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RĂ©sumĂ©: SĂ©parĂ©e de son pĂšre vivant en Afrique par la crise sanitaire relative Ă  la pandĂ©mie de Covid-19, Chimamanda Ngozi Adichie ne peut quitter les États-Unis pour lui faire ses adieux. Sous la forme de notes, l'Ă©crivaine Ă©voque le chagrin et la rage ressentis devant ce deuil impossible, saluant la mĂ©moire d'un homme qui a traversĂ© plusieurs Ă©poques de l'histoire du Maisen rĂ©sumĂ© la ville sera complĂštement Ă  faire renaĂźtre de ses cendres. (Journal La Presse du 3 octobre 1918) Estaires - Ruines hĂŽtel de ville 1918 — Ruines Grand'place et Grand'rue 1918 Formations musicales actives Ă  Estaires en 1909 : Musique municipale (harmonie), prĂ©sident Fenart Bossu, direction A. Quesnay, 77 exĂ©cutants ; Union des SĂ©nĂ©galais il a Ă©tĂ© tirailleur Ă  Verdun. LĂ -bas, il a Ă©tĂ© gazĂ©. Il porte secours Ă  GocĂ©nĂ© et Ă  Badimoin, gare de l'Est, les aide Ă  Ă©chapper Ă  la police. "— On a un peu la mĂȘme couleur, bien quevous ne veniez pas d’Afrique, et quand des Noirs sont poursuivis par des policiers, je ne sais pas pourquoi, je suis du cĂŽtĂ© des Noirs Moi, je suis sĂ©nĂ©galais. Je suis nĂ© en UnhĂ©ros de la PremiĂšre Guerre mondiale. En cette annĂ©e 1915, Tierno, jeune Peuhl de 17 ans a Ă©tĂ© choisi pour aller au lycĂ©e Ă  Dakar, mais enrĂŽlĂ© de force par un adjudant peu scrupuleux, il se retrouve “tirailleur sĂ©nĂ©galais” et part en France pour l’enfer des tranchĂ©es et l’horreur des premiĂšres lignes Yves Pinguilly qui connaĂźt bien l’Afrique noire, nous donne ici VeliborColic , Les Bosniaques. 4 mars 2014 Non classĂ© Claude Carpentier. Les Bosniaques, Velibor Colic, 1994, traduction de Mireille Robin, 2000. Ecrivain nĂ© en 1964 en Bosnie , Velibor Colic perd tout pendant la guerre. EnrĂŽlĂ© dans l’armĂ©e bosniaque et dĂ©serteur, il fera l’expĂ©rience des combats et de l’emprisonnement. Rencontre Femme Marocaine Ile De France. Le contexte de l’Ɠuvre En 1921 a Ă©tĂ© créé Ă  Paris le ComitĂ© aux hĂ©ros de l’ArmĂ©e noire prĂ©sidĂ© par le gĂ©nĂ©ral Louis ARCHINARD, ancien commandant supĂ©rieur du Soudan français, assistĂ© du gĂ©nĂ©ral MARCHAND. Ce comitĂ©, placĂ© sous le haut patronage du prĂ©sident de la RĂ©publique, du prĂ©sident du Conseil, des ministres des Affaires Ă©trangĂšres, de la Guerre et des Colonies, du commissaire gĂ©nĂ©ral des Troupes noires et des marĂ©chaux de France, avait pour mission de faire Ă©riger en mĂ©tropole et en Afrique, un monument Ă  la mĂ©moire des soldats indigĂšnes morts pour la France au cours de la 1Ăšre guerre mondiale, Ă  l’aide des souscriptions des communes de France et des Amis des Troupes noires françaises ». Deux villes ont Ă©tĂ© rapidement retenues Reims en mĂ©tropole, et Bamako capitale du Soudan français actuel Mali , sur les rives du Niger en Afrique. Édouard Daladier, ministre des Colonies, Ă  la tribune Photographie conservĂ©e au musĂ©e Saint-Remi de Reims La description du monument de Reims rĂ©plique de celui de Bamako Le monument Ă  l’ArmĂ©e noire de Reims est l’Ɠuvre de deux Parisiens, le sculpteur Paul MOREAU-VAUTHIER et l’architecte Auguste BLUYSEN. Il Ă©tait constituĂ© d’un socle en granit de 4 mĂštres de haut rapportĂ© d’Afrique, en forme de Tata », fortin traditionnel africain, sur lequel Ă©taient gravĂ©s les noms des principales batailles de la 1Ăšre guerre mondiale au cours desquelles les troupes africaines ont Ă©tĂ© engagĂ©es. Ce socle Ă©tait surmontĂ© d’un bronze de trois mĂštres de haut reprĂ©sentant un groupe de soldats du corps d’armĂ©e colonial constituĂ© de quatre tirailleurs africains rassemblĂ©s autour d’un drapeau français portĂ© par un officier blanc. C’est un groupe de cinq combattants. Un sous-lieutenant imberbe Ă©treint un drapeau tandis qu’à sa droite, un tirailleur en chĂ©chia semble guetter encore l’ennemi, du cĂŽtĂ© de la Pompelle. À gauche, un autre tirailleur semble avoir Ă©tĂ© surpris au moment oĂč il se lĂšve pour sortir de la tranchĂ©e. DerriĂšre, deux colosses noirs semblent dire Nous sommes lĂ , si l’on a besoin de nous ». Un murmure d’admiration parcourt la foule, qui reconnaĂźt le symbole du dĂ©vouement et de la fidĂ©litĂ© de nos soldats noirs. L’Éclaireur de l’Est, 14 juillet 1924 Le monument Aux hĂ©ros de l’ArmĂ©e noire », Ă©rigĂ© Ă  Reims en tĂ©moignage de reconnaissance envers les Enfants d’adoption de la France, morts en combattant pour la LibertĂ© et la Civilisation », Ă©tait la rĂ©plique du monument inaugurĂ© le 3 janvier 1924 Ă  Bamako. Le monument de Bamako Archives municipales et communautaires de Reims Le monument dĂ©mantelĂ© par les autoritĂ©s allemandes d’occupation en septembre 1940 Pendant la 2e guerre mondiale, dĂšs le dĂ©but de l’Occupation, la statuaire de bronze a Ă©tĂ© dĂ©montĂ©e par les Allemands, embarquĂ©e sur un wagon de chemin de fer pour une destination inconnue. Elle a sans doute Ă©tĂ© fondue pour en rĂ©cupĂ©rer le mĂ©tal, tandis que le socle du monument Ă©tait dĂ©truit. Marcel COCSET est parvenu Ă  photographier clandestinement l’enlĂšvement du monument en septembre 1940, puis des membres de sa famille venus dĂ©poser des fleurs Ă  l’emplacement du monument disparu au dĂ©but du mois d’octobre 1940. En 1961, la municipalitĂ© de Reims et la dĂ©lĂ©gation locale de l’Association française des coloniaux et anciens combattants d’outre-mer ont pris l’initiative de crĂ©er un ComitĂ© du Monument aux soldats d’outre-mer Ă  Reims, dĂ©clarĂ© en sous-prĂ©fecture le 30 mars 1961, dont la mission Ă©tait de faire Ă©difier Ă  Reims un Monument en remplacement du Monument Ă  l’ArmĂ©e noire dĂ©truit sous l’Occupation ». Le monument de 1963, dĂ©signĂ© sous le nom de Monument aux soldats d’Outre-mer par le ComitĂ© d’érection et qualifiĂ© de Monument Ă  la mĂ©moire des morts de l’ArmĂ©e noire sur le dĂ©cret ministĂ©riel approuvant son Ă©rection, est constituĂ© de deux obĂ©lisques de 7 mĂštres de haut en pierre d’Eurville, Ă©rigĂ©s sur un bloc d’une tonne, et entourĂ© d’un dallage de schistes de Rimogne. Les deux obĂ©lisques symbolisent l’union des combattants mĂ©tropolitains et africains, et le bloc la rĂ©sistance de Reims et de ses dĂ©fenseurs pendant la 1Ăšre guerre mondiale. En 2008 la Ville de Reims prenait l’initiative de reconstruire Ă  l’identique le Monument aux hĂ©ros de l’ArmĂ©e noire Ă©rigĂ©e en 1924 Voici une reproduction de l’Ɠuvre historique, par l’artiste Jean-François Gavoty, mise en place Ă  l’automne 2013, visible aujourd’hui au parc de Champagne Le monument reconstruit aujourd’hui au parc de Champagne. Ted Yoho, un membre rĂ©publicain du CongrĂšs amĂ©ricain, aurait Ă©tĂ© surpris en train d’invectiver la reprĂ©sentante politique sur les marches du Capitole. Depuis, il a prĂ©sentĂ© ses excuses Ă  Alexandria Ocasio-Cortez pour ces propos insultants. Mais la dĂ©mocrate a balayĂ© du revers de la main ses excuses, dans un discours prononcĂ© le jeudi 23 juillet 2020. Je ne demandais rien Ă  personne, je montais les marches, et Ted Yoho a agitĂ© son doigt sous mon nez, a-t-elle expliquĂ©, le jeudi 23 juillet. Il m’a dit que j’étais dĂ©goutante ». Il m’a dit que j’étais folle ». Avant d’ajouter Devant un journaliste, Ted Yoho m’a traitĂ©e – je cite – de put*** de sal*** ». Ce sont les termes qu’il a employĂ©s contre une femme membre du CongrĂšs.» La dĂ©mocrate a ainsi refusĂ© les excuses du RĂ©publicain. Traiter une femme de salope est ce du sexisme Ă  votre avis ? Est ce grave ou pas du tout ? Vous rĂ©pondrez Ă  ces deux questions en introduction . Ecoutez la formidable rĂ©ponse d’ Alexandria Ocasio-Cortez Ă  l’agression dont elle a Ă©tĂ© victime . Vous devez dĂ©velopper une rĂ©ponse , sans reprendre ses mots et en vous aidant de la vidĂ©o ci dessous , pour ces 2 questions Pourquoi et comment notre sociĂ©tĂ© doit elle lutter contre les violences verbales ordinaires contre les femmes ? POUR ALLER PLUS LOIN
 Depuis le 27 novembre 2018, un nouveau service en ligne permet de discuter en direct avec un policier ou un gendarme spĂ©cialiste des violences sexistes ou sexuelles, 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24. Vous pouvez lui expliquer votre situation personnelle sans donner votre identitĂ©, signaler des faits de violences sexuelles et/ou sexistes dont vous ĂȘtes victime ou tĂ©moin. Vous pouvez aussi demander des informations, des conseils ou de l’aide. Chantage, humiliation, injures, coups
 Les femmes victimes de violences peuvent contacter le 3919. Pour ceux qui souhaitent enregistrer leur voix sur une image ou une vidĂ©o, rien de plus simple, suivez le mode d’emploi ci dessus ! PĂ©riode historique XXĂš siĂšcle La PremiĂšre Guerre mondiale Type de document Roman Auteur PINGUILLY YvesEditeur Nathan Collection Les Romans de la mĂ©moire NathanAnnĂ©e d'Ă©dition 2008 A partir de 11 ans. ISBN 2-0925-2088-1 Prix 5,95 € Fiche du livre Avis des lecteurs RĂ©sumĂ© Tierno et Aboubacar quittent leur village africain respectif pour aller Ă  Dakar, Ă  l'Ă©cole militaire des Blancs. Pourtant, c'est une toute autre destination qu'ils suivent, contraints. Ils se rendent en France pour intĂ©grer les rĂ©giments dĂ©jĂ  au front, Ă  Verdun. La guerre foudroie tous ces hommes engagĂ©s volontairement ou non, Blancs ou Noirs, qui dĂ©fendent la patrie. L'avis d'Histoire d'en lire Yves Pinguilly a raison de mettre en avant la participation des soldats africains, intĂ©grĂ©s aux rĂ©giments français pendant la PremiĂšre Guerre mondiale. Tout en montrant certaines diffĂ©rences de traitement entre les soldats blancs et noirs, il ajoute plusieurs touches d'humanitĂ© et malgrĂ© aussi les atrocitĂ©s provoquĂ©es par cette guerre. Un bel hommage aux poilus, de toutes origines. Bien que ce roman soit court, Un Tirailleur en enfer Verdun 1916 s'adresse davantage Ă  des jeunes de collĂšge, le vocabulaire Ă©tant un peu complexe, malgrĂ© l'aide du lexique en fin de livre. En dehors de son aspect "documentaire", le rĂ©cit en lui-mĂȘme manque de force sur un tel sujet. Note Un Tirailleur en enfer Verdun 1916 a Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ© par le MinistĂšre de l’Éducation nationale pour le niveau CollĂšge dans la catĂ©gorie spĂ©ciale PremiĂšre Guerre Ă©dition 2003. Un tirailleur en enferEn replaçant le lecteur au cƓur des pĂ©riodes difficiles de notre Histoire, les Romans de la MĂ©moire, fondĂ©s sur une information historique rigoureuse, proposĂ©s par la direction de la mĂ©moire, du patrimoine et des archives du ministĂšre de ta dĂ©fense, en partenariat avec tes Ă©ditions Nathan, se veulent une contribution Ă  son approche de la d'occasion Ă©crit par Yves Pinguillyparu en 2015 aux Ă©ditions Nathan, Nathan Jeunesse, Les romans de la Fetkann ! de la Jeunesse 200412 ans et +, Romans, tĂ©moignages & Co, Romans, tĂ©moignages & Co133 pages, BrochĂ©Code ISBN / EAN 9782092520888La photo de couverture n’est pas contractuelle. ï»żRĂ©ponsebonjour je ne sais pas si cela peut t'aider mais j'ai pris ce resumer je n'ai jamais lu ce livre, aprĂšs tu a sĂ»rement un resumer derriĂšre ton livre. Explications A travers l’histoire de Tierno, un jeune homme peulh de dix-sept ans originaire du Fouta-djalon, une rĂ©gion de l’actuelle rĂ©publique de GuinĂ©e, Yves Pinguilly retrace le destin de ces 600 000 Africains arrachĂ©s Ă  leur famille, leur village, leurs traditions, et propulsĂ©s dans l’enfer des combats. Nous sommes en 1915, Tierno fait la fiertĂ© de sa famille parce qu’il a le privilĂšge de pouvoir poursuivre ses Ă©tudes Ă  Dakar, mais lĂ , il sera embarquĂ© de force, en compagnie d’Aboubacar, un Soussou qui devient son ami, par un recruteur, Ă  destination du sud de la France oĂč, comme lui, des milliers de jeunes Africains vont apprendre Ă  faire la guerre avant de faire la guerre ». Puis ce sera l’horreur de Verdun, la boue, les tranchĂ©es, la peur, la mort des camarades et les hommes qu’il faut tuer pour se sauver soi-mĂȘme. soirĂ©e !! Figure 1 La campagne de MacĂ©doine © Colonel F. Feyler, 1920, la campagne de MacĂ©doine 1916-1917, GenĂšve, Éditions d’art, Boissonnas 1L’échec de la campagne des Dardanelles porte gravement atteinte au prestige des alliĂ©s. ParallĂšlement, l’étĂ© 1915 voit l’épuisement de la Serbie face Ă  l’Autriche‑Hongrie et, le 6 septembre, la Bulgarie s’allie aux puissances centrales. Les menaces qui se prĂ©cisent sur la Serbie et s’intensifient alors ont pour consĂ©quence le dĂ©placement du front d’Orient. La lutte contre les Turcs est abandonnĂ©e au profit d’une stratĂ©gie plus rĂ©aliste. La France et la Grande‑Bretagne dĂ©cident d’intervenir et conduisent dans un premier temps Ă  Salonique les troupes repliĂ©es progressivement de la presqu’üle de Gallipoli. Les alliĂ©s en Orient vont comprendre des troupes françaises, britanniques, serbes, russes puis italiennes et, enfin, grecques. 2DĂšs le 5 octobre 1915 a lieu le premier dĂ©barquement Ă  Salonique, sous le commandement du gĂ©nĂ©ral Sarrail, avec l’accord du Premier ministre grec, VenizĂ©los. L’idĂ©e Ă©tait de marcher sur Nis pour arrĂȘter la progression des Bulgares sur la Serbie, et de maintenir ainsi un second front oriental contre les puissances centrales. La situation militaire ne rĂ©pondant pas aux espĂ©rances, il a fallu se replier sur Salonique, ville refuge encerclĂ©e de loin par les troupes de la Triple Alliance. TransformĂ©e en camp retranchĂ© solidement tenu Ă  l’est, le long de la Struma et Ă  l’ouest, sur le Vardar, elle accueille, dans l’étĂ© 1916, prĂšs de 300 000 hommes Français, Britanniques, Serbes, Italiens et Russes. Figure 2 Salonique, les fronts, les reliefs de l’arriĂšre-pays macĂ©donien © CP, APA 3La prĂ©sence des troupes franco‑anglaises en MacĂ©doine provoque une grave crise en GrĂšce. En effet, l’Entente qui craignait un front uni Allemagne-Autriche‑Hongrie-Bulgarie-Empire ottoman, pour maintenir la Bulgarie dans la neutralitĂ©, propose Ă  la GrĂšce, si elle la rejoint, des terres sur les cĂŽtes d’Asie Mineure, mais Ă  condition de cĂ©der Ă  la Bulgarie la rĂ©gion de Kavala ; un peu plus tard, l’offre concernera Chypre. Le Premier ministre VenizĂ©los, persuadĂ© de la victoire future de l’Entente, est prĂȘt Ă  discuter. Mais accepter l’idĂ©e d’une possible cession d’une partie de la MacĂ©doine aux Bulgares, Ă  peine deux ans aprĂšs avoir affrontĂ© ces mĂȘmes Bulgares, est une faute politique qui renforce ses ennemis. Il s’oppose Ă  la volontĂ© de neutralitĂ© du roi Constantin, persuadĂ©, lui, de la supĂ©rioritĂ© allemande, et doit dĂ©missionner quand celui‑ci refuse la participation de son pays Ă  l’expĂ©dition des Dardanelles, le 6 mars 1915. Vainqueur des Ă©lections lĂ©gislatives en juin, il redevient Premier ministre le 16 aoĂ»t et, le 2 octobre 1915, il autorise les troupes de l’Entente Ă  dĂ©barquer Ă  Salonique. Le 5 octobre, jour du premier dĂ©barquement, le roi le convoque et lui signifie son renvoi. La situation politique grecque se tend pendant l’annĂ©e 1916, des partisans du roi et d’autres, de VenizĂ©los, s’affrontent violemment dans les rues d’AthĂšnes et des petites villes de province ; en mai 1916, le roi cĂšde sans combat le fort frontalier de Rupel aux forces bulgaro‑allemandes, et l’Entente riposte par un blocus naval de la GrĂšce, tout en exigeant la dĂ©mission du gouvernement. En aoĂ»t, les forces bulgares occupent toute la MacĂ©doine orientale et se trouvent donc en mesure de menacer Salonique. Le 29 aoĂ»t, des officiers vĂ©nizĂ©listes proclament dans cette ville le mouvement de DĂ©fense nationale et, trois semaines plus tard, VenizĂ©los y constitue un gouvernement provisoire et dĂ©clare la guerre aux puissances centrales. La GrĂšce est divisĂ©e en deux, l’opinion grecque Ă©galement. Le 22 octobre, l’Entente exige du roi qu’il lui livre la majeure partie de la flotte grecque encore sous son contrĂŽle et la moitiĂ© de ses armements lourds ; refus. AprĂšs cinq mois de blocus, le roi ne voulant pas cĂ©der, la flotte anglo‑française, le 1er dĂ©cembre 1916, bombarde le palais royal, des soldats de l’Entente dĂ©barquent Ă  AthĂšnes, mais se heurtent Ă  la rĂ©action de la population, les combats de rues entre les royalistes et les vĂ©nizĂ©listes s’amplifient. La France dĂ©cide alors une intervention plus musclĂ©e. Le 30 mai, les Franco‑Anglais exigent la dĂ©mission et le dĂ©part du roi. Finalement, le 10 juin 1917, le haut‑commissaire alliĂ©, Jonnart, dĂ©barque 10 000 soldats au PirĂ©e et obtient l’abdication du roi en faveur de son second fils, Alexandre ; le 26 juin, VenizĂ©los arrive Ă  AthĂšnes. Les rapports politiques entre l’Entente et la GrĂšce sont donc longtemps difficiles, et compliquent la situation de Sarrail et de ses hommes Ă  Salonique, ce d’autant plus que les habitants de la MacĂ©doine, qu’ils soient slavophones ou hellĂ©nophones, sont particuliĂšrement concernĂ©s par les effets d’une possible dĂ©faite ou victoire devant la Bulgarie ; le sort des populations de la rĂ©gion de Kavala sert d’exemple aux uns et aux autres. Ce n’est, en dĂ©finitive, que dans l’étĂ© 1918 que les troupes alliĂ©es, bloquĂ©es depuis 1916, reprennent la guerre de mouvement contre la Bulgarie en ayant intĂ©grĂ© des troupes grecques. 4Mais en octobre 1915, devant la dĂ©route de l’armĂ©e serbe, les hommes de Sarrail sont brutalement dĂ©tournĂ©s de leur destination un temps envisagĂ©e un dĂ©barquement sur les cĂŽtes d’Asie Mineure et reçoivent l’ordre de dĂ©barquer Ă  Salonique et de remonter vers le nord. Cette action Ă©choue et cĂšde la place Ă  une guerre de position. Les trois annĂ©es suivantes voient se multiplier les difficultĂ©s. ComplĂ©tant les quatre divisions arrivĂ©es de France ou des Dardanelles Ă  la fin de l’annĂ©e 1915 et au dĂ©but de 1916, la France renforce ses effectifs en Orient par l’envoi de deux autres divisions, les 11e et 16e DIC, Ă  la fin de l’annĂ©e 1916. Au dĂ©but du mois d’aoĂ»t 1916, les alliĂ©s, sur le point d’effectuer une action, sont surpris par une offensive bulgare sur leurs deux flancs qu’ils contiennent avec peine. Si une contre‑offensive permet de refouler les assauts sur le flanc ouest, au nord de Monastir, elle ne peut cependant rĂ©ussir Ă  l’est, et laisse les Bulgares se fixer le long de la vallĂ©e de la Struma. Enfin, face Ă  la gravitĂ© de l’affaire grecque et Ă  l’épreuve de force que reprĂ©sente l’affrontement Ă  AthĂšnes avec les troupes fidĂšles au roi Constantin en dĂ©cembre 1916, deux divisions, la 76e et la 30e DI, sont acheminĂ©es pour soutenir l’action visant Ă  obtenir la destitution du roi. 2 Facon, 1977, chapitre 4. 5La France envoie donc en tout huit divisions sur le front d’Orient. Patrick Facon note que le nombre de soldats qui furent affectĂ©s Ă  l’armĂ©e d’Orient varie, selon les estimations, entre 370 000 et 600 000 hommes, il retient le nombre de 378 000 hommes en s’appuyant sur les chiffres fournis par Franchet d’EspĂšrey ; si l’on Ă©tudie les chiffres moyens par annĂ©e, l’annĂ©e 1917 vient en tĂȘte avec une moyenne de 156 750 hommes. L’ensemble de la pĂ©riode est marquĂ© par le problĂšme du renouvellement des troupes en raison de l’éloignement des bases et des rĂ©ticences de l’État-Major Ă  envoyer des renforts. Patrick Facon affirme que cette armĂ©e a souffert de façon endĂ©mique du manque de soldats » et que les dĂ©ficits ne cessent de se dĂ©velopper et de prĂ©occuper le commandement2 ». 3 Bernadotte, 1921a, p. 186. 4 Burnet in Ancel, 1921, p. 153. Il est restĂ© 27 mois en Orient. 6Dans la guerre de mouvement, les officiers voient fondre le nombre de leurs hommes ; le 2 septembre 1916, le lieutenant Bernadotte apprend que son rĂ©giment subit une opĂ©ration de dissection » qui consiste Ă  supprimer une compagnie par bataillon, chacun comprendra dĂ©sormais trois compagnies au lieu de quatre3. Dans le secteur de la Cerna, en 1918, les effectifs sont tels que les bataillons restent 27 jours en ligne pour 9 jours au repos, et que certains rĂ©giments sont restĂ©s sans relĂšve pendant 110 jours4. Louis‑Gaston Giguel, sapeur, est nommĂ© caporal en septembre 1916, son escouade comprend six poilus c’est peu, Ă©crit‑il, mais c’est l’escouade la plus forte de ma section. Les autres ne comptent que trois ou quatre hommes ». AndrĂ© Ducasse parle, quant Ă  lui, de rĂ©giments squelettiques ». 7En plus des blessures, les ravages du paludisme imposent de nombreux rapatriements. Quand on dĂ©cide, en 1917, de relever les soldats aprĂšs 18 mois en Orient, 45 000 soldats ont dĂ©jĂ  passĂ© les 18 mois indiquĂ©s, 9 000 ont besoin d’ĂȘtre rapatriĂ©s avant la saison des Ă©pidĂ©mies ; et, comme l’armĂ©e hĂ©site Ă  envoyer de jeunes recrues avant la fin de la saison des fiĂšvres, finalement les 18 mois ne seront pas appliquĂ©s. Le projet Pottevin du nom du dĂ©putĂ© qui l’a proposĂ© prĂ©voit d’envoyer en Orient un maximum de soldats indigĂšnes, malgrĂ© les problĂšmes que leur posent le froid et le gel hivernal ; on dĂ©nombre ainsi, en septembre 1918, 23 bataillons de tirailleurs sĂ©nĂ©galais, 4 bataillons d’Indochinois, 3 bataillons de Malgaches, sans compter les spahis marocains et les chasseurs d’Afrique, soit environ 1/5e du contingent français. L’armĂ©e d’Orient fonctionne en permanence en sous‑effectif, et en utilisant des malades qui restent en poste. 8Le caractĂšre original de ce front reste le fait que les troupes sont implantĂ©es en MacĂ©doine grecque depuis 1913, sur des territoires peu contrĂŽlĂ©s et contrĂŽlables, oĂč l’adhĂ©sion des autochtones Ă  leur cause n’est pas acquise, compte tenu des divergences qui opposent les Grecs entre eux, et de la prĂ©sence de partisans de la cause bulgare parmi la population locale, en particulier dans l’ouest de la rĂ©gion. Ces soldats ont Ă©tĂ© envoyĂ©s sauver les Grecs » des Bulgares et constatent que les Bulgares n’avancent plus, que les Grecs » ne les attendaient pas et que, d’ailleurs, en MacĂ©doine, surtout en milieu rural, ils ne sont pas majoritaires. De quoi les dĂ©stabiliser
 9L’étude de cette pĂ©riode et de la perception qu’en ont eue les combattants français peut se diviser en trois ensembles, le premier concerne la guerre elle‑mĂȘme, le second, la vie quotidienne des combattants et un dernier ensemble est consacrĂ© au cas particulier de la ville de Salonique. La guerre de position organisation militaire de l’espace macĂ©donien 10Hormis les deux couloirs que sont la vallĂ©e du Vardar et la PĂ©lagonie Ă  l’ouest, le front est situĂ© Ă  cheval sur de hautes montagnes comparables aux PyrĂ©nĂ©es. À partir de dĂ©cembre 1915, Ă  la suite de la retraite de Serbie et de l’arrĂȘt de la poursuite bulgare, l’armĂ©e d’Orient prend progressivement la maĂźtrise d’un territoire qui varie peu jusqu’à la grande offensive du 15 septembre 1918. Il se prĂ©sente comme un vaste rectangle de 300 km de long, et de 100 km de large environ, le front correspondant Ă  la longueur du cĂŽtĂ© nord. Salonique se trouve au niveau de la longueur au sud, mais dĂ©calĂ©e vers l’est, ce qui rend plus lointains, vus de la ville, les espaces situĂ©s au nord‑ouest. 11Quatre aurĂ©oles aux fonctions diffĂ©rentes peuvent ĂȘtre repĂ©rĂ©es, se dĂ©veloppant Ă  partir du port de Salonique, point de dĂ©barquement des troupes. La premiĂšre correspond Ă  l’espace urbain salonicien et Ă  ses extensions traitĂ©e avec l’étude de la ville. La seconde aurĂ©ole correspond au territoire organisĂ© Ă  l’intĂ©rieur du camp retranchĂ© dont les travaux de dĂ©fense sont entrepris entre dĂ©cembre 1915 et le printemps 1916. La troisiĂšme aurĂ©ole est une zone dans laquelle on trouve au milieu d’espaces dĂ©sertĂ©s, de petites villes‑relais, situĂ©es sur les axes, oĂč s’établissent des structures d’accueil pour les soldats, les blessĂ©s et le ravitaillement. C’est militairement une zone de passage avec des lieux d’étapes et de repos et de nombreux hĂŽpitaux, VĂ©ria, Florina, Karasouli aujourd’hui Polykastro. Elle est constituĂ©e par un ensemble de camps de base Ă  partir desquels les soldats rejoignent le front. Comme dans les campagnes coloniales, les soldats font la guerre, se dĂ©placent, effectuent des dĂ©placements sur des territoires dĂ©pourvus d’équipements Ă©lĂ©mentaires, sans faire confiance aux autochtones, une guerre bien diffĂ©rente de celle du front occidental. Enfin, la quatriĂšme aurĂ©ole est celle du front et de son arriĂšre immĂ©diat qui s’est fixĂ© sur des zones frontaliĂšres, pour la plupart des cas, en montagne. Un espace structurĂ© par les voies de communication » 5 Villebonne, 1919, p. 68. 12Cet espace est structurĂ© par les deux lignes de chemin de fer Ă  voie unique, au dĂ©part de Salonique, l’une le long du Vardar, l’autre rejoignant Monastir. Ce train paraĂźt peu confortable et bien dĂ©suet aux soldats avec de petits wagons Ă  trois portiĂšres comme nous en avions il y a quarante ans5 » 6 Lacoste, 1923, p. 50. Nous nous installons dans la seule voiture de voyageurs que comporte le train. Les carreaux sont brisĂ©s, les coussins couverts de souillures. Les filets pendent avec leurs appliques dĂ©vissĂ©es, la lampe clignote dans son ampoule renversĂ©e et pleine d’huile qui suinte. Les portiĂšres ferment mal6
 13Et surtout, le tracĂ© de la voie vers Monastir prĂ©sente des dĂ©nivellations impressionnantes qui offrent des sensations fortes en descente quand le train semble comme emballĂ© » 7 Cordier in Facon, 1977, p. 32. InstallĂ©s [
] dans un train comme on n’en voit qu’ici, nous dĂ©valons Ă  une allure de toboggan. Pas de tunnels ; la voie Ă  travers des croupes fait d’énormes entailles. De temps en temps, une Ă©chappĂ©e sur les cascades de la Voda, dĂ©versoir du lac d’Ostrovo [aujourd’hui Arnissa] ; d’inquiĂ©tants ponts de fer aux piliers grĂȘles7
 14Peu de soldats, Ă  part les officiers en mission, ont l’occasion de bĂ©nĂ©ficier de ce service pour leurs dĂ©placements, car, en raison de l’encombrement de la voie, la prioritĂ© est donnĂ©e aux blessĂ©s et au matĂ©riel lourd. L’essentiel des dĂ©placements des troupes se fait donc Ă  pied. En effet, la plupart des routes ne sont pas carrossables, ce sont des routes de terre, boueuses, enneigĂ©es, poussiĂ©reuses selon les saisons, et dĂ©gradĂ©es par les guerres balkaniques. Les premiers vĂ©hicules dĂ©barquĂ©s Ă  Salonique ne purent sortir de la ville. Pierre Maridort, arrivĂ© en novembre 1915, raconte son premier voyage en voiture du camp de Zeitenlik vers la ville, soit une vingtaine de kilomĂštres seulement en plaine 8 Maridort, 1918, p. 16. Il Ă©tait mĂ©decin Ă  la 122e DI. La route a quelques plaies profondes, si bien que mon voisin, lancĂ© de notre banc, le casse en y retombant, malgrĂ© l’épaisseur du bois ; c’est un petit accident qui n’émeut pas le soldat, habituĂ© Ă  parcourir les ravins en araba, petite voiture sans ressorts, et sans appuis. Je me demande comment je n’ai pas Ă©tĂ© prĂ©cipitĂ© de mon siĂšge, lors de quelque dĂ©placement analogue8. 9 Ducasse, 1964, p. 161. Fantassin au 227e RI. 15La prĂ©sence de reliefs sĂ©parĂ©s par des dĂ©pressions marĂ©cageuses compromet les dĂ©placements, la ligne droite dans les Balkans est rarement la plus courte ; d’ailleurs, elle n’est jamais droite et c’est un chemin coupĂ© de fondriĂšres, dans un dĂ©sert de bosses et de cailloux, parfois de marĂ©cages9 ». Les trois quarts du parcours de Salonique Ă  Kozani se font dans une plaine marĂ©cageuse, impraticable en hiver d’aprĂšs Jacques Ancel ; Ă  l’arrivĂ©e des alliĂ©s, la route de Monastir n’est qu’une piste impraticable aux automobiles et souvent coupĂ©e par les boues. 16Le matĂ©riel apportĂ© de France est en pratique totalement inadaptĂ© Ă  ces conditions. De gros efforts sont faits au printemps 1916 presque toutes les voitures ont cĂ©dĂ© la place Ă  des arabas Ă  deux roues et deux chevaux ou des mulets ; mais la charge utile d’une araba est de 400 kg au maximum et celle d’un mulet de 100 kg, aussi une division traĂźne avec elle une caravane imposante, pas moins de 3 000 chevaux, plus de 3 000 mulets de bĂąt, prĂšs de 600 voitures, soit, en tenant compte d’un intervalle minimum entre les animaux et les voitures ou deux voitures, une file qui s’allonge sur plus de trois kilomĂštres. 17La majoritĂ© des dĂ©placements s’effectue donc Ă  pied, mĂȘme au dĂ©part de Salonique, ce qui signifie des centaines de kilomĂštres sous un poids d’une trentaine de kilos, et Ă  l’arrivĂ©e, pas le temps de se reposer ! Lucien Cadoux doit se prĂ©senter Ă  Monastir, il sort de l’hĂŽpital aprĂšs une grave crise de paludisme et s’y rend Ă  pied, et Ă  l’arrivĂ©e, au bout de 180 kilomĂštres 10 Cadoux, 1959, p. 205. L’invraisemblable se produisit. DĂ©jĂ  les agents de liaison de chaque compagnie arrivaient pour prendre livraison, si l’on peut dire, de leur contingent de renfort. En quelques minutes, tous ces compagnons de marche qui avaient peinĂ©, souffert ensemble [
] Ă©taient divisĂ©s en petits groupes et dispersĂ©s, sans avoir eu le temps de se dire au revoir, sans le moindre repos. Tout cela laissait dans les cƓurs une impression de brimade10. 18De nombreux tĂ©moins dĂ©crivent ces marches Ă©puisantes 160 km, dont la moitiĂ© en forte pente entre le lac Prespa et Florina en 5 jours Lucien Lamoureux, dix Ă©tapes de 10 kilomĂštres, du 3 au 15 janvier 1917, pour surveiller la frontiĂšre entre les deux GrĂšce » acculĂ©es Ă  la guerre civile Lucien Lamoureux, une marche de Salonique Ă  AthĂšnes par Ă©tapes de 50 kilomĂštres en juillet 1917 M. Santini, le trajet Salonique‑Goriza aujourd’hui Korça en Albanie en 19 jours en janvier 1917 Marcel Brochard dans la neige et la glace, sans ravitaillement sinon les conserves qu’ils portent. Le 27 juillet 1917, un trajet de 20 kilomĂštres Ă  vol d’oiseau demande 18 heures d’une marche harassante en raison du relief
 11 Ibid., p. 202. 19Beaucoup d’hommes ne sont pas dans une condition physique assez bonne pour assurer ces marches, ceux qui arrivent des Dardanelles oĂč ils avaient piĂ©tinĂ© de longs mois peinent Ă  brutalement effectuer un long trajet, et le paludisme affaiblit la grande majoritĂ© d’entre eux. Certains s’évanouissent au soleil d’étĂ©, donc, on marche de nuit, mais beaucoup dorment en marchant. Au bout de quelques jours, on ne ressent plus rien, Ă©crit Lucien Cadoux, car le corps est brisĂ©, il est adaptĂ©, rien ne le heurte plus
 il est rĂ©signĂ©. On peut alors lui demander de marcher pendant des semaines
 il marche comme il respire11 ». 20Les soldats ont du mal Ă  Ă©valuer les distances Ă  vue, en raison de l’absence totale de repĂšres, et ils dĂ©couvrent que les bornes » ne sont pas kilomĂ©triques 12 Ibid., p. 166. On avait beau regarder sa montre, puis les bornes, puis, mieux encore, consulter ses jambes, le compte n’y Ă©tait pas. On sait bien ce qu’un fantassin abat de kilomĂštres Ă  l’heure. On ne peut pas s’y tromper c’est tant d’une pause Ă  l’autre, et c’est tant par Ă©tape. Eh bien, sur la route de Salonique Ă  SerrĂšs, ce n’était pas cela. Le temps y Ă©tait bien, mais les kilomĂštres n’y Ă©taient pas. À la fin de l’étape, on avait fait 22 bornes. Il n’y avait pas de doute, les chiffres Ă©taient marquĂ©s, mais en rĂ©alitĂ© on avait fait au moins 26 kilomĂštres. Tout le monde en tombait d’accord [
] Tant et si bien que cela passa en dicton dans le rĂ©giment faux comme un kilomĂštre grec »  C’est tard que j’appris que [
] ces kilomĂštres Ă©taient des stades comme en tĂ©moignaient les lettres inscrites sur les bornes, et que le stade grec mesure douze cents mĂštres12
 21Trop Ă©puisĂ©s par le poids de leur barda, certains abandonnent en route des objets qu’ils avaient pris dans les villages et qu’ils jugent finalement inutiles ; d’autres les ramassent et tentent de les Ă©changer pour de la nourriture
 La traversĂ©e des villages est l’occasion de consignes strictes 13 Santini-Allaman, s. d. Attention ! Voici un village. Sans attendre d’ordres, on rectifie sa tenue, on se boutonne, l’arme sur l’épaule droite ! Pas cadencĂ©. Marche ! Tous se redressent, les talons frappent le sol en cadence, Ă©nergiquement. On n’est pas lĂ  en touristes ! On est prĂȘts Ă  tout. Sachez‑le bien ! Elle sait bien la section, elle sait bien pourquoi elle est lĂ  ! Elle sait que c’est peut‑ĂȘtre son attitude qui va Ă©pargner le coup de poignard » dans le dos aux petits copains qui se battent là‑haut, dans les montagnes serbes ; le village passĂ©, le rythme reprend13. 14 Cadoux, 1959, p. 213. 15 Santini-Allaman, s. d. L’article citĂ© ici s’appelle Les longues marches. 22Au cours de ces marches en effet, les soldats traversent des bourgades oĂč ils ne s’arrĂȘtent pas, pour rĂ©duire la propagation du paludisme et des maladies infectieuses, comme si, presque tous malades, ils Ă©taient ainsi rejetĂ©s par le pays mĂȘme qu’ils Ă©taient venus dĂ©fendre14. Ils sont donc contraints d’établir un campement Ă  l’écart des lieux habitĂ©s, de ne manger que des conserves et ils ont bien du mal Ă  trouver du combustible. De plus, dans certains secteurs, les populations, bulgarophiles ou favorables au roi Constantin, leur sont hostiles ; le lieutenant Santini, qui fait partie du 40e RI, envoyĂ© Ă  pied vers le PĂ©loponnĂšse en mai‑juin 1917 lors de la destitution du roi, Ă©crit que chaque soir, en installant le bivouac, les hommes Ă©rigent des murettes en mottes de terre pour se protĂ©ger contre les coups de fusil intempestifs », en plus des rigoles pour canaliser les eaux de pluie15. À partir de 1917, les conditions de cantonnement s’amĂ©liorent, car des gĂźtes d’étape sont créés le long des voies, et des hangars sont montĂ©s dans les lieux les plus frĂ©quentĂ©s, mĂȘme si l’hygiĂšne, le chauffage ou les boissons chaudes manquent encore. Le camp retranchĂ© de Salonique 23À cĂŽtĂ© de cette aurĂ©ole occupĂ©e » essentiellement par des points d’appui et quelques postes, dans une zone peu habitĂ©e, les autres espaces s’organisent Ă©galement. Afin de protĂ©ger Salonique contre un Ă©ventuel siĂšge par les troupes bulgares, les autoritĂ©s militaires alliĂ©es mettent en place une organisation dĂ©fensive en s’appuyant sur des hauteurs situĂ©es Ă  environ trente kilomĂštres de la ville. C’est le camp retranchĂ© » ou birdcage » selon les Britanniques, qui mesure environ 115 kilomĂštres du golfe d’Orfano Ă  l’est, jusqu’aux marais du Kara‑Asmak, un affluent du bas Vardar Ă  l’ouest. Une sĂ©rie de lacs allongĂ©s et sĂ©parĂ©s par des passes facilement contrĂŽlables constituent prĂšs de la moitiĂ© de la ligne, l’autre moitiĂ© est partagĂ©e entre Anglais 20 Ă  25 km et les Français une quarantaine de kilomĂštres. L’ensemble ne forme pas une ligne continue de tranchĂ©es, seuls les points stratĂ©giques, des buttes, forment des centres de rĂ©sistance et de contrĂŽle et sont armĂ©s. 16 Saison, 1918, p. 236-237. Il Ă©tait artilleur Ă  la 57e DI. 17 Descriptions dĂ©taillĂ©es dans Jean Saison et Ernest Stocanne qui a laissĂ© Ă©galement des photographie ... 24L’amĂ©nagement du camp retranchĂ© demande des travaux colossaux qui sont effectuĂ©s par les soldats Ă  partir de la mi‑dĂ©cembre 1915, c’est‑à‑dire aprĂšs une premiĂšre retraite, dans le froid, la boue, sous la pluie, et sans qu’aucun des Ă©lĂ©ments matĂ©riels destinĂ©s Ă  amĂ©liorer leur vie ne soit encore arrivĂ©. Chaque centre de rĂ©sistance est sous la responsabilitĂ© d’un officier dont il porte le nom, et qui cumule les tĂąches de construction, d’organisation et de dĂ©fense. Chacun est constituĂ© par des groupes de tranchĂ©es espacĂ©es en profondeur et orientĂ©es sur des directions Ă  battre. Ils renferment des abris pour la garnison, creusĂ©s en galeries de mines, un poste de commandement souterrain avec chambre de repos et poste tĂ©lĂ©phonique16 ». Selon le terrain, sa nature, la nature des roches, l’emplacement, chacun a un caractĂšre spĂ©cifique ; dans certains cas, pour amĂ©liorer la vue, il faut Ă©lever des parapets en utilisant des blocs de marne crayeuse, et, pour Ă©viter les repĂ©rages aĂ©riens de l’ennemi, dissimuler ces parapets sous des branchages et des herbes sĂšches17. Les artilleurs camouflent leurs piĂšces sous des claies, du treillage de fil de fer qui permet de mettre de l’herbe et un important rĂ©seau de barbelĂ©s protĂšge les premiĂšres lignes. 25Sur les contre‑pentes, les hommes creusent des abris 18 Stocanne, 2005, janvier-fĂ©vrier 1916. Je fais creuser par mes servants, Ă  flanc de coteau, un rectangle de six mĂštres sur 2,5 m que nous recouvrons d’une bonne toiture de tĂŽle ondulĂ©e et que nous fermons sur le flanc avec des toiles de tente. À l’intĂ©rieur, nous installons une planche Ă  paquetage nous amĂ©nageons un four avec cheminĂ©e percĂ©e dans la terre, dont le tirage nous permet de faire du feu pour rĂ©chauffer l’air et en sĂ©cher l’humiditĂ©. Nous installions un rĂątelier pour y placer les armes et dĂ©gageons aussi des cavitĂ©s oĂč nous mettons des Ă©tagĂšres. Nous logeons là‑dedans mes six servants et moi18. 26Au fil des mois, des amĂ©liorations sont apportĂ©es, les officiers reçoivent tous un lit de camp et un paletot de cuir, tandis que les hommes de troupe dorment sur le sol, puis se fabriquent des lits avec ce qu’ils peuvent trouver ; selon les endroits, l’eau est plus ou moins accessible, certains sont juste au‑dessus d’un ruisseau, d’autres doivent faire deux kilomĂštres pour en trouver. Figure 3 Le camp retranchĂ© de Salonique © Colonel F. Feyler, 1920, La campagne de MacĂ©doine 1916-1917, GenĂšve, Éditions d’art, Boissonnas, APA 27Ces travaux sont effectuĂ©s en quelques semaines, mais ces efforts n’ont finalement servi Ă  rien, puisque les Bulgares se sont arrĂȘtĂ©s d’eux‑mĂȘmes dans la zone frontaliĂšre, ce qui, une fois de plus, laisse un souvenir amer chez les soldats. 19 Bernadotte, 1931, p. 5. Pendant quatre mois, sous la pluie et la neige, nous avons jonglĂ© avec la pelle et la pioche pour Ă©riger ce camp retranchĂ© » qui restera cĂ©lĂšbre dans les Annales de l’ArmĂ©e d’Orient comme l’expression mĂȘme du maximum d’efforts dans le minimum de temps ». Pendant ces quatre mois, nous avons attendu l’offensive en nous enfermant un peu plus chaque jour dans nos ouvrages de fortifications de campagne et rien de suspect, n’a bougĂ©19. 28PlacĂ©s Ă  environ 25 kilomĂštres de Salonique, les hommes qui gardent le camp retranchĂ©, hormis les officiers, n’ont ni le droit ni la possibilitĂ© de se rendre Ă  la ville dont ils voient les lumiĂšres la nuit au loin. Progressivement, certains secteurs du camp sont abandonnĂ©s et une partie des soldats est envoyĂ©e au sud‑est de Salonique vers le centre de la Chalcidique, pour protĂ©ger la ville par le sud et prĂ©parer l’accueil de l’armĂ©e serbe regroupĂ©e Ă  Corfou. Ils construisent alors une route stratĂ©gique destinĂ©e Ă  desservir les hauteurs et les villages de Galatista et Livadi. Mais
 le camp retranchĂ© de Salonique, finalement, ne sera jamais attaqué  La tenue d’un front de montagne 29Les Bulgares s’étant arrĂȘtĂ©s Ă  la frontiĂšre grecque lors de la retraite alliĂ©e de Serbie, le front se stabilise dans une zone de hautes montagnes et commence alors une guerre trĂšs mal connue en France. 20 Burnet, 1921, p. 10. Un officier lui montre de loin la zone du front. Burnet Ă©tait officier. Là‑bas, c’est le monde des armĂ©es. Tu connais ces insectes qui flottent dans l’air au bout d’une soie qu’ils ont filĂ©e ? Ainsi sont suspendues nos armĂ©es au bout de ces quelques routes et chemins de fer qui leur portent leur subsistance. Malheur si ce fil venait Ă  se rompre. LĂ , on se bat, on souffre, on meurt20. 30La vie sur ce front est trĂšs diffĂ©rente de la vie sur le front français le combattant souffre moins des effets directs de la guerre. Les deux adversaires, Ă©loignĂ©s de leur base, isolĂ©s de tout, sans accĂšs facile, ont des moyens rĂ©duits en hommes et en armes ; les premiĂšres lignes ne sont pas des tranchĂ©es continues, des points forts sont organisĂ©s et se flanquent mutuellement. Mais, le simple fait de survivre, isolĂ© et mal ravitaillĂ© sur un piton, ne permet pas de maintenir des effectifs importants et sape le moral 21 GuĂ©nard, 1919, p. I et II. LaissĂ©s en rideau sur la frontiĂšre, Ă  cinquante ou cent kilomĂštres en avant de l’armĂ©e, dispersĂ©s par infimes unitĂ©s sur des Ă©tendues palustres ou dans des postes de montagne, nous savions ne devoir compter que sur nous. Et c’étaient d’immenses territoires qui se trouvaient confiĂ©s Ă  notre garde. Dans l’inexorable solitude qui se refermait sur nos pelotons, nous restions isolĂ©s du monde des vivants. Sept ou huit mois durant, nos bivouacs furent des bivouacs d’alerte oĂč l’on s’attendait de jour et de nuit Ă  voir surgir l’ennemi en force. Sept ou huit mois durant, nous couchĂąmes vĂȘtus et bottĂ©s, prĂȘts Ă  sauter en selle21. 31Le matĂ©riel est insuffisant, Marcel Brochard note qu’en six mois, il n’a tirĂ© en moyenne que deux Ă  trois obus par jour, les munitions sont maigres 22 Lacoste, 1923, p. 163-164. Il ne peut plus ĂȘtre question ici de caissons ni de camions. Sur le faĂźte de cette montagne, les obus ne seront portĂ©s qu’à dos de mulet ou de cheval. On les met par dix, liĂ©s dans deux sacs, qui en contiennent chacun cinq. On accouple avec une corde les deux sacs, et on les laisse pendre des deux cĂŽtĂ©s de l’animal. Il faut qu’il y ait une selle, sans quoi la bĂȘte pourrait ĂȘtre blessĂ©e par le dur frottement de 30 kg de mĂ©tal sur ses flancs. L’évacuation des douilles vides s’effectue de la mĂȘme façon. Seulement on en met alors dix par sac. Pour alimenter d’un jour de feu le groupe des trois batteries, c’est‑à‑dire de 3 600 coups, 1 200 par batterie, 300 coups par piĂšce, il faut 360 voyages de chevaux ! Imaginez l’extraordinaire circulation nocturne que cela nĂ©cessite Ă  travers d’étroits chemins en lacets et le long de prĂ©cipices qui sont de vrais abĂźmes. Par suite de la difficultĂ© et de la longueur du parcours, chaque conducteur a deux chevaux l’un sur lequel monte le convoyeur, l’autre qui porte les obus22. 32Les commentaires des soldats qui ont souvent changĂ© de secteur distinguent le front de montagne et le front de plaine ou de piĂ©mont oĂč les conditions de vie sont un peu moins dures. Mais, dans les deux cas, les soldats sont engagĂ©s dans des opĂ©rations locales sans intĂ©rĂȘt militaire, destinĂ©es Ă  maintenir l’esprit offensif au sein des troupes. Ces actions sont pĂ©rilleuses, ne serait‑ce que par la mĂ©diocritĂ© des moyens mis en Ɠuvre, et certains dĂ©plorent l’inutilitĂ© coĂ»teuse de certains coups de main, ainsi Georges de Lacoste 23 Lacoste, 1923, p. 137. Il est alors au nord de Monastir. Le 3 septembre [1917], on prĂ©para et on ordonna un coup de main, de l’avis de tous parfaitement inutile, puisqu’on Ă©tait revenu sur ses positions de dĂ©part. C’était Ă  quatre heures du matin. Il y avait 400 mĂštres Ă  franchir. On rĂ©ussit, on fait 25 prisonniers, on rapporte une mitrailleuse ennemie. Mais l’ordre est de revenir. Il y a une contre‑attaque Ă  7 h du soir, elle est repoussĂ©e. À 23 h, tout est fini. Pertes chez nous cent hors de combat. Vies brisĂ©es, familles en deuil23
 33Certains chefs renoncent parfois Ă  exĂ©cuter quelques‑unes de ces opĂ©rations qui ne sont que de modestes coups de main. Lucien Cadoux annule une opĂ©ration Ă  la mi‑dĂ©cembre 1916, dans la vallĂ©e de la Cerna, alors que son groupe se trouve Ă  150 mĂštres des Bulgares, protĂ©gĂ©s par un rĂ©seau dense de barbelĂ©s 24 Cadoux, 1959, p. 207-208. Peu Ă  peu commença la prĂ©paration d’artillerie ; quelques obus de‑ci de‑lĂ . Nous nous disions tout Ă  l’heure, ils vont enfin tirer sĂ©rieusement et accabler de projectiles le rĂ©seau de barbelĂ©s, car il faut avant tout qu’ils nous ouvrent un passage. Or, le temps passait, et le bombardement n’augmentait pas d’intensitĂ©. Plus qu’une demi‑heure, plus que vingt minutes, et l’artillerie continuait de s’amuser Ă  lancer de temps en temps un obus
 et, devant nous, un rĂ©seau de barbelĂ©s intact et serrĂ©. Et pour atteindre ce rĂ©seau, 150 mĂštres de glacis plat, sans le moindre repli de terrain pour manƓuvrer. Alors nous avons compris nous Ă©tions dĂ©libĂ©rĂ©ment sacrifiĂ©s
 personne ne disait mot dans la tranchĂ©e
 Plus que cinq minutes
 on mourra, avec son fusil inutile dans les mains
 la nouvelle circule le long de la tranchĂ©e on n’attaque pas
 Notre colonel avait refusĂ© d’envoyer ses hommes Ă  une mort inutile et certaine24. 34Le relief cloisonne l’occupation des lignes et empĂȘche toute mobilitĂ© transversale, il empĂȘche Ă©galement l’approche de l’artillerie, donnant aux affrontements un caractĂšre de guĂ©rilla qui use les hommes sans aucun profit militaire. La guerre de mouvement en MacĂ©doine 35Nous nous contenterons ici d’évoquer les deux actions les plus dĂ©crites par les tĂ©moins que sont la campagne de Serbie – octobre-dĂ©cembre 1915 – et la contre‑offensive repoussant Ă  l’automne 1916 les Bulgares qui s’étaient avancĂ©s jusqu’au lac d’Ostrovo. La grande offensive du 15 septembre 1918 ne figure pas ici, faute de tĂ©moignages directs. La campagne de Serbie, octobre‑dĂ©cembre 1915 36Les soldats qui arrivent des Dardanelles sont pleins d’espoir, ils vont enfin agir 25 Ibid., p. 155. Ici, la terre est libre avec ses plaines, ses vallĂ©es et ses montagnes ; on aura de la place pour manƓuvrer ; on ne se fera pas coincer dans un boyau, dans un couloir, comme Ă  Gallipoli. Et cette impression d’espace [
] est bonne et tonique pour des soldats [
] Enfin nous allions faire quelque chose25. 37Mais la campagne de Serbie n’est qu’un infructueux aller‑retour jusqu’au confluent de la riviĂšre Cerna et du fleuve Vardar. Elle s’accompagne de rudes combats en zone montagneuse face Ă  des Bulgares dĂ©cidĂ©s et plus habiles sur le terrain, oĂč de nombreux soldats trouvĂšrent la mort. Cette campagne militaire impressionne profondĂ©ment les hommes et suscite le plus grand nombre de tĂ©moignages chez les soldats français. 38Nous en avons retenu trois, particuliĂšrement documentĂ©s, venant de combattants ayant appartenu aux trois divisions françaises engagĂ©es dans ces opĂ©rations dans des secteurs diffĂ©rents. La 122e et la 57e DI, considĂ©rĂ©es comme des divisions fraĂźches arrivĂ©es de France sont engagĂ©es le plus en profondeur vers le nord, au niveau du confluent de la Cerna, la premiĂšre sur la rive droite, la seconde sur la rive gauche, dans le but d’entrer en contact avec les Serbes en repli ; ces engagements sont dĂ©crits ici par Julien ArĂšne et Henri Libermann. La 3e division, arrivĂ©e des Dardanelles, a pour rĂŽle de contenir les assauts bulgares au kilomĂštre dit 103 » qui correspond Ă  la gare de Stroumitza ; cette zone, qui devait ĂȘtre particuliĂšrement protĂ©gĂ©e en raison de la proximitĂ© de la frontiĂšre bulgare, est dĂ©crite par le lieutenant de Bernadotte et Ernest Stocanne qui appartient au 156e RI. ComposĂ©e en partie d’hommes Ă©puisĂ©s, elle se voit confier le rĂŽle de couverture en bordure du saillant que dessine la frontiĂšre et qui gĂȘne le contrĂŽle de la voie de chemin de fer, colonne vertĂ©brale du dispositif alliĂ©. L’opĂ©ration de jonction avec les Serbes Ă©choua, imposant le repli des troupes françaises le long de cet axe, devant la poussĂ©e bulgare. 39Trois thĂšmes principaux apparaissent Ă  travers ces rĂ©cits qui correspondent Ă  trois phases recensĂ©es dans les mĂ©moires. Ils Ă©voquent en premier lieu les conditions difficiles de la progression dans ces zones montagneuses et leur solitude ; en second lieu, les hommes racontent leur expĂ©rience de la guerre contre les Bulgares, et les combats impressionnants qui les ont opposĂ©s Ă  ces derniers ; enfin, tous ont le souvenir d’une pĂ©nible, amĂšre et angoissante retraite qui les a reconduits sur le sol grec. 40Julien ArĂšne arrive par chemin de fer et descend Ă  la gare de Krivolak, sur la rive droite du Vardar ; sa division se trouvant sur la rive gauche, et le pont ayant Ă©tĂ© dĂ©truit dans les guerres balkaniques, il lui faut d’abord emprunter l’un des deux radeaux qui effectuent la traversĂ©e toute la journĂ©e et prennent Ă  chaque passage 25 soldats. Le lendemain, son unitĂ©, Ă  la nuit, part vers le village de Hodzali 26 ArĂšne, 1916, p. 79. C’est un pays propre Ă  toutes les embuscades, un vĂ©ritable coupe‑gorge, un paradis pour les brigands, les sentinelles ouvrent l’Ɠil parce qu’on n’est pas encore habituĂ©s Ă  cette guerre‑lĂ 26. 27 Libermann, 1917. Il raconte la campagne du lieutenant Mazurier, Ă  la 122e DI, 58e bataillon de chas ... 41Six jours plus tard, il part relever le rĂ©giment qui se bat depuis 10 jours, il restera au front du 6 novembre au 3 dĂ©cembre. Henri Libermann prĂ©cise que les hommes sont obligĂ©s de faire des petits tas de pierres et de broussailles pour baliser leurs itinĂ©raires et ne pas se perdre27. Ils sont couverts de vermine et n’ont pu se laver pendant tout leur sĂ©jour au front, car seul, un peu d’eau boueuse dans les bas‑fonds est disponible. Puis le froid vient compliquer la situation, des tempĂ©ratures de 22 ° au‑dessous de zĂ©ro, du vent, de la neige
 28 Saison, 1918, p. 121 Ă  123. Il rapporte le rĂ©cit du docteur Ligouzat. Le vent rend le froid intolĂ©rable ; il fait tourbillonner la neige qui comble les tranchĂ©es et les boyaux, et pĂ©nĂštre jusque dans les abris ; en travaillant nuit et jour, on n’arrive pas Ă  les dĂ©blayer [
] La neige [
] rend toute observation impossible. Les cils sont perlĂ©s de glaçons, la capote devient en quelques minutes une chape hĂ©rissĂ©e d’aiguilles de glace. Des hommes vigoureux pleurent dans la tranchĂ©e Ă  la fois de douleur et de rage de se sentir Ă  bout. Les jeunes gens arrivĂ©s avec les derniers renforts sont les plus atteints. Sous la tempĂȘte de neige, quelques‑uns erraient comme des fous. Un [
] se plaint mes parents sont Ă  Lille, qu’est‑ce que je viens faire ici ? » Les anciens du rĂ©giment, des rĂ©servistes de trente Ă  quarante ans, mariĂ©s pour la plupart, les rĂ©confortent et les aident paternellement Allons, gosse, donne‑moi ton fusil et va te rĂ©chauffer au brasero. Tu reviendras dans 20 minutes »28. 42La neige gĂȘne Ă©galement le ravitaillement, et les hommes restent quatre jours sans approvisionnement. Le 22 novembre, arrivent enfin des vĂȘtements chauds et de la nourriture. Les Français tiennent les positions jusqu’à l’offensive bulgare du 24 novembre ; de ce point Ă©levĂ©, ils suivent les opĂ©rations dans la vallĂ©e du Vardar et les tirs d’artillerie bulgare qui prennent pour cibles les trains alliĂ©s. Lorsque l’ordre de repli est donnĂ©, les batteries de montagne sont ramenĂ©es vers le bas, et les munitions portĂ©es sur des traĂźneaux vers les radeaux qui ne peuvent plus fonctionner, car le Vardar charrie des blocs de glace
 Ces conditions naturelles font comprendre facilement le dĂ©sarroi des soldats. 29 Villebonne, 1919, p. 111 ; ArĂšne, 1916, p. 73 Ă  75. 43Les combats sont pourtant impressionnants. Quand Julien ArĂšne parvient au village de Kara Hodzali, le point ultime de l’avancĂ©e des Français vers le nord, il constate que les tranchĂ©es sont entourĂ©es de monceaux d’ossements », creusĂ©es dans les crĂąnes, les tibias aussi nombreux que les pierres ». Henri Amour de Villebonne rapporte que dans ces combats, le 242e de la 57e DI a perdu le tiers de ses effectifs, les isolĂ©s du rĂ©giment qui ont pu s’échapper, racontent que l’ennemi a massacrĂ© tous les prisonniers faits dans l’action29 ». 44Sur la rive gauche, les combats ne sont pas moins sauvages pour la conquĂȘte de Cicevo‑le‑haut passage d’un torrent Ă  pied dans l’eau glacĂ©e de novembre, charge Ă  la baĂŻonnette ; finalement le 18 novembre, les Bulgares rompent la liaison entre les Français et les Serbes. Dans le secteur de Stroumitza, le rythme est comparable, l’avancĂ©e française se termine le 11 novembre, le 16 novembre, le repli commence dans une atmosphĂšre de panique ; les officiers donnent l’impression Ă  Ernest Stocanne de ne savoir que faire. Villebonne dĂ©crit ainsi le combat de la fosse de Cernitz, le 11 dĂ©cembre 30 Villebonne, 1919, p. 132-137. Au bas, dans le ravin sous les tirs croisĂ©s, des files entiĂšres de Bulgares culbutent, s’effondrent la tĂȘte la premiĂšre. Un chaos terrible grouille parmi le sang et la fumĂ©e dans cette fosse bĂ©ante. Sans arrĂȘt pourtant, il en sort toujours de ces foules acharnĂ©es. On dirait que la montagne les enfante Ă  mesure [
] Ils sautent dans le ravin par dix et quinze Ă  la fois [
] Et, peu Ă  peu, chose sinistre, un amoncellement de blessĂ©s, de morts, de rĂąlants, comble l’immense tombeau au‑dessus duquel foudroie l’implacable tir de nos lignes. Et maintenant, on ne distingue plus rien le val est nivelĂ©30. 45Patrick Facon montre que les troupes engagĂ©es dans cette campagne ont Ă©tĂ© surprises par cette nouvelle forme de guerre. Il s’appuie sur le nombre relativement important d’abandons de poste, de dĂ©sertions en prĂ©sence de l’ennemi ainsi que de dĂ©sertion Ă  l’étranger ; le nombre de condamnations rendues pour ces trois dĂ©lits s’élĂšve Ă  44 pour les mois d’octobre et de dĂ©cembre. 46La retraite qui suit l’échec de cette offensive impose aux hommes de marcher jour et nuit. Le relief, la prĂ©caritĂ© des routes, le dynamisme des poursuivants, les conditions mĂ©tĂ©orologiques et l’épuisement des hommes la transforment en vĂ©ritable martyre. 31 Facon, 1977, p. 267. Nous ne sommes ni plus ni moins qu’une ombre humaine. Beaucoup de camarades sont morts de fatigue pendant la retraite. Ceux qui nous ont envoyĂ©s en Orient doivent en avoir gros sur la conscience, car c’est une belle gaffe. L’on y est allĂ© un mois trop tard et encore. Nous avons supportĂ© 23 ° de froid au‑dessous de zĂ©ro. Je vous assure que cette campagne de Serbie a Ă©tĂ© un enfer pour tous31. 32 Libermann, 1917, p. 215-219. Sur la route comme dans les champs, partout des dĂ©bris d’armes, d’étoffe, des bĂąts de mulets, des sacs de cartouches et de vivres [
] La route est jonchĂ©e d’objets abandonnĂ©s sacs, armes, bĂąts, affĂ»ts, la plupart brisĂ©s ou endommagĂ©s. Des chevaux morts, les yeux dĂ©jĂ  vitreux, les pattes en l’air, le ventre Ă©norme bordent les fossĂ©s. D’autres se traĂźnent les reins brisĂ©s, les pattes cassĂ©es et, au milieu d’eux, des soldats couchĂ©s sur le dos ou sur le ventre, les poings crispĂ©s dans une derniĂšre convulsion. Quelques agonisants rĂąlent sans fin ou lĂšvent des mains gĂ©missantes, suppliant qu’on leur donne Ă  boire [
] et puis, un groupe de blessĂ©s, marchant tant bien que mal, la tĂȘte ou le bras enveloppĂ© d’un pansement sommaire, couverts de sang, trĂ©buchant de fatigue, hideux32. 33 Ibid., p. 222-223. Vers le pont, c’est une bousculade formidable, une cohue Ă©pouvantable, tout Ă  coup la rafale bulgare venant de Seskovo s’abat sur cette masse grouillante. Il y a un moment de panique
, des cris affolĂ©s montent jusqu’aux nues, et les batteries font rage, Ă©crasant les bivouacs, les rives, les groupes sous un dĂ©luge de projectiles. Le dĂ©sarroi devient inextricable. Des chevaux se cabrent, s’abattent, se redressent pour retomber encore ; des cavaliers galopent Ă  toute bride, sabrent les camarades pour fuir plus vite ; des camions, des voitures de toute sorte s’entrechoquent, se brisent, roulent dans les fossĂ©s ; des piĂ©tons courent dans toutes les directions33. Figure 4 Chaque passage de pont est un moment difficile le pont du Sarantaporos Ă  la frontiĂšre grĂ©co‑albanaise, un pont ottoman en dos d’ñne amĂ©nagĂ© » pour les voitures. © L’illustration, 3 fĂ©vrier 1917, no 3857, p. 103, APA 34 David, 1927, p. 126. David est le neveu du prĂ©sident Sadi Carnot, il Ă©tait attachĂ© aux services de ... 47Tous les tĂ©moignages concordent sur les conditions insupportables de la retraite. Le passage des gorges des Portes de fer est l’un des moments les plus impressionnants, la gorge, le fleuve qui gronde, deux ponts mĂ©talliques mal rĂ©parĂ©s aprĂšs les guerres balkaniques, des tunnels, un Ă©troit sentier le long des parois, des torrents Ă  passer Ă  la nage
 Les conditions mĂ©tĂ©orologiques sont extrĂȘmement mauvaises au point que Robert David compare cette retraite Ă  celle de la Grande ArmĂ©e perdue dans les neiges de Russie, Villebonne fait Ă©galement la mĂȘme comparaison34. Peu Ă  peu, les soldats allĂšgent le paquetage en abandonnant du matĂ©riel sur le chemin, l’artillerie, faute de chevaux, doit, elle aussi, abandonner batteries et munitions. Les soldats reçoivent l’ordre de ramasser, quand ils le peuvent, tous les troupeaux qu’ils rencontrent et de les guider jusqu’à Demir Kapou pour ne rien laisser Ă  l’ennemi, et de brĂ»ler des villages. 48Les hommes qui franchissent la frontiĂšre aprĂšs Gevgueli sont une armĂ©e de dĂ©sespĂ©rĂ©s ; mais, malgrĂ© la fin du danger, les conditions de leur installation sur le sol grec sont si mauvaises qu’elles ne font pas pour autant cesser leur calvaire. Ils se trouvent dans une zone de marĂ©cages oĂč, pendant plusieurs jours, il pleut sans arrĂȘt ; hommes et bĂȘtes s’enlisent, les provisions disparaissent dans la boue qui s’infiltre dans les chaussures ; perdus dans les marĂ©cages, ils craignent aussi les rĂ©actions nĂ©gatives des Grecs de la rĂ©gion. 35 Villebonne, 1919, p. 146-147. Une dĂ©tresse infinie embrume l’ñme de ces malheureux errants qui depuis trois semaines fuient Ă  travers les cercles de l’enfer balkanique, pour Ă©chouer aprĂšs un dĂ©luge de feu et de mitraille dans l’ordure de ce marais croupissant. VĂ©ritablement on s’interroge anxieusement pour savoir si on pourra dĂ©marrer de ces vases35. 36 Olier & QuĂ©nec’hdu, 2016. Le recensement des hĂŽpitaux militaires installĂ©s pour des blessĂ©s de l’ar ... 37 Julia, 1936, p. 30 et 32. Julia Ă©tait mĂ©decin. 49Dans la mĂȘme pĂ©riode, les survivants de l’armĂ©e serbe sont embarquĂ©s entre Valona et Durazzo, sur des bateaux français ; 160 000 d’entre eux sont convoyĂ©s, une petite partie vers Bizerte, 131 000 vers Corfou36. L’üle apparaĂźt aux soldats français comme une villĂ©giature, une citadelle d’agrĂ©ment », qui a l’aspect féérique de Monaco37 », mais il y a une tragĂ©die derriĂšre cette façade ». Les soldats serbes dont la retraite fut pire encore que celle des Français sont mourants, frappĂ©s par la sous‑alimentation, la dysenterie, le typhus, le cholĂ©ra 38 Ibid., p. 33. On assiste Ă  un dĂ©filĂ© de fantĂŽmes [
] Couverts de loques sordides que perce leur carcasse, n’ayant parfois sur le corps qu’un caleçon de coton et une capote en lambeaux, les jambes emmaillotĂ©es de laniĂšres faites de dĂ©bris raboutĂ©s, les pieds protĂ©gĂ©s par des roseaux, des cuirs et des chiffons bourrĂ©s, ils offrent le spectacle du dĂ©nuement le plus ignominieux [
] ils sont vidĂ©s par la famine, ce ne sont plus des sacs de sang, mais des paniers qui laissent passer l’eau, et leur peau ne les habille point, comme celle des vieillards ; rĂ©tractĂ©e en un parchemin, elle s’use jusqu’à la transparence38. 50Le rapport du lieutenant‑colonel François fait savoir que quand les hommes dĂ©barquent sur l’üle de Vido, on les rĂ©partit en trois groupes 39 SHD, 7 N 2191. Ceux qui Ă©taient condamnĂ©s et qu’il n’y avait aucun espoir de sauver Ă©taient envoyĂ©s au lazaret pour y mourir ; les malades que l’on pensait pouvoir guĂ©rir demeuraient Ă  Vido dans l’attente d’un transport ultĂ©rieur sur Bizerte ; le reste Ă©tait envoyĂ© Ă  Corfou39. 51La reconstitution de cette armĂ©e, Ă  la fin du printemps, aboutit Ă  Ă©quiper 115 000 hommes qui, en mai 1916, sont acheminĂ©s Ă  Salonique. La contre‑offensive alliĂ©e d’Ostrovo Ă  Monastir, aoĂ»t‑novembre 1916 52Cette opĂ©ration voit les alliĂ©s français, serbes, russes reconquĂ©rir les terrains envahis par les Bulgares au mois d’aoĂ»t 1916. Elle s’est trouvĂ©e arrĂȘtĂ©e Ă  deux reprises, face Ă  des retranchements bulgares fortement organisĂ©s, au niveau de deux villages du bassin de Monastir, Petorak, Ă  l’Est de Florina, et KĂ©nali, Ă  Ă©gale distance de Florina et de Monastir. Dans les deux cas, on nous dĂ©crit des opĂ©rations violentes oĂč l’armĂ©e française, sans rĂ©elle protection, part l’arme au poing vers des villages bien dĂ©fendus et ainsi
 le 6 octobre 1916, Ă  KĂ©nali, 800 soldats de la 17e DIC furent tuĂ©s en 10 minutes Ă  12 h, le bilan de la journĂ©e est de 1500 morts français et 600 Russes
 pour un Ă©chec La 17e DI a Ă©tĂ© massacrĂ©e dans des attaques aussi stĂ©riles que sanglantes, insuffisamment prĂ©parĂ©es par l’artillerie et donnĂ©es sur des points les plus forts des lignes de KĂ©nali. Elle y a laissĂ© 100 officiers et 6 400 hommes. Ce qui reste est Ă©puisĂ© [
] rapporte le gĂ©nĂ©ral Cordonnier au gĂ©nĂ©ral Sarrail. 53Ces opĂ©rations concernaient la prise de Monastir et l’installation des Français. La premiĂšre entrĂ©e des Serbes dans la ville avait eu lieu le 19 novembre 1912. La citĂ© est ensuite occupĂ©e par les Bulgares du 4 dĂ©cembre 1915 au 19 novembre 1916. Quand les Français y pĂ©nĂštrent, ils trouvent une ville dont les ressources ont Ă©tĂ© Ă©puisĂ©es ou emportĂ©es par les Bulgares et ils n’ont plus l’élan nĂ©cessaire pour poursuivre au‑delĂ  de 5 kilomĂštres au nord, ce qui fait que Monastir reste, jusqu’en septembre 1918, la cible des artilleurs bulgares. Quand les alliĂ©s reprennent la contre‑offensive, il leur faut 4 mois pour repousser les Bulgares de 26 kilomĂštres, et les Bulgares en partant pratiquent, eux aussi, la politique de la terre brĂ»lĂ©e
 Les dĂ©buts de la grande offensive dĂ©cisive, 15‑30 septembre 1918 40 SHD, 20 N 536. 54Cette offensive rassemble des Français et des Serbes. Les archives du contrĂŽle postal contribuent Ă  remplacer les tĂ©moignages qui manquent. Un rapport du 17 dĂ©cembre 1918 a Ă©tĂ© fait par le gĂ©nĂ©ral Henrys sur l’état matĂ©riel et moral des troupes. Il montre que les combattants qui ont tant souffert n’ont pas pris conscience dans les quinze premiers jours de cette nouvelle offensive qu’ils dĂ©tenaient une des clĂ©s de la victoire. Sur 1 750 lettres lues le 27 septembre, 15 seulement sont enthousiastes, 193 sont optimistes, et 1 095 sont marquĂ©es par l’indiffĂ©rence40, l’armĂ©e ne croit plus Ă  un renversement de situation, il faudra attendre la mi‑octobre pour que les rĂ©actions s’inversent. Il faut dire que les conditions matĂ©rielles ne changent pas, et que la marche sur ÜskĂŒb s’effectue, de nouveau, dans des conditions dĂ©plorables ; ce sont une fois de plus des hommes malades, insuffisamment nourris ils tuent parfois des animaux malgrĂ© l’interdiction, pour manger et avoir de la graisse, mal vĂȘtus, mal chaussĂ©s, on ne peut qu’admirer les quinze enthousiastes » 41 Ibid., un fantassin du 34e RI. Tu n’en croirais pas tes yeux si tu voyais ce pauvre rĂ©giment, une armĂ©e de guenilles, c’est pitoyable, c’est honteux ; les trois quarts des poilus n’ont pas de pompes, d’autres, pas de falzar, souvent ni l’un ni l’autre. HĂ©las, je suis de ceux‑lĂ  ; oui, mon petit, ni tatane, ni fourreau, ni mĂȘme un caleçon, et pour la croĂ»te, cela ne va guĂšre mieux [
] pain moisi. On se dĂ©merde, on vole, on maraude41. 55Il ne s’agit ici que de quelques‑unes des opĂ©rations de la guerre de MacĂ©doine, mais, si l’on fait abstraction des dĂ©tails des combats, les grandes lignes du vĂ©cu des hommes restent identiques. Un manque de connaissances ou de prise en compte des conditions locales a fait que, comme en CrimĂ©e, les Ă©pidĂ©mies ont tuĂ© trois fois plus que le feu, et que le soldat a toujours l’impression d’un sacrifice inutile.

un tirailleur en enfer résumé de chaque chapitre