas par jour 2,80 euros, ndlr, pas assez pour vivre. Tout est cher, les prix augmentent et nous gagnons des miettes", peste Gabriel, 37 ans, tout juste dĂ©barquĂ© d'un minibus au bord de la voie rapide."Ca fait des annĂ©es que nous votons, sans rĂ©sultat. Je ne peux mĂȘme pas payer l'Ă©cole pour mes enfants", dĂ©plore le vendeur de moitiĂ© de la population vivait avec moins de 1,90 dollar par jour en 2020, selon la Banque Mondole, une autre habitante, dit ne pas se soucier de la politique "Je veux voter pour celui qui me donne du travail. Mais qui va me donner du travail ? Personne".MalgrĂ© des Ă©tudes, son fils est Ă la rue, raconte-t-elle. "Nous sommes pauvres, nous ne gagnons rien".Dans ce quartier populaire, l'opposition a les faveurs d'une jeunesse minĂ©e par le chĂŽmage. L'Ăąge mĂ©dian en Angola est de 16 ans. Les vendeurs de rue ont des avis bien prĂ©cis sur la politique et parlent un portugais chĂątiĂ©."Vive le MPLA !", lance soudain un jeune tĂ©mĂ©raire. "Oh, va-t-en toi ! Ne l'Ă©coutez pas, il est saoul, nous on vote tous pour l'Unita", rĂ©pondent les nombre de quartiers populaires sont encore acquis au MPLA au pouvoir. Le parti historique est de plus en plus impopulaire, mais il peut encore compter sur son aura de vainqueur de la lutte pour l' 134734 - Luanda AFP - © 2022 AFP
par Mis Ă jour le 23/02/2021 Les Ătats d'Afrique comptant le plus grand nombre de musulmans sont le Nigeria, l'Ăgypte, l'AlgĂ©rie, le Soudan, et l'Ăthiopie. Les pays du continent ayant les plus petites communautĂ©s musulmanes sont â entre autres â le Cap-Vert, l'Eswatini, le Lesotho, la Namibie, et les Seychelles. Ă l'Ă©chelle rĂ©gionale, les adhĂ©rents Ă l'islam sont environ 329,7 millions en Afrique subsaharienne et 184 millions en Afrique du Nord en 2020, contre respectivement 248,4 millions et 160,2 millions en 2010. â¶ VOIR AUSSI â Cartes du monde relatives Ă l'islam â Classement des Ătats du monde selon la part des musulmans % â Classement des Ătats du monde par nombre de musulmans chiites â Classement des Ătats du monde par nombre de musulmans sunnites â Classement des religions/croyances par nombre d'adhĂ©rents PublicitĂ© Classement par zone gĂ©ographique Population faible Population Ă©levĂ©e Classement des Ătats et territoires d'Afrique par nombre de musulmansSource Religious Composition by Country, 2010-2050, Religion & Public Life, Pew Research Center. Rang Ătat ou territoire Nombre de musulmans 2010 2020 © Nigeria 77 300 000 104 650 000 Ăgypte 76 990 000 90 420 000 AlgĂ©rie 34 730 000 39 430 000 Soudan 30 490 000 38 430 000 Ăthiopie 28 680 000 36 290 000 Maroc 31 930 000 35 510 000 Niger 15 270 000 21 660 000 Tanzanie 15 770 000 20 950 000 Mali 14 510 000 19 610 000 SĂ©nĂ©gal 11 980 000 15 480 000 Burkina Faso 10 150 000 14 240 000 Somalie 9 310 000 12 110 000 Tunisie 10 430 000 11 440 000 GuinĂ©e 8 430 000 10 800 000 CĂŽte d'Ivoire 7 390 000 9 040 000 Tchad 6 210 000 8 090 000 Libye 6 140 000 7 170 000 Sierra Leone 4 580 000 5 620 000 Kenya 3 920 000 5 550 000 Ouganda 3 840 000 5 550 000 Ghana 3 860 000 5 300 000 Mozambique 4 200 000 5 000 000 Cameroun 3 590 000 4 640 000 Mauritanie 3 430 000 4 310 000 BĂ©nin 2 110 000 2 830 000 Malawi 1 930 000 2 660 000 ĂrythrĂ©e 1 920 000 2 460 000 Gambie 1 640 000 2 260 000 Congo RDC 970 000 1 310 000 Djibouti 860 000 1 030 000 Togo 840 000 1 020 000 Afrique du Sud 860 000 1 010 000 Comores 720 000 940 000 GuinĂ©e-Bissau 680 000 850 000 Madagascar 620 000 850 000 Soudan du Sud 610 000 770 000 Liberia 480 000 610 000 Sahara occidental 530 000 610 000 Centrafrique 370 000 480 000 Rwanda 190 000 310 000 Burundi 230 000 290 000 Mayotte France 200 000 270 000 Gabon 170 000 230 000 Maurice 220 000 230 000 Zimbabwe 110 000 140 000 Zambie 70 000 110 000 Congo 50 000 60 000 Angola 40 000 50 000 RĂ©union France 40 000 40 000 GuinĂ©e Ă©quatoriale 30 000 30 000 Botswana <10 000 20 000 Cap-Vert <10 000 <10 000 Eswatini <10 000 <10 000 Lesotho <10 000 <10 000 Namibie <10 000 <10 000 Sainte-HĂ©lĂšne Royaume-Uni <10 000 <10 000 Sao TomĂ©-et-Principe <10 000 <10 000 Seychelles <10 000 <10 000 Note Pour de plus amples informations concernant les statistiques relatives aux croyances/religions issues des recensements nationaux officiels, veuillez consulter les fiches des Ătats et territoires du monde d' en cliquant ici.
par Mis Ă jour le 27/02/2021 Les Ătats comptant le plus grand nombre de musulmans chiites au monde sont l'Iran, l'Inde, le Pakistan, l'Iraq, et la Turquie. Les pays ayant les plus petites communautĂ©s d'adhĂ©rents au chiisme sont â entre autres â l'Albanie, la Palestine, le Qatar, Oman, et le Tadjikistan. Ă l'Ă©chelle mondiale, les adhĂ©rents Ă l'islam chiite sont environ 206,3 millions en 2020, contre 190,12 millions en 2010. Sur les origines de l'islam chiite ou chiisme L'islam chiite ou chiisme â dĂ©rivĂ© de l'arabe shi'a signifiant partisans » ou disciples » â est le deuxiĂšme courant de l'islam en nombre d'adhĂ©rents aprĂšs l'islam sunnite ou sunnisme. Cette branche de l'islam soutient que le prophĂšte Muhammad ou Mahomet » dans le monde francophone a dĂ©signĂ© avant sa mort Ali ibn Abi Talib comme son successeur, chef spirituel/politique et premier Imam aprĂšs lui, mais qu'Ali a Ă©tĂ© empĂȘchĂ© de succĂ©der Ă Muhammad en raison du choix opĂ©rĂ© par les autres compagnons du prophĂšte. Cette interprĂ©tation religieuse, politique et historique s'oppose avec celle de l'islam sunnite, dont les adhĂ©rents croient que Muhammad n'a pas nommĂ© de successeur avant sa mort et considĂšrent qu'Abu Bakr As-Siddiq â Ă©lu calife par un groupe de musulmans de haut rang â est le premier calife lĂ©gitime aprĂšs Muhammad. La premiĂšre Ă©cole juridique madhhab d'inspiration chiite est fondĂ©e par Ja'far al-SĂądiq 702-765, descendant direct de Muhammad et sixiĂšme imam de l'islam chiite duodĂ©cimain. Les enseignements de la Ja'fariya ou jafarisme sont dispensĂ©s auprĂšs des adhĂ©rents au chiisme dans divers pays du monde, notamment en Iran, en Iraq, en AzerbaĂŻdjan, en Afghanistan, au Pakistan et en Inde. Ă la fin de la premiĂšre dĂ©cennie du XXIe siĂšcle, en raison de divergences relatives Ă la succession de certains Imams, le courant chiite est dĂ©sormais divisĂ© en plusieurs groupes dont le chiisme duodĂ©cimain qui regroupe environ 85 % des chiites Ă travers le monde majoritaire en AzerbaĂŻdjan, Ă BahreĂŻn, en Iran, en Iraq et reprĂ©sente 30,5 % de la population du Liban, l'ismaĂ©lisme ou chiisme septimain essentiellement prĂ©sent au Tadjikistan, le zaĂŻdisme principalement implantĂ© au YĂ©men et en Arabie saoudite, l'alĂ©visme environ 25 millions d'adhĂ©rents en Turquie, l'alaouisme 20 % de la population en Syrie, et le druzisme environ 10 % des Libanais et 10 % des Syriens. Note La signification du terme imam » diffĂšre entre l'islam sunnite et l'islam chiite. Pour l'islam sunnite , un imam » dĂ©signe une personne chargĂ©e de diriger la priĂšre dans la mosquĂ©e. Cependant, pour l'islam chiite, le mot Imam » ne s'applique qu'aux membres de la famille de Muhammad dĂ©signĂ©s comme infaillibles par le prĂ©cĂ©dent Imam. En outre, les musulmans chiites croient que seuls ces Imams » peuvent prĂ©tendre Ă ĂȘtre des califes, signifiant ainsi que tous les autres califes, qu'ils soient Ă©lus par consensus ou non, sont des usurpateurs du califat. â¶ VOIR AUSSI â Cartes du monde relatives Ă l'islam chiite â Classement des Ătats du monde selon la part des adhĂ©rents au chiisme % â Classement des Ătats du monde par nombre de musulmans sunnites â Classement des Ătats du monde par nombre de musulmans â Classement des religions/croyances par nombre d'adhĂ©rents PublicitĂ© Classement par zone gĂ©ographique Population faible Population Ă©levĂ©e Classement des Ătats et territoires du monde par nombre de musulmans chiitesSources Recensements nationaux ; Pew Research Center ; The World Factbook, Central Intelligence Agency. [Sources dĂ©taillĂ©es] Rang Ătat ou territoire Nombre de musulmans chiites 2009 2020 © Iran 70 640 060 75 633 973est. 2017 Inde 51 546 000 55 806 000est. 2017 Pakistan 26 913 750 31 834 200est. 2017 Iraq 14 989 464 21 320 4482015 Turquie 12 799 850 14 632 4502019 YĂ©men 10 489 513 12 824 100est. 2018 AzerbaĂŻdjan 8 338 608 7 442 3682012 Arabie saoudite 3 431 000 4 277 250est. 2019 Nigeria 2 000 000 4 000 000est. 2020 Afghanistan 4 320 450 3 306 1282014 Bangladesh 3 042 980 3 293 380est. 2017 Tanzanie 1 997 7
nombre de musulmans dans le monde 2021